Les Grecs ne peuvent pas sortir de l’euro mais la BCE peut les virer…
Remarquez bien, je pense que plus tôt les Grecs sortiront de cette galère qu’est devenue la zone euro, mieux ils se porteront et plus vite leur pays se redressera.
Mais ce n’est pas une raison pour laisser les dirigeants européens s’abriter d’une manière totalement cynique derrière le respect des traités signés alors qu’ils savent très bien que la BCE a le pouvoir de leur couper les vivres. Il est temps que cesse cette sinistre plaisanterie.
Soit on aide les Grecs comme on l’a toujours fait, soit on leur souhaite bonne chance et nous avons dans ce cas le devoir moral de les aider à quitter proprement la zone euro.
On exige de n’importe quelle entreprise un accompagnement des personnels licenciés et il devrait en être de même pour les pays. Si on considère, comme cela semble être le cas, qu’ils sont une charge trop lourde pour les pays de la zone euro, qu’on leur dise mais qu’on ne les tuent pas. Leur situation devient sans issue. D’un coté, on ne veut plus les financer en raison de leur mode de vie jugé « trop cigale » mais on ne veut pas non plusqu’ils partent parce que tout le bazar risque d’exploser en vol. Que c’est beau, cette solidarité entre Etats !
Alors, chacun regarde le bout de ses chaussures et attend que la BCE fasse le sale boulot …
Et on voudrait faire un Etat fédéral sur des bases comme celles-là ?
Tout le monde (ou presque) savait que les comptes présentés par la Grèce étaient « bidon » tout comme l’étaient les ressources déclarées des emprunteurs classés « subprime (1)»
Cela n’a pas empêchée son accueil avec fanfare et flonflons dans cette autoroute sans sortie qu’est devenu l’euro.
Le pire, c’est que la plupart des économistes sont persuadés qu’à terme, les chances de survie de l’euro sont quasiment nulles. Pour survivre, l’euro à besoin du fédéralisme européen.
Plus le temps passe et plus la perspective de ce fédéralisme s’éloigne. Plus le temps passe et plus les pays de la zone s’endettent. Plus ils s’endettent et plus les dettes deviennent difficiles à mutualiser, donc plus la mise en commun, préalable indispensable au fédéralisme, devient improbable.
Seulement voilà ; admettre l’échec de l’euro, c’est réduire à néant la construction européenne telle qu’elle s’est faite depuis plus de 40 ans. Finies les rentes de situations, les statuts de fonctionnaires internationaux et tout le toutim.
Finie également la grande négociation « en catimini » du futur traité euro-atlantique, et ça, ça ne passe pas.
Voila les termes du dilemme. Alors, me direz-vous avec raison : « Et les peuples, dans tout çà ? »
Et bien, nous continuerons à regarder, nous aussi, le bout de nos godasses, du moins tant que nous aurons encore des chaussures…
(1) La clientèle « subprime » était ainsi désignée par les banques américaines qui avaient établi un classement de la population en regard de la capacité de remboursement des gens.
Les « subprime » étaient qui ne pouvaient rien rembourser ou très peu, ce qui fait qu’ils ne
pouvaient rien acheter. Des petits génies de la finance ont inventé des produits titrisés (sorte de lasagnes dans lesquelles on glisse en douce de la viande de cheval à la place de celle de bœuf) qui ont permis à ces populations d’obtenir des crédits, notamment pour acheter leur logement. Cela a créé une gigantesque « bulle immobilière » Bien entendu, les taux d’intérêts, relativement faibles au départ, ont augmentés considérablement et les emprunteurs ont fait défaut. La bulle du marché de l’immobilier a alors explosée et c’est tout le système financier mondial qui a failli suivre le même chemin…
Jean Goychman