En Guyane, on fusille au mur des cons damnés.
Le comportement d’Anne Sophie Leclère, condamnable ! Le Front national l’a condamné et a même exclu la militante. Une fois d’accord sur le principe, se pose la question du châtiment, de sa pertinence, de sa justesse, au sens de justice. Méritait – elle d’aller pour 9 mois en prison, Anne Sophie ? Il y a peu de temps, le tribunal de Verdun a condamné …un délinquant à six mois de prison ferme pour le viol de sa propre fille âgée de moins de trois ans, même peine prononcée par le tribunal de Nice en janvier dernier pour le viol d’une jeune femme handicapée… (Source IPJ)
Les adeptes évangélicocosocialos de la contrainte pénale, de la suppression des courtes peines, de l’individualisation, se congratulent de l’application stricte du Code pénal. On devrait donc, même pour les primo délinquants, appliquer la loi dans toute sa sévérité textuelle, sans égard à aucune circonstance. Plus d’excuse de « potacherie » pour le mur des cons ; plus d’excuse de la jeunesse et de l’inexpérience pour l’antisémite socialiste de Vaulx-en-Velin ; plus de prétexte de l’humour pour Ruquier et ses excréments politiques… On verra ? Si la règle rigide s’applique à tous les délinquants, on entre dans une aire répressive rarement vue depuis le bagne.
Quelle que soit la colère légitime que cette injure provoque, la sanction, le contexte, et les attendus du jugement relèvent de la disproportion, du « deux poids deux mesures », de la camisole pénale juridique politique.
La peine ?
Qui peut admettre qu’elle est raisonnable, même si la sanction s’imposait ? À part quelques sanguinaires du code qui oublient leurs sermons sur la réinsertion, l’individualisation des peines, la contrainte pénale, la vision hugolienne, personne ! À part quelques UMP, Ciotti, Estrosi, qui miaulent avec les loups pour se vacciner contre leur trouille politique, personne ! Au passage, ils pourraient s’occuper de l’adjointe UMP de la Grande Motte qui a comparé madame Taubira a un… devinez ? Voir l’express.fr L’élue est toujours en place.
Je n’aurais pas défendu madame Leclère en première instance; en appel, si je le pouvais, je le ferais! Parce que s’abat sur elle une sanction disproportionnée, ce qui n’enlève rien à l’odiosité de son acte, mais le situe dans une répression incompréhensible, injuste, politique, en comparaison des sanctions prononcées dans d’autres affaires d’atteinte aux personnes et aux biens. On est dans la justice politique ! Dans le pouvoir de punir ! Je n’aime pas, mais pas du tout la libido dominandi. Le pouvoir des maîtres.
Le contexte ?
Est-il neutre que l’affaire soit jugée à Cayenne, même si c’est légal ? Tout le jugement est empreint d’un particularisme avoué dans le jugement.
Qui peut feindre d’ignorer l’impact de madame Taubira sur la Guyane ?
Est-il normal que l’association Walwari à l’origine de la plainte ait été créée par madame Taubira ?
Que son adresse soit celle de sa permanence parlementaire ?
Que sa fille en soit la présidente ?
Quelle que soit l’infraction, entre le fort et le faible, quel qu’il soit, je choisis le faible qui n’a pu trouver d’avocat sur place et qui doit se ruiner pour se rendre devant ses juges. Tout a été fait, tout, pour défavoriser ce justiciable.
Le jugement ?
Hallucinant, pour un juriste formé à l’examen des éléments constitutifs de l’infraction ; on a du mal à s’en remettre d’aplomb.
« Le fait d’assimiler une personne, quelle qu’elle soit, à un animal constitue une injure faite à l’humanité toute entière. », proclame le jugement. Pauvre Lafontaine, au bagne ! Jean Roucas a du pot de ne plus faire le bébête show, sinon il finirait avec Collaro en prison pour délit de grenouille, de cochon et de bouc ; son affaire serait d’autant plus vite expédiée qu’il a rejoint Marine.
Sur le plan moral, philosophique, on peut admettre cet attendu, mais sur le plan juridique, créer l’injure planétaire offre à l Ardennaise un champ d’extension cosmique qui relève d’un subjectivisme judiciaire incontrôlé. Le tribunal de Cayenne invente le concept pénal d’injure universelle ! Le principe de la légalité des délits explose au-delà des frontières du modeste Code pénal pour embrasser la totalité des mondes ! L’hyperbole judiciaire fait rarement bon ménage avec le bon sens judiciaire.
« L’outrage à l’égard des personnes noires, mais au-delà, à toutes les races et donc à toute l’humanité est particulièrement violente. » (sic), poursuivent les juges. Sauf erreur de retranscription, le tribunal ignore la grammaire… l’outrage est violent, pas violente ! À moins que l’on ne soit déjà dans la théorie du genre… grammatical… Le tribunal ignore aussi que le mot race ne doit plus être employé…
L’outrage, non puni pénalement, à notre pauvre syntaxe, continue…
« Qu’elle va, (l’outrage !) bien au-delà des assimilations entre immigration et délinquance habituellement réprimés par ce type d’infraction (depuis quand une infraction réprime ? ) en particulier dans un territoire comme la Guyane, ayant été marqué par l’esclavage, caractérisé par l’assimilation par le code noir des « nègres » à des biens meubles ou du bétail, il est évident que ce type d’insinuation (sic) « justifiée » par une homochromie (resic) de la peau ne peut que raviver les souffrances des descendants d’esclaves. » Que vient faire le mot homochromie… qui s’applique au caméléon…
Cet attendu suffit à lui seul à démontrer la nécessité d’un dépaysement du procès puisqu’il avoue un particularisme local par le « en particulier dans un territoire comme la Guyane ». Il expose un particularisme historique, émotionnel, inflammatoire dans l’appréciation des faits d’injure. Au demeurant, sur le plan de l’histoire des souffrances humaines, c’est tout à fait vrai, raison de plus pour essayer de juger dans les limites de l’infraction. Voilà « l’injurieuse des Ardennes » affublée d’une extension culturelle dont je doute qu’elle soit consciente. A elle seule, dans son injure, elle déploierait les horreurs de l’esclavage, du code noir, de la colonisation! A ses côtés, sur le banc d’infamie, invisibles, Louis XIV, Colbert, de Seignelay, Napoléon III, l’Histoire, la France coloniale, esclavagiste! On chavire de la toque, on titube du glaive, on flotte de la balance! La justice par le truchement d’une petite justiciable de Rethel, 7718 habitants, enfourche la machine à juger le temps, à exhumer les fantômes répréhensibles des siècles passés. Franchement, à votre avis, cette justiciable connaît-elle le code noir ? Agit- elle en complicité avec Colbert ? En veut-elle à l’humanité ? Donner tant d’importance à la « connerie » dessert la lutte contre le racisme et l’idée de justice.
Autre attendu significatif du sens de l’humour temporal des juges intemporels.
« Cette attaque frontale à la dignité de l’homme justifie une sanction. » Évidemment, elle ne pouvait être que frontale, l’attaque ! (Je souligne) Ils ont eu le front de l’écrire, aucune gêne, quand on a de l’humour judiciaire, il faut le montrer. Tant d’hostilité à l’égard d’un parti républicain est – elle acceptable ?
Autre attendu anti- front : « Qu’il est évident que l’infraction commise par madame Leclère aurait eu un retentissement sans commune mesure si elle n’avait pas été candidate du FN aux élections de Rethel. » Donc, le fait d’appartenir au FN est une circonstance aggravante… Une circonstance retentissante sans aucune mesure ! Appartenir au Front amplifie tout ! Il faudrait rappeler aux juges de Cayenne qu’un juge ne doit pas faire de politique dans ses jugements. C’est pourquoi, en revanche, l’élu socialiste de Vaulx –en- Velin, bénéficiant de la circonstance atténuante de sourdine socialiste, n’est pas inquiété pour ses propos racistes. Et tous les autres qui se sont vautrés dans la caricature simiesque : Charlie Hebdo, par exemple.
Mortel mortier judiciaire que ce jugement ! Il va jusqu’à mettre à charge du prévenu le fait que Jean Marie Le Pen, déjà condamné pour injures racistes, dixit le jugement, est président d’honneur du mouvement honni. Donc Madame Leclère écope du casier judiciaire de l’ancien. C’est la première fois que je vois un jugement faire une transfusion de casier, mettre à charge contre un justiciable son appartenance politique, le « passé » du président d’honneur, pour l’accabler. On voyait cela dans les régimes totalitaires sous la haute présidence du juge suprême Staline ou Mao, Castro ou Franco !
Cette sévérité serait justifiée par le caractère exemplaire des peines. C’est dans le Code ! Les commentateurs bien-pensants, pas nombreux, s’extasient devant l’exemplarité… Pourquoi l’exemplarité s’imposerait- t-elle ici est pas ailleurs ? Pas à Dieudonné, par exemple… Pas à Charlie Hebdo, Pas à l’élue UMP, Pas à l’élu de Vaulx – en-Velin… Pas à Domenach qui compare Lagarde à un Lévrier… Pas à Ruquier qui compare Marine Le Pen à un étron… Vous me direz, un étron, n’est pas un animal ! La lecture de ce jugement qui, au bout de ses motifs, tire sur 9 mois de vie pour les anéantir, fait peur, fait froid dans le mur des cons damnés du mur de Guyane. Madame Leclère, je n’accepte pas ce que vous avez dit, mais vous ne méritez pas cette dureté !
Gilbert Collard, Député du Gard.