Jean Goychman – Jamais un si grand nombre…
Au lendemain de la bataille d’Angleterre, Churchill avait déclaré :
« Jamais, dans l’histoire de l’Humanité, un si grand nombre d’hommes ont contracté une telle dette envers si peu ! »
Le peuple Grec, en votant massivement « non » au référendum qui lui était proposé, vient de rendre un éminent service à tous les démocrates des peuples européens. Pourtant, tous les moyens avaient été mis en œuvre pour tenter de dissuader les électeurs grecs. Ce soir, bien sûr, nous ne sommes pas tous grecs, mais tous ceux qui sont épris de justice et de liberté peuvent le ressentir comme tel, ne fut-ce qu’un instant,
Ce pays, dévasté par plusieurs années par une politique d’austérité aussi injuste qu’inutile, a su trouver en lui-même suffisamment d’énergie pour tenir tête à toute l’oligarchie européenne, bien décidée à lui réclamer, tel le Marchand de Venise de Shakespeare , sa fameuse « livre de chair » Certes, la Grèce est loin d’être tirée d’affaire, économiquement et financièrement parlant. Mais le fait est là, elle a gagnée. C’est maintenant aux responsables européens qu’il incombe de ce sortir de ce guêpier dans lequel ils se sont mis.
Et ils n’ont pas beaucoup de possibilités. Soit ils coupent les robinets financiers, en trouvant un moyen juridique qui, apparemment n’existe pas et ils expulsent la Grèce hors de l’Union Européenne en lui imposant de recréer sa propre monnaie, car lui faire quitter l’UE est le seul moyen connu de lui faire quitter l’union monétaire, ou bien ils ne peuvent qu’accepter ses conditions. Cette Europe a été tellement mal construite par des technocrates qui ont essentiellement pensé et agi à l’insu des peuples qu’ils étaient censés servir qu’ils n’ont rien prévu pour résoudre le moindre conflit avec un peuple, sans même parler d’un cas de divorce.
Or, faire sortir la Grèce de la zone euro, c’est mettre par terre le mythe de l’irréversibilité de cette monnaie. Et puis, c’est tirer une croix sur la fameuse dette grecque, dont l’origine est pour une grande partie discutable1 et enfin, c’est prendre le risque de constater que la Grèce se redresse mieux avec sa propre monnaie qu’avec l’euro. On peut le penser car, et c’est un fait, la plupart des pays de l’UE qui ne sont pas dans la zone euro ont plus de croissance et sont moins endettés que ceux de la zone. C’est justement cette démonstration que les gens de l’Eurogroupe voulaient à tout prix éviter.
Quant à « restructurer la dette grecque », terme employé pour dire plus prosaïquement qu’on va s’asseoir dessus, au moins pour une bonne partie, ça risque de faire des envieux…
Bref, comme vous pouvez le voir, ce n’est pas du gâteau. Bon, on ne va pas les plaindre, ils l’ont quand même un peu cherché. Et quand j’écris « un peu » j’euphémise. Car Junker qui, non content d’avoir asséné la prééminence des traités européens sur la démocratie, en remet une couche en s’introduisant par effraction dans la maison grecque en recommandant aux occupants de voter « oui » La fine psychologue qu’est Arlette Chabot ne s’y était pas trompée en faisant remarquer que c’était une méthode imparable pour pousser le « non ». Et notre ami Schulz, président du Parlement Européen, qui ne prévoyait rien de moins que la destitution de Tsipras et la mise en place d’un gouvernement de technocrates (j’allais dire d’ « occupation ») en Grèce, a également apporté sa pierre à l’édifice.
Tout ce qu’ils ont réussi à faire, c’est de mettre l’Europe dans une impasse. Car, dans ce système pervers tel qu’il a été conçu, on voit bien que l’opinion des peuples n’a aucune place. Et s’ils ne sont pas d’accord entre eux, ce qui risque fort d’être le cas, il n’y a aucun mécanisme qui puisse s’interposer. Bâtie sur une vision purement technocratique, cette Europe qui se voulait unie risque en fait de se désunir parce qu’on littéralement enchainé les Etats entre eux en négligeant ce petit détail que représente la voix d’un peuple.
Évidemment, nous, on ne saura rien de tout ça. Ils continueront à nous dire que « Tout est sous contrôle » et « Dormez tranquilles, braves gens, nous nous occupons de tout » ce qui, soit dit en passant et compte-tenu de ce qui précède, n’a rien de vraiment rassurant.
Il y a quand même une question qui me turlupine. Pourquoi Mario Draghi, lorsqu’il a décidé de lancer la BCE dans ce gigantesque programme de rachats d’actifs (qui signifie en réalité des rachats de dettes publiques) a-t-il exclu apriori la Gréce, ce qui aurait peut-être permis de soulager quelque peu la pression financière. Prévoyait-il déjà ce qui allait se passer ?
Voilà donc une situation intéressante. J’avoue une certaine impatience à voir comment les médias vont nous présenter la situation à partir de maintenant.
Pour ma part, cela me fait penser à une phrase qu’on entendait souvent dans l’armée américaine et qui peut se traduire par :
« Situation normale, tout a foiré ! »
1 Voir le documentaire publié sur la chaine Arte : « Puissante et incontrôlée, la Troïka »
Jean Goychman
Jusqu’où s’arrêteront ils donc? Ces laboureurs au profit de la grande finance que sont les politiques LRPS. Est ce qu’une fois, une seule, ces pantins de la RÉPUBLIQUE non républicains mais despotes dictateurs, oseront se pencher réellement sur les problèmes de leur propre PEUPLE. Leur propre NATION qu’ils ne respectent pas! Quand on connaît leur trajectoires finalement il n’y a pas de quoi s’étonner ! Ce ne sont que des TPMG ( Tout Pour Ma Gueule). Le seul vrai chef d’État que la FRANCE ait réellement connu était DE GAULLE, malgré le fait que ce soit lui qui ait ouvert les robinets de l’immigration avec les accords d’EVIAN alors que la guerre d’Algérie était gagnée! Mais respect quand même! A votre tour de l’être MARINE!
Parler de l’héroïsme grec est peut-être un peu exagéré. Ils ne veulent pas payer ce qu’ils ne peuvent pas payer, ce qui est assez normal. Les Grecs ont leur façon de vivre, incompatible avec celle de nombreux pays européens, mais ne s’en sortent pas si mal, mieux que nous en tout cas, quand ils vivent leur vie comme ils veulent. L’enseignement que je retire de cette affaire, c’est que chaque peuple doit vivre à sa manière, ce qui exclut toute interviention extérieure, que ce soit l’Europe ou le FMI. Il faut laisser les monnaies s’ajuster entre elles.