Jean Goychman : La France, mauvaise élève de l’Europe
Voila plusieurs fois que j’entends cette phrase :
« La France ne se réforme pas, elle n’est plus dirigée, les politiques n’entreprennent que des réformettes » Puis vient invariablement, en appui du propos : « vous comprenez, tous les autres pays ont fait des réformes, l’Allemagne en premier, mais aussi l’Espagne (celle-là, c’est un peu la « chouchou » des orthodoxes européistes et néolibéraux) voire le Portugal.
Je remarque que, comme ça chauffe en Grèce en ce moment, on en parle plus trop coté réformes…
En clair, il est temps que les français souffrent vraiment, qu’ils comprennent enfin qui sont les patrons et surtout, qu’ils sachent bien qu’ils ne vont pas s’en tirer comme ça.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, en ce qui me concerne, je serais assez partisan de dire à ceux qui tiennent de tels propos que, nous, peuple français, nous n’avons rien demandé à personne et que, si Maastricht est passé de justesse, le référendum de 2005 exprimait clairement de notre part un rejet de cette Europe telle que ses dirigeants, qui ne sont pas élus par nous, veulent la faire.
Notre Constitution, qui est notre loi fondamentale, prévoit que la souveraineté appartient au Peuple Français, et qu’il en a l’exclusivité. Bien sûr, nous imaginons parfaitement la teneur des conversations sous les lambris dorés de la République, du style « oui, d’accord, l’article premier de la constitution dit cela, mais seuls les imbéciles et les mal comprenants peuvent le croire. Nous qui sommes l’élite, qui avons lu Machiavel, savons comment les endormir… »
Et bien, non, mesdames et messieurs, une élection n’est pas un saut à la perche et il ne suffit pas de passer au dessus de la barre sans qu’elle tombe. Etre élu ne confère pas un pouvoir absolu dans le temps et cette élection ne saurait vous libérer, contrairement à ce que croient beaucoup d’entre vous, des engagements pris durant la campagne qui la précédait. Le fossé qui est en train de se creuser entre vous et les électeurs provient de ce double langage qui s’est institutionnalisé au fil du temps. Oui, le vote devient un moyen de protestation. Mais qu’attendiez-vous d’autre ? Encore heureux que ce vote puisse s’exprimer car il vous mettra probablement à l’abri des excès de la fureur d’un peuple qui se sent trahi.
Alors voilà ; le recours au référendum étant écarté d’office pour cause de désaveu probable, ce qui serait pourtant la seule « épreuve de vérité » indiscutable, il faut donc durer en ne faisant rien (ou presque) tout en donnant l’illusion qu’on va faire quelque chose. En gros, imiter le mime Marceau qui donnait l’impression de marcher en faisant du surplace. Cette situation devient impossible au fil du temps car les seules décisions qui risquent de rencontrer un soutien populaire sont justement celles dont nos dirigeants politiques actuellement au pouvoir ne veulent à aucun prix. Ils ont des interdits manifestes, tels que sortir de l’euro et quitter l’Europe, sujets qu’ils ne veulent même pas aborder. Quant à ceux qui ont récemment quitté le pouvoir et voudraient bien le retrouver, ils sont sur la même ligne.
Alors, que faire ? Il se peut que quitter l’euro ou l’Europe telle qu’elle est ne soit pas une bonne décision concernant l’avenir du peuple français, mais qui en définitive, doit-en décider si ce n’est le peuple lui-même ?
Si nous sommes entrés dans la zone euro par voie de référendum, notre maintien dans celle-ci ou notre sortie doit passer par le même moyen juridique. Le résultat du dernier référendum, celui de 2005, était pourtant clair. Ce n’est pas parce que le peuple ne s’est pas révolté au moment de la ratification du traité de Lisbonne en 2009, qu’il a pour autant accepté de se voir bafoué. L’échec de Nicolas Sarkozy à sa réélection en 2012 trouve là une de ses raisons profondes.
L’adage du « qui ne dit mot consent » ne vaut pas pour les peuples. Ils peuvent rester muets pendant un certain temps pour agir le moment venu. Dans ce contexte, les intentions de vote pour Marine Le Pen et les idées qu’elle incarne ne peuvent qu’aller grandissantes. L’actualité justifie un peu plus chaque jour l’urgence qu’il y a à reprendre le contrôle de notre monnaie, ce qui nous permettrait d’échapper aux intérêts d’emprunt pour financer nos dépenses publiques. Que nous dit-on sur ce sujet : « vous n’y pensez pas, ce serait une folie, le retour au franc amènerait une dévaluation qui ruinerait les français et l’inflation serait phénoménale ! »
De qui se moque-t-on ?
L’euro a perdu près de 25% de sa valeur par rapport au dollar depuis 2009, tout le petit monde économico financier se réjouit à la pensée que la BCE va encore faire marcher la planche à billets et fabriquer de toute pièce des centaines de milliards d’euro, et nous, si nous faisions la même chose, ce serait catastrophique ? Si nos industriels qui exportent encore leurs produits hors de nos frontières se félicitent de la baisse de l’euro qui va rendre leurs produits plus compétitifs, on voit mal pourquoi ils ne se féliciteraient pas aussi de la dévaluation d’une monnaie redevenue nationale.
En réalité, le mal est beaucoup plus profond. Il résulte essentiellement du changement de nature de la monnaie qui s’est opéré progressivement depuis plus d’un siècle. Je suis effaré de voir le nombre de gens qui pensent encore que les monnaies sont adossées à l’or-métal*. La monnaie, par essence même, aurait du rester économiquement neutre. Elle était censée faciliter les échanges commerciaux entre les acheteurs et les vendeurs, quels qu’ils soient. Ce n’était qu’une représentation commode incarnant une valeur donnée, plus universelle que le troc. Le malheur est venu de l’abandon de cette parité-or qui a transformée les monnaies en marchandise, et comme telles soumises aux lois du tout-puissant marché.
Conséquence de cette double nature, le système est devenu instable et pratiquement impossible à piloter. C’est une sorte de tableau à entrées multiples, c’est-à-dire que plusieurs phénomènes peuvent agir simultanément sur la valeur de la monnaie. On arrive ainsi à ne plus pouvoir rien maîtriser, et tous les remèdes connus échouent les uns après les autres à redresser la situation**. Ne pouvant plus ajuster le cours de leurs monnaies nationales par dévaluation ou réévaluation, les dirigeants économiques de la zone euro ont dû trouver d’autres variables d’ajustement pour que les entreprises redeviennent compétitives, c’est-à-dire puissent exporter leur production à l’étranger. Ne pouvant pas jouer sur les coûts de matière première ni sur les marges commerciales, il ne restait guère que les salaires.
Pour illustrer ce double aspect du rôle de la monnaie, regardons ce qui se passe avec le carburant. Le prix du baril baisse et l’essence est moins chère. Il y a quelques mois, l’euro s’était apprécié par rapport au dollar et le carburant, issu du pétrole négocié en dollars, avait baissé également. Pour le consommateur, il n’y a pas de différence. Ainsi donc, tous les efforts de compétitivité que nous faisons peuvent être anéantis par une simple spéculation sur la monnaie. On va chercher un maximum de compétitivité, ce qui va améliorer la balance commerciale et donc renchérir l’euro à un moment ou il devrait baisser. En gros, moins nous allons gagner et plus cher sera l’euro, et moins nous serons compétitifs…
Plus cher sera l’euro et plus le poids de la dette sera importante. Voici donc la situation paradoxale dans laquelle nous nous trouvons pour le plus grand bénéfice des marchés financiers.
Lorsqu’on nous dit que si nous quittions l’euro, nos taux d’emprunts seraient prohibitifs, c’est une affirmation gratuite. Les spéculateurs gagnent beaucoup plus d’argent en jouant sur les changes des marchés de devises que sur la perception des intérêts. Le cours des devises les unes par rapport aux autres s’ajustent constamment et parfois violemment, non pas en raison des taux d’emprunts, mais des mouvements de capitaux sur des marchés incontrôlables et qui peuvent se faire en quelques millisecondes et rien ne permet de dire que le franc serait boudé par principe alors que le pays est considéré comme un des plus riches par habitant.
Non, notre pays n’est pas plus « mauvais élève » qu’un autre, simplement notre système de protection sociale issu du Conseil de la Résistance de 1944, lui, est nettement meilleur que les autres et pourrait finir par donner des idées aux peuples voisins. Cela est insupportable pour les néolibéraux dont la doctrine est de faire disparaître l’Etat-providence pour confier à des sociétés privées cette manne des dépenses sociales. Un tel contre-exemple, s’il perdurait, risquerait d’anéantir tous leurs espoirs. Pour cela, il faut couper les financements de l’Etat, donc couper dans les dépenses publiques en agitant le spectre d’une dette publique qui ne peut que croître exponentiellement.
Remarquons bien qu’aux Etats-Unis, parangon du « tout-privé » (y compris la Réserve Fédérale) la dette publique est néanmoins supérieure à 18.000 milliards de dollars, soit environ 2 fois plus par habitant que la dette française…
Jean Goychman
*L’or-métal, quelquefois appelé « or-physique » s’oppose à l’or-papier, terme qui était en usage lorsque les billets émis par les banques centrales pouvaient être échangés contre de l’or. Hélas, un certain nombre de banques centrales avaient émis plus de billets qu’elles ne possédaient d’or dans leurs réserves, ce qui rendait la conversion impossible et impliquait l’abandon de la parité, rendant ainsi les monnaies « flottantes » entre elles et donc en proie à la spéculation.
**Le fameux crédit de compétitivité (CICE) destiné à « sortir de l’ornière » aura moins d’effet qu’un seul centime d’euro de baisse par rapport au dollar et il est à craindre que le Pacte de Responsabilité ne soit guère meilleur.
Bonjour,
Non, ça ne « chauffe » pas en Grèce. Ici il se passe la même chose que dans toute l’UE : les politicards – qui ne sont pas des politiques, je l’explique en détail dans mon nouveau livre que j’écris en grec « l’Ordre hellénique mondial » qui sera traduit dans plusieurs langues – manigancent entre eux des combines destinées uniquement à leur enrichissement personnel avec la complicité des médias et des lobbies financiers/commerciaux. Donc ce que l’on sait de chaque pays, c’est ce que diffusent les médias mafieux. Ici en Grèce par exemple, les simples citoyens croient que les Français roulent tous sur l’or… On vit très bien en Grèce : 9 Grecs sur 10 sont propriétaires sans crédit, 2 Français sur 10, un Allemand sur 10. Ladite crise grecque est une propagande de la mafia UE-MM-banques pour affaiblir ;oralement la population. çà ne marche pas. Une équipe de chercheurs dans tous les domaines de l’hellénisme dont je suis le seul membre étranger est en train de réhabiliter les valeurs fondamentales de l’hellénisme qui ont été usurpées et déformées par cette mafia. Meric pour votre patriotisme et votre clairvoyance, je vous suis sur Twitter et Facebook.
désolée pour les quelques fautes, mon clavier est grec/anglais…