Jean Goychman : Avis de tempête sur l’océan de la finance
Avis de tempête sur l’océan de la finance
A entendre tous les experts qui viennent nous porter la bonne parole, nous sommes quasiment tirés d’affaire. Les bourses montent, les indicateurs repassent au vert, bref, braves gens, sortez de la sinistrose, oncle Mario (Draghi) nous a sorti de l’ornière. Bien sûr, tout n’est pas encore complétement réglé, et il faut encore faire quelques efforts. Une dernière petite tranche d’austérité, comme çà, pour la route, un peu de code du travail en moins et nous serons remis complètement à flot et prêts pour atteindre cette fameuse croissance qui nous redonnera emplois, prospérité et confiance dans l’avenir.
Nous, on demande pas mieux ! Sauf que ce coup-là, ça fait trente ans, que dis-je quarante ans qu’on nous le fait. Alors, forcément, on a du mal à y croire. D’autant plus que certains tiennent un discours un peu différent. Prenez Jamie Dimon, par exemple. Je ne le connais pas personnellement, mais je sais qu’il est patron de la banque JP Morgan Chase. Il doit quand même être un peu concerné. Eh bien, il a sorti il y a quelques jours un truc dans sa lettre à ses actionnaires qui ne va pas tout à fait dans le même sens que nos bons augures.
Il prédit une prochaine crise financière, d’une ampleur supérieure à celle de 2008 dont –soit dit en passant- nous ne sommes pas encore sortis. Ses raisons méritent quand même qu’on s’y attarde un peu.
D’abord, les signes « avant-coureurs » : une volatilité1 des marchés boursiers ainsi qu’une grande rapidité à estimer les amortissements2 qui peuvent produire des effets catastrophiques car l’ensemble peut devenir très instable. Ensuite, la fragilité du bilan des banques centrales comme la FED, la banque du Japon ou encore la BCE. Elles ont toutes émises des quantités invraisemblables de monnaie, ce qui a permis aux banques commerciales de « nettoyer leurs bilans » notamment en échangeant cette monnaie contre des « dettes souveraines3» dont nombre d’entre elles sont problématiques. On en a vu le parfait exemple il y a peu de temps en zone euro lorsque la BCE a mis en route une création monétaire (appelée gentiment « quantitative easing ») de plus de 1000 milliards d’euros en imposant aux banques centrales locales de racheter leurs propres dettes nationales).
Enfin, le problème des « actifs titrisés » en clair, des mélanges plus ou moins détonants de prêts saucissonnés dont le montant total dépasse les 700.000 mille milliards de dollars (oui, vous avez bien lu, il s’agit de sept cent mille milliards, soit 100.000 dollars en moyenne par habitant de la planète), somme qui représente environ 10 fois le PIB mondial et dont personne ne sait exactement qui détient quoi…Rappelons simplement qu’en 2008, le montant de ces produits s’élevait à 500 000 milliards dollars et que tout le monde réclamait à cor et à cri la mise en place urgente d’une réglementation des marchés financiers. On voit là le résultat !
La situation est donc potentiellement explosive et de plus, quoi qu’on en dise, cette masse énorme de liquidités ainsi créée par les banques centrales n’irrigue absolument l’économie réelle. Elle ne parvient pas jusqu’au entreprises qui pourraient ainsi financer des projets dont on pourrait espérer qu’à terme ils fassent repartir la machine économique. Alors, que se passe-t-il ?
Les banques, se trouvant mises hors de danger en ayant « fourguées » leurs dettes souveraines n’ont pas envie de reprendre le moindre risque, car il est une évidence que prêter de l’argent à une entreprise industrielle peut présenter un risque. En général, l’importance du risque est compensée par le montant des taux d’intérêts perçus par les prêteurs. Seulement voilà, dans le cas actuel non seulement l’argent est créé massivement par les banques centrales, mais en plus le taux d’intérêt directeur4 est pratiquement nul. Les banques n’ayant plus de motivation à fournir de l’argent aux industriels, (ni aux particuliers, d’ailleurs) ont trouvé d’autres façons plus rémunératrices et plus rapides de s’enrichir encore en allant replacer leurs liquidités sur les marchés boursiers. C’est pour elles doublement juteux. Les marchés devenant « acheteurs permanents » sont tous en forte hausse et les banques espèrent ainsi créer une sorte de mécanisme d’entrainement visqueux qui va ramener l’épargne des particuliers vers eux. La hausse généralisée qui en découle favorise encore les actifs détenus sous forme d’actions et les titres des banques elles-mêmes grimpent fortement, ce qui les enrichit encore.
Ce mécanisme auto-entretenu ne provoque pourtant qu’une sorte de mirage que les financiers appellent une « bulle » Et cette dénomination imagée est bien conforme à la réalité. Nous avons tous vu ces bulles de savon aux couleurs de l’arc en ciel qui enflent démesurément lorsqu’on souffle à l’intérieur. Leur seul défaut est de ne pas durer très longtemps et de se fragiliser au fur et à mesure qu’elles grossissent. Et lorsqu’elles éclatent, il n’en reste plus rien. Dans le cas des marchés financiers, cela se traduit généralement par des monceaux de ruines et un océan de dettes.
Mais toutes les banques ne sont pas logées à même enseigne. Les premières à « quitter les marchés » s’en sortent mieux que celles qui ont trop tardé. Une sorte de consensus semble réunir un certain nombre de responsables des institutions financières internationales, comme Christine Lagarde, pense que le danger le plus important vient du marché obligataire européen. Ce marché représente aujourd’hui à lui tout seul plus de 100 000 milliards de dollars,(il a augmenté de 30 000 milliards de dollars depuis 2007) soit environ 50 fois la dette publique française. De plus, ce montant déjà colossal continue d’augmenter par le fait que les sociétés américaines, profitant des taux quasiment nuls en Europe, profitent de cette aubaine pour refinancer leurs dettes.
Le danger le plus immédiat vient probablement du marché obligataire. Il constitue le moyen d’accès que ce système de banques centrales, indépendantes des Etats et chargées de contrôler la monnaie de leur zone, ont réussi à imposer pour que les établissements financiers privés financent contre intérêts les dépenses publiques des Etats. Alors, il y a quelque chose de dérisoire entre la position dogmatique de certains dirigeants politiques européens voulant continuer à imposer l’austérité budgétaire à des pays qui sont déjà agonisants et ce cyclone financier qui nous menace de plus en plus et qu’apparemment rien ni personne ne pourra empêcher.
1 La volatilité des marchés se traduit par des mouvements rapides de hausse et de baisse de l’ensemble des cours, souvent durant la même séance
2 La durée d’amortissement d’un bien est le temps minimum durant lequel on doit l’utiliser pour qu’il soit rentabilisé, c’est-à-dire qu’il ait rapporté au moins autant qu’il n’a coûté à l’achat.
En comptabilité, les règles d’amortissement sont fixées par les pouvoirs publics.
3 Les dettes souveraines sont les dettes faites par les Etats pour financer le surcroît des dépenses publiques lorsqu’elles dépassent les recettes (impôts, taxes, etc)
4 Le taux directeur est fixé par la banque centrale (BCE pour la zone euro) Il permet de ralentir ou d’accélérer l’activité économique. Un faible taux favorisera les emprunts (immobilier, voitures, etc) alors qu’un taux plus élevé les freinera.
En outre, un taux directeur élevé augmentera le cours de la monnaie car les investisseurs étrangers s’en porteront acquéreurs, à condition qu’ils aient confiance.
Jean Goychman
ce n’est pas du tout votre cas mon cher Gilbert bien au contraire mais je voulais souligner pour qui vous savez!!!!
Comment se faire remarquer si je suis un politique!
deux écoles:
Soit les médias parle de moi par ce que je suis au top du moment et je n’ai pas besoin de faire le buzz!
Soit on ne parle pas de moi pour x raisons et je colle à ceux qui font le buzz pour rameuter les bobo de journalistes en choquant par n’importe quoi!
C’est bien c’est ce que font nos politiques qui souhaites ce faire connaître ou reconnaître! Comme on nous le fait étudier en école de journalisme et autre de communication! pour se faire voir il faut faire le buzz et coller au moment qui à être dénigré et cela marche à 100%. Par contre si nous les sans dents nous ne parlions pas de ceux qui veulent faire le Buzz en réagissant à des leaders du moment ils resteraient dans l’ombre! mais pour cela il faut avoir une certaine vue du moment…pas facile pour des sans dent! mais les autres, journalistes divers et variés, politiques et autres ils avent très bien faire! J’en suis écœuré!
Merci pour cette chronique !
Martial
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