Jean Goychman – Bricolage et (fausse) improvisation

Les temps sont durs et la vie pas facile au palais de l’Elysée.
Un contexte intérieur qui n’appelle pas à l’optimisme béat et une situation internationale qui paraît plus compliquée que jamais, surtout au Moyen-Orient et en Afrique. Et on ne parle même pas de l’Europe qui part en quenouille pour cause de trop-plein de réfugiés. Cerise sur le gâteau, le CDD du Président se termine dans un an. Ne s’estimant pas encore mûr pour la pré-retraite, celui envisage de « rempiler », comme on dit dans l’armée.
Seulement voilà, se dresse devant lui une difficulté institutionnelle. Pour garder sa place, il lui faut être réélu. Ce qui, en d’autres temps, n’aurait pu être qu’une simple formalité peut, compte-tenu des lignes qui précèdent, devenir une véritable gageure. Pourtant abonné à un niveau de popularité qui en aurait dissuadé plus d’un de ne pas tenter le sort en s’exposant à une cuisante défaite, il semble prendre le parti, contre vents et marées, de revenir en deuxième semaine.
Une des difficultés de l’exercice, lorsqu’on souhaite se succéder à soi-même et que cette auto-succession passe par une réélection, est d’obtenir que les mécontents et les déçus soient moins nombreux que ceux qui s’estiment satisfaits ou qui pensent (tout est possible) que le second mandat sera meilleur que le premier. Il est vrai qu’il est difficile dans le cas de l’actuel président, de faire pire, mais sait-on jamais ?
Alors, comment faire ? La situation étant ce qu’elle est, il faut montrer qu’elle est sous contrôle. Jusque-là, normal. Le Président préside, donc agit. Ou, du moins, il doit faire croire qu’il agit et qu’il peut peser sur les choses de manière à infléchir leur cours. Il doit donc décider. Or, décider, c’est fabriquer des heureux et des mécontents. Il faut faire de l’algèbre version électorale, c’est-à-dire d’estimer le total des votes gagnés par rapport à ceux perdus en fonction de la décision prise. J’imagine les discussions entre les conseillers…
Alors, il y a bien une solution, mais elle est un peu « alambiquée ». Elle consisterait à donner l’impression qu’on agit tout en se gardant bien de décider quoi que ce soit. Pour cela, il faut faire un peu de physique élémentaire. Le domaine particulier de la « statique du solide » qui étudie l’immobilisme, (en opposition avec la « dynamique », qui étudie les mouvements des corps) nous indique que, pour qu’un objet reste immobile, la somme des forces qui agissent dessus doit être nulle. Transposons ce principe fondamental à la composition d’un gouvernement. En période d’élection, il doit être constitué de personnalités variées, avec une alchimie délicate, en prenant en compte l’électorat gravitant autour de chacune d’entre-elles. Mais elles doivent également répondre à un autre critère. Il faut que, sur les grands dossiers de l’actualité, elles aient des points de vue opposés. Ainsi, on a une chance de capter les électeurs des deux tendances.
Les conditions de l’équilibre étant réunies, il ne faut pas le détruire inopportunément. Le plus simple dans ce cas est de ne rien faire. Il faut appliquer un autre principe fondamental, énoncé jadis par Henri Queuille : « Il n’existe pas de problème que l’absence de solution n’ait fini par résoudre » Et notre Président, à ce jeu, est un pro. Un exemple de sujet « clivant » : le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Nous avons d’un côté Jean Marc Ayrault farouche défenseur de ce projet et Emmanuelle Cosse, non moins farouche opposante. Les partisans du projet et les opposants sont donc représentés. Si l’Elysée faisait pencher d’un côté ou de l’autre, il s’en suivrait une sorte de désarroi dans les rangs des perdants. Il faut donc manœuvrer « à la mime Marceau » en donnant l’impression d’avancer tout en faisant du sur-place. Ainsi, on donne « du temps au temps ». Et là, chapeau l’artiste, pour le coup du référendum. Un référendum, quoi de mieux pour prouver qu’on est un vrai démocrate en laissant le peuple souverain s’exprimer. Et surtout, il offre l’immense avantage de ne pas prendre parti, et enfin il garantit une période de calme suffisamment prolongée pour que ce problème n’interfère pas avec l’élection de 2017. Car avant même de pouvoir l’organiser, ce référendum va être l’objet d’une bataille juridico-médiatique qui va durer plusieurs mois.
L’équipe de l’Elysée connaît tous les textes régissant les référendums par cœur et ils savent ce qu’ils font, tout en pouvant laisser croire qu’il règne une sorte de d’improvisation. En réalité, je ne pense pas que l’issue de cette consultation les intéresse réellement, car l’objectif est ailleurs et consiste essentiellement à gagner du temps. Et cela devient même une sorte de ligne politique générale. On « bricole » une sorte de gouvernement improbable, mais comme, de toutes façons, rien de réellement important (j’entends par « important » quelque chose qui pourrait influencer le score de l’élection de l’an prochain) ne sera décidé, la portée de ce bricolage doit être relativisée.
J’avoue que le secrétariat d’Etat à l’ « égalité réelle » me rappelle celui du « temps libre » ou de la « qualité de la vie » Qui peut s’y opposer ? Pourquoi ajouter « et de la simplification » à celui de la réforme de l’Etat. Quelqu’un pourrait-il encore sérieusement envisager de complexifier davantage le fonctionnement déjà auto paralysant de certaines de nos institutions. C’est comme « l’habitat durable », qui me paraît tenir plus du pléonasme que d’autre chose…
Tout ceci est indigent, et, en tous cas, indigne de la période que traverse notre pays. Et le pire, c’est que ce constat peut se généraliser. Nous sommes à un an d’une élection majeure et on ne voit nulle part dans formations politiques qui revendiquent haut et fort leur respect des « valeurs républicaines » autre chose que discordes et rivalités alors même que c’est l’avenir de la Nation qui va peut-être se jouer. Car tout le monde bricole. Les uns pour éviter une élection primaire, les autres, au contraire, pour s’y présenter. Il est navrant de constater que, parmi ceux qui se réclament encore du gaullisme, aucun n’ait osé s’élever contre cette idée qui ne peut qu’affaiblir nos institutions, en redonnant aux partis politiques un pouvoir contre lequel de Gaulle avait lutté toute sa vie.
Entre un François Hollande mettant, comme aurait dit Raymond Barre « un frein à l’immobilisme » et les revanchards de 2012 qui nous disent tous ce qu’ils vont faire une fois élus, sans nous expliquer pourquoi ils ne l’ont pas fait lorsqu’ils étaient au pouvoir, qu’on ne s’étonne pas après de la montée de l’électorat de Marine Le Pen.
Georges Pompidou disait « Gouverner, c’est contraindre » Aujourd’hui, gouverner n’est plus qu’une posture, une sorte d’illusion. L’apparence du pouvoir est devenue une fin en soi.
Jean Goychman
Bonjour à Vous . Pour moi la solution et très simple…Destitution de ce gouvernement de minables et faire appel aux urnes pour tous les Français. Plus rien de fonctionne en France merci à nos illustres présidents Hollande et Sarkozy. Donnons le pouvoir de décision au Peuples et aux citoyens Français. La coupe est pleine et la France doit redevenir la France Aux Français au plus vite….