Jean Goychman – Le souverainisme n’a-t-il rien à voir avec la souveraineté ?
Le propos de François Hollande, devant le Parlement Européen, en réponse à l’intervention de Marine Le Pen et évoquant le concept de la « souveraineté européenne » comme s’opposant au « souverainisme » m’a étonné.
Par une sorte de syllogisme dont il semble friand, François Hollande fait un assemblage de mots pour démontrer que la « souveraineté », d’après lui, s’oppose au « souverainisme ». Honnêtement, cette espèce de « musique des mots » m’a fait penser à un tableau abstrait où seuls quelques initiés semblent discerner un message qui échappe au reste de l’Humanité. Mais il se peut également qu’il n’y eut aucun message, juste une juxtaposition de mots sans aucun lien logique entre eux…
Le béotien que je suis pensait que la souveraineté allait avec la Nation, c’est-à-dire le peuple et l’Etat. Dans notre pays, comme l’a rappelé Marine Le Pen au début de son discours, la souveraineté appartient au « Peuple Français » qui l’exerce dans sa plénitude.
C’est pour cette raison que notre nation s’est dotée d’un Etat « unitaire » sur lequel repose l’organisation des pouvoirs publics. Le fonctionnement de cet Etat est défini par une loi fondamentale, appelée « Constitution » et qui a été approuvée directement par le peuple Français par un référendum. C’est cette approbation du Peuple qui fait que l’Etat est dépositaire de cette souveraineté. Un Etat souverain ne peut donc qu’être « unitaire » et s’oppose de ce point de vue à un Etat « fédéral » ou « confédéral »(1)
Je pensais naïvement que le « souverainisme » servait à qualifier ceux qui voulaient conserver sa souveraineté à la Nation Française. A en croire monsieur Hollande, j’avais tout faux. Pour lui, « le souverainisme n’a rien à voir avec la souveraineté » J’avoue avoir réécouté plusieurs fois cette phrase, pour être bien sûr que c’était réellement les termes de son propos. Peut-être qu’également le socialisme n’a rien à voir avec le socialistes et le libéralisme avec les libéraux. Remarquez bien qu’il se peut, à voir son attitude depuis son élection, que ceci soit conforme à sa pensée. On tient un discours socialiste pour se faire élire et on gouverne en libéral…
Mais revenons à la souveraineté européenne. Ce n’est un secret pour personne qu’il n’y a ni peuple européen, ni Etat européen sous quelque forme que ce soit, donc encore moins de « nation européenne » Quelle entité pourrait-elle donc alors exercer cette souveraineté européenne ? Il est probable que pour François Hollande et ceux qui l’ont applaudi, il s’agit là d’un problème subalterne, un détail qui se règlera de lui-même et sur lequel il n’est pas nécessaire de s’attarder. C’est quand même curieux de voir un chef d’Etat dénigrer ainsi son propre Etat au point de le voir œuvrer pour qu’il perde sa souveraineté alors qu’il en est lui-même issu.
Au-delà de cette phrase opposant souverainisme et souveraineté qui n’a pas beaucoup de sens, il y a plus grave. Lorsqu’il dit : « La seule voie possible pour ceux qui ne sont pas convaincus de l’Europe, c’est de sortir de l’Europe, Il n’y a pas d’autre voie. Mais celle-là, elle est terrible. Mais elle est celle finalement de la logique de sortir de l’Europe, de sortir de l’euro, de sortir de Schengen et même si vous pouvez, de sortir même de la démocratie. »
J’ai beaucoup de mal également à comprendre cette phrase. Il nous dit que ceux qui ne sont pas convaincus de l’Europe doivent sortir de l’Europe. C’est quoi, exactement, « être convaincu de l’Europe » ? La plupart des gens, toutes tendances confondues, s’accordent sur le fait que l’Europe ne « marche pas » Certains veulent une Europe différente, d’autres disent qu’ils faut « plus d’Europe » sans parler de ceux qui sont partisans de faire des « noyaux » car le « gouverner ensemble à 28 parait assez difficile » où de ceux qui veulent encore l’étendre davantage – à la Turquie par exemple- ou encore ceux qui sont partisans de la poursuite des négociations du traité Euro-Atlantique alors que d’autre veulent y mettre un terme…On peut être favorable à une certaine forme d’Europe, qui peut être fédérale et supranationale, ou – a contrario- une Europe des patries (il parait que le mot « Etat-nation » n’est plus autorisé, même si l’immense majorité des pays du monde ont ce statut) mais comment être convaincu de ce qui n’existe qu’en devenir alors que personne n’est d’accord sur ce devenir ?
L’argument de la menace de la sortie n’est pas très clair non plus. Qu’on en juge :
« c’est de sortir de l’Europe, Il n’y a pas d’autre voie. Mais celle-là, elle est terrible. Mais elle est celle finalement de la logique de sortir de l’Europe, »
Ainsi donc, la seule voie pour sortir de l’Europe, c’est la sortie de l’Europe. On s’en serait un peu douté. Mais pourquoi cela est-il terrible ? Cette question demeurera sans réponse.
Dernier point d’interrogation : en quoi la sortie de l’Europe pourrait-elle conduire à une sortie de la démocratie ? L’impression que me donne ces quelques phrases prononcées avec des accents de tribun très « IIIème république » est que François Hollande s’était imposé des « mots-clés » et qu’il les avait reliés entre eux sans trop se préoccuper du sens global des phrases. Il y a notamment « la sortie de l’Europe » et pour faire bonne mesure on le double puis « sortie de l’euro » suivi de « sortie de la démocratie » et enfin « souverainisme ».Le reste des mots étant utilisés en remplissage interstitiel. Il est intéressant de noter que cette phrase est censée regrouper les grandes peurs de nos concitoyens et l’emploi de l’adjectif « terrible » est destiné à renforcer cet effet.
Enfin, jusqu’à présent, les sorties de la démocratie sont plutôt l’apanage des adversaires politiques des souverainistes. Souvenez-vous du référendum confisqué du 29 mai 2005 portant sur un projet de constitution européenne ou plus récemment de la façon dont le peuple Grec a été traité lors des séances de négociations du mois de juillet. Opposer une fin de non-recevoir à une pétition signée par des millions de personnes comme l’a fait récemment la Commission Européenne n’est pas non-plus, à proprement parler, un acte démocratique…
Hormis les « effets de manches », qu’apporte cette intervention sur le fond ? Strictement rien.
La multiplication des déclarations vides de sens n’a jamais pu définir une politique alors que la question posée par Marine Le Pen posait et pose toujours un véritable problème, lié à l’exercice de la souveraineté du peuple sans laquelle il ne peut y avoir de démocratie.
Sur ce point, François Hollande s’est bien gardé de répondre.
(1) La confédération est un contrat passé, généralement sous forme de traité, entre des Etats qui restent souverains, mais qui s’engagent à mettre en commun un certain nombre de choses ou de moyens (industrie, recherche, défense, etc.)
L’Etat fédéral est totalement différent dans son principe. C’est un véritable Etat qui relève du droit public et non du droit privé. Pour qu’un Etat fédéral existe, il faut un consentement des populations concernées qui acceptent de se soumettre aux lois de ce nouvel Etat.
Jean Goychman
Bonjour j ai relu les phrases du président sur l Europe et je constate une fois encore
que ses phrases manquent d articulations et donc de sens. Je m étonne ayant fait moi même de la linguistique que quelques grands linguistes n analysent pas l absence de
sens dans ses discours et les difficultés qu il peut avoir dans le langage oral non seulement a articuler par rapport au sens mais aussi une élocution qui se veut saccadée
comme s il n arrivait pas a un flux de mots sous tendus par le flux du sens de ces mots.
Je suis toujours surprise lors de ses prises de parole d être obligée de réfléchir a ce qu il
Veut dire y compris a Puisseguin 33 ??!! Une sorte de prosodie hachée entrecoupée
De blancs du discours de silences mal places comme une partition musicale ne respectant pas la mesure temporelle des notes??!!
CE N’EST PAS PARCE QU’ON JOUE SUR LES MOT POUR ESSAYER DE SEMER LE DOUTE , QUE L’EUROPE MARCHERA, TELLE QU’ON L’A CONSTRUITE A SCHENGEN !!!
MONSIEUR , JE CROIS, QUE LE SEUL POUVOIR DE LA DEMOCRATIE, VOUS A REPONSU LORS DU REFERENDUM DE 2005 SUR L’EUROPE !!! ….. RIEN A RAJOUTER , QUE DES EFFETS DE MOTS LAMENTABLES , QUAND ON CONNAIT LES CONSEQUENCES POUR LES FRANCAIS A CAUSE DE VOTRE EUROPE QUI ENTAME SES DERNIERS SOUBRESSAUTS !!!