Jean Goychman – L’or et la fausse-monnaie
En 1965, de Gaulle, au cours d’une conférence de presse, exercice rituel dans lequel il faisait passer ses messages sans intermédiaires, s’en est pris, sans la nommer, à l’oligarchie financière qui dirigeait la politique monétaire américaine. (1) Il pressentait le « coup de Jarnac » que la Réserve Fédérale allait faire le 15 aout 1971 en annonçant officiellement, par la voix du Président Nixon, l’abandon de la parité-or du dollar. En un sens, cela ne faisait guère qu’un pays de plus qui allait déconnecter sa monnaie de l’étalon-or. La France, comme l’Angleterre l’a fait dès 1914, en raison des dépenses liées à la guerre. L’impression massive de billets ne permettait plus de garantir la couverture-or de ceux-ci. (2)
Cependant, les Etats-Unis n’étaient pas un pays comme les autres. Forts de leur victoire prochaine sur le Japon et du succès de leur armée en Europe, ils avaient imposé dès juillet 1944 (3) leur propre monnaie à l’ensemble de la planète afin que tous les échanges internationaux se fassent en dollars. Leur argument était justement la parité de celui-ci avec l’or. Une monnaie basée sur son poids en or ne peut varier qu’en fonction du cours de l’or. Ainsi, durant tout le 19ème siècle, les monnaies basées sur l’or (telles que le « franc-or ») avaient gardé une valeur constante.
Seulement, le revers de cette médaille est que cette conversion en or est garantie. Autrement dit, vous allez trouver la banque qui émet cette monnaie avec vos billets et vous repartez avec le poids en or correspondant. Cela impose donc en théorie une « couverture-or » à 100%. La banque qui détient les réserves d’or ne peut donc plus imprimer des billets « à tire-larigot » et c’est tout le problème qui s’est posé à la Réserve Fédérale. Toutes les banques savaient que depuis des années, la couverture-or de la FED était devenue très insuffisante, en raison du grand nombre de billets émis pour financer les dépenses, notamment militaires, des Etats-Unis. Il a fallu l’aplomb d’un de Gaulle pour envoyer des bâtiments de la Marine Nationale (pas notre candidate…) avec mission d’échanger les dollars transportés dans leurs cales contre du bel or bien brillant. Ce ne fut pas du tout du goût de nos amis américains qui craignaient que la démarche fut imitée, même s’ils avaient tenté de conclure des accords séparés avec les Anglais et les Allemands.
Ils ont préféré « passer en force » et mettre un terme à la parité-or de leur monnaie. Ainsi, ils pouvaient imprimer leurs billets sans aucune retenue. Et c’est exactement ce qu’ils ont fait. Logiquement, les accords de 1944 auraient dû être dénoncés, et une nouvelle monnaie de réserve internationale qui ne soit pas celle d’un pays particulier, et dont personne n’aurait pu influencer le cours devait apparaître. Il n’en fut rien. De Gaulle avait disparu, la menace de guerre froide risquant d’évoluer vers un affrontement militaire (on était en pleine guerre du Viet Nam) et les pays « émergents » n’avaient pas la puissance économique qu’ils ont acquis depuis.
Le monde s’est donc retrouvé avec une monnaie qui n’avait plus de valeur « faciale » Seul, le marché déterminait les valeurs des devises les unes par rapport aux autres, et cette valeur varie constamment. Les Etats-Unis, débarrassés de la contrainte de l’or ont inondé la planète de dollars « qu’il ne tenait qu’à eux d’émettre » pour régler les achats qu’ils faisaient à l’étranger. C’est très exactement le même principe que celui du « faux-monnayeur » Il imprime dans une cave (ou tout autre local) des billets avec lesquels il achète ce qui lui fait plaisir. Bien sûr, les billets provenant de la Réserve Fédérale étaient parfaitement authentiques mais économiquement, c’était le même principe. C’est pour cette raison que John Bowden Connally, secrétaire d’Etat au Trésor a déclaré en 1972 avec beaucoup de cynisme ; « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème »
Cela a complétement déstabilisé l’économie mondiale en raison de la spéculation rendue possible sur les devises. Les spéculateurs cherchaient à acquérir les devises qui allaient prendre de la valeur, ce qui faisait monter leur prix. Or, le pays dont la devise montait devenait de facto moins compétitif et devait donc faire des efforts de productivité pour rester dans la course. Les monnaies fortes de cette époque étaient surtout le mark et le yen. Cela ne faisait pas du tout les affaires des pays importateurs –à l’exception des Etats-Unis- dont la monnaie se dépréciait et qui avaient du mal à acheter les produits dont ils avaient besoin.
En Europe, une tentative de réponse à cette situation a été la création du SME (Serpent Monétaire Européen) créé à Bâle en 1972, et dans lequel les « Eurofédéralistes » voyaient une opportunité « d’enfoncer leur clou » en mettant en évidence une sorte d’interdépendance des pays européens, dont la plupart d’entre-eux sont à la fois importateurs et exportateurs les uns par rapport aux autres. Il s’agissait de définir une marge de fluctuation de leurs monnaies respectives qui décourage les spéculateurs de s’attaquer à l’une d’entre elles. Cela préfigurait également la mise en place de la future monnaie unique et surtout de son complément indispensable qu’est la BCE. Dans les faits, cela n’a pas changé grand’chose. Le système monétaire sur lequel est basée l’économie mondiale est resté très instable, et les politiques de création monétaire « à tout va » suivies par les banques centrales ne font qu’aggraver cette instabilité.
On constate aujourd’hui que la zone euro prise dans son ensemble est plongée dans une sorte de marasme économique et qu’un certain nombre de pays parmi les plus importateurs ont remplacé la dévaluation de leur monnaie par la baisse des salaires, dans le but d’augmenter leur compétitivité. Or, la baisse des salaires se traduit par une baisse du produit intérieur qui augmente le sacro-saint ratio « dette / PIB » et l’effet d’augmentation de compétitivité, qui augmente les exportations, fait monter la monnaie commune, ce qui justifie une nouvelle baisse des salaires. On voit bien les méfaits d’une telle politique d’austérité et les effets qu’elle a sur les peuples qui la subissent.
Mais, hors de la zone euro, c’est l’ensemble de tous les autres pays qui sont touchés par la financiarisation de l’économie, et en particulier les pays émergents, qui connaissent des difficultés croissantes. Un des grands problèmes qui se pose à ces pays est l’augmentation de la demande intérieure. Celle-ci a été dans nos pays développés une conséquence directe de l’apparition des classes moyennes dues aux révolutions industrielles. Le capitalisme financier ne peut engendrer un tel « ascenseur social » car il ne redistribue pas (ou peu) de richesse sur les lieux de production. Or, seule une forte demande intérieure permet d’absorber le surplus de production des pays exportateurs, faute de quoi cette surproduction anéantira les marchés.
Il y a donc urgence à s’attaquer à la base même du problème. L’argument utilisé pour imposer des banques centrales indépendantes était que les gouvernants étaient par essence laxistes et dépensiers. Ils faisaient marcher la planche à billets, ce qui créait une inflation galopante qui tuait l’épargne des rentiers.
Que font aujourd’hui ces banques centrales ? Strictement la même chose. Y-a-t-il de l’inflation ? Non. Par contre, l’épargne des rentiers est tuée, non plus par l’inflation, mais par les taux d’intérêts qui deviennent ridiculement bas. Pour les rentiers, quelle différence ?
Alors, pourquoi tout ce cinéma ? Parce que la seule chose importante était de retirer aux peuples le contrôle de leur monnaie. Du temps de l’étalon-or, le problème ne se posait même pas. Certes, on arrivait toujours à tricher un peu sur le cours de l’or, mais l’influence économique était moindre.
Un certain nombre de signes avant-coureurs indiquent que la réflexion sur le retour vers une monnaie indexée sur l’or pour les échanges internationaux, mais également pour les monnaies domestiques, est en marche. Finalement, ce que disait de Gaulle en 1965 risque de se réaliser 50 ou 60 ans plus tard. Aux Etats-Unis même, on voit des Etats comme le Texas annoncer clairement leur intention d’aller dans ce sens.
Winston Churchill disait : « On peut faire confiance aux Américains pour mettre en œuvre la meilleure solution, après avoir essayé toutes les autres… »
Jean Goychman
(1) https://www.youtube.com/watch?v=8IiAq4iz4uE
(2) La quantité de billets en circulation doit être équivalente à la quantité d’or disponible. Si on en imprime trop, il faut dévaluer la quantité d’or représentée par chaque billet
(3) Les accords de Bretton Woods ont consacré le dollar comme monnaie de réserve internationale, contre l’avis de l’anglais Keynes, qui voulait une monnaie n’appartenant à aucun Etat ; L’argument américain était justement celui de la convertibilité-or du dollar qui le mettait àl’abri des manipulations de cours. On a vu la suite quelques années plus tard.
autre sujet:
article paru sur europe-israel.org concernant M.Collard
[Vidéo] G.Collard: « ceux qui sèment la violence en France sont les islamo-gauchistes qui sont anti-sionistes »
http://www.europe-israel.org/2016/06/video-g-collard-ceux-qui-sement-la-violence-en-france-sont-les-islamo-gauchistes-qui-sont-anti-sionistes/comment-page-1/#comment-440280
Ma réaction par rapport à certains commentaires que j’ai publié en réponse à cet article
M Collard est un homme sincère,il a a oeuvré puissamment pour éjecter JM Lepen . et Il a toujours défendu Israël .
de plus Benyamin Netanyahou se rapproche de Poutine et vont créer une grande synergie d’intérêts communs (Défense et économie)
Au FN, ce rapprochement s’est fait depuis longtemps
Les amis de nos amis sont nos amis et notre ennemi commun, c’est l’islam radical alors, rejoignons nos forces.
Y’a rien a ajouter, tout est juste, l’ennemi est le même pour les chrétiens et les juifs ! L’ennemi est washington et pas la Russie de Poutine