Jean Goychman – Mesures contre le chômage : un cautère sur une jambe de bois !

Cela fait des mois, que dis-je, des années qu’on nous bassine avec la crise. Depuis le temps qu’on voit le bout du tunnel, qu’on sent des frémissements, que les signaux clignotent, que la reprise arrive, et autres phrases vides de sens. Pourtant, rien ne se produit. Le chômage poursuit inexorablement et régulièrement sa montée. Nous avons cependant eu les autoproclamés meilleurs économistes qui se sont penchés sur son chevet. Nous avons eu droit à un enchaînement de plans successifs qui devaient faire des miracles, pour peu qu’on laisse à leur potion magique le temps nécessaire à son action.
Nous avons donc connu la sainte « règle d’or », aujourd’hui enterrée qui devait ramener l’équilibre budgétaire indispensable à la reprise économique. Elle se déclinait en « pacte de solidarité » qui devait créer des tas d’emplois mais s’est traduit dans la réalité par une augmentation des impôts alors que les prélèvements obligatoires étaient déjà parvenus à une hauteur inégalée. Puis on nous a concocté le fameux CICE (1) dont les vertus devaient sans tarder relancer « la croissance par l’offre », mais qui, in fine, s’est révélé totalement inefficace. Enfin, on fait reposer tous les espoirs futurs sur la formation professionnelle, faute de mieux et parce qu’il faut bien donner l’impression, à quinze mois des présidentielles, qu’on fait quelque chose. Aujourd’hui, telles les vestales romaines qui ne devaient jamais laisser s’éteindre le feu sacré, nos grands communicants nous concoctent de nouveaux indices propres à susciter un espoir de jours meilleurs.
Et si tout cela ne rimait à rien ? Si cette soi-disant crise n’en était pas une, mais plutôt l’apparition d’une nouvelle ère, caractérisée par une stagnation économique ? Si toute la théorie économique du « néo-libéralisme » n’était qu’une fable, une sorte de conte pour enfant destiné à justifier le passage du capitalisme de production à celui de la finance ?
Le regretté Bernard Maris, dans son ouvrage « Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles »(2) nous démontre avec un certain brio que l’économie de marché n’existe pas dans la réalité. Il s’en prend également à tous ceux qui prétendent connaître l’avenir en regardant les variations des cours de bourse.
Après nous avoir dit à peu près tout et son contraire, tous ces experts semblent avoir oublié l’essentiel, qui peut se résumer à ceci :
Pour vendre un produit, quel qu’il soit, il faut une conjonction de différents phénomènes. D’abord, il faut que le produit existe, sous une forme ou sous une autre. Ensuite, il faut qu’il corresponde à un besoin, quelle que soit la nature du besoin. Enfin, il faut que l’éventuel acquéreur ait les moyens de l’acheter.
Qu’une seule de ces conditions ne soit pas remplie interdit toute transaction. On pourra tourner autour du pot aussi longtemps qu’on voudra, si ce triptyque n’est pas réalisé, il ne se passera rien. La situation actuelle montre qu’il n’y a aucune pénurie concernant les produits, mais plutôt une offre pléthorique. Il importe donc de fabriquer au moindre coût pour vendre au meilleur prix. Le prix de revient d’un produit dépend de plusieurs choses. Les coûts de la matière première permettant de fabriquer le produit, celui de la main d’œuvre et ceux des études et de l’amortissement des outils utilisés. Ceci pour les produits industriels. Pour les services, les prix de revient dépendent essentiellement des coûts de main d’œuvre.
Parlons maintenant du prix de vente. En principe, il doit être supérieur au prix de revient. Lorsque j’étais à l’Aerospatiale, il y a longtemps, un cadre dirigeant avait eu cette phrase définitive, parlant de la politique de vente : « On perd un peu sur chaque avion, mais on se rattrape sur la quantité… » On a vu le résultat. A partir du moment où le principe de la libre concurrence est devenu intangible, il y a toujours quelqu’un qui peut produire ou fabriquer pour moins cher. C’est lui qui gagnera la timbale et sortira les autres du marché, car il vendra avec une marge telle qu’il continuera à gagner de l’argent lorsque ses concurrents en perdront.
A la fin, il restera seul et se retrouvera de fait en situation de monopole. Et c’est là où tout ce processus devient absurde. En effet, pour rester dans la course, tout le monde va chercher à baisser les prix de revient. Au niveau d’une nation, l’Etat peut décider de dévaluer la monnaie, ce qui rendra les produits nationaux moins chers à l’exportation et renchérira les produits importés. On gagne ainsi sur les deux tableaux. Plus la part du coût de main d’œuvre sera élevée, et plus le gain compétitif sera important. Cela vaut aussi pour les matières premières non importées. Il y a donc une sorte de bilan qui se fait, ou qui devrait se faire. Et c’est là où le bât blesse. Depuis la politique du « franc fort » décrétée au milieu des années 70, tous les dirigeants politiques ont présentés la dévaluation comme un mal absolu, une sorte d’aveu d’échec qui mène implacablement les pays à la ruine.
A tel point que cela est littéralement passé dans nos mœurs. Le spectre de la dévaluation allemande de 1923 est brandi à tout bout de champ avec des images dignes du cinéma néo-réaliste italien afin de nous faire bien comprendre ce qui nous attendrait, au cas où…
On se gardait bien de nous dire que cette dévaluation allemande était la réponse au Traité de Versailles dont les conditions fixées par les alliés en 1919 étaient proprement intenables. La dette allemande était devenue insupportable et la dévaluation qui a divisé par mille milliards la valeur du Mark entre 1919 et 1923 était devenue inévitable.
Par contre, on évite aussi de dire qu’en 1925, le Mark avait retrouvé son cours d’avant-guerre.
Aujourd’hui, l’euro nous interdit cette voie, pourtant salutaire lorsqu’elle est bien utilisée. Certes, elle va à l’encontre des intérêts de ceux qui prêtent de l’argent (banques et rentiers) mais elle permet d’orienter différemment les choix des acheteurs vers les produits nationaux. Certains diront que la valeur de l’euro a déjà fortement baissé, mais qu’il ne s’est pas passé grand’chose. C’est normal. La valeur de l’euro représente en fait une moyenne entre les pays exportateurs et les pays importateurs. J’avais évoqué dans un article récent la Charte de la Havane (3) Lorsqu’un plus exporte plus qu’il importe, il fait rentrer plus de devises que ce qui sort. Ce pays s’enrichit et sa monnaie se réévalue. C’est le cas de l’Allemagne. A contrario, un pays qui importe plus qu’il n’exporte fait partir plus de devises qu’il n’en rentre. Sa monnaie se déprécie. Si ces 2 pays ont une monnaie unique, celle-ci variera comme la résultante des deux tendances.
On constate que ce système favorise les pays exportateurs et pénalise les autres. L’Allemagne bénéficie d’un cours sous-évalué de l’euro alors que la France (et les autres pays importateurs) subissent un renchérissement de cette monnaie. En optant pour la monnaie unique, nous nous sommes privés de l’arme probablement la plus efficace pour sortir notre pays du marasme dans lequel il se trouve depuis des années. Il suffit de voir ce que fait la Chine avec sa monnaie en ce moment. Ce n’est pas propre à l’euro, et le problème se poserait à l’identique avec toute autre monnaie sur laquelle nous ne pourrions pas exercer notre contrôle. C’est pour cette raison fondamentale que les pays de l’UE qui ont conservé leur propre monnaie s’en sortent globalement beaucoup mieux que nous.
Si on renonce à utiliser l’ajustement monétaire, faute de pouvoir le faire, il ne reste plus que la baisse des salaires et des charges. C’est évidemment ce que souhaitent tous les partisans du libéralisme, car ils savent bien que si l’Etat dispose de moins d’argent, il dépensera moins. Comme les dépenses publiques concernent en priorité les dépenses sociales, certains entrevoient déjà les bénéfices qu’ils vont pouvoir engranger lors du transfert de l’Etat vers le privé.
Quels que soient les soi-disant remèdes miracles que nos dirigeants nous font miroiter pour capter notre attention, aucun n’aura la même efficacité qu’une reprise du contrôle de notre monnaie. Ils n’agiront pas plus que des « cautères sur une jambe de bois » Nous vivons les derniers moments de la théorie du « libéralisme économique » et en particulier du fameux « équilibre des marchés » censé être autorégulateur. Le malheur veut que cette théorie économique ait la vie dure et que, alors même que nombre d’économistes, y compris certains ayant reçu le prix Nobel, ont depuis longtemps démontré son innocuité, d’autres, parce que c’est leur fonds de commerce, continuent à s’accrocher à elle pour ne pas disparaître. Cette « loi du marché » n’aura finalement été qu’un artifice destiné à faire passer la pilule de la financiarisation de l’économie. Lorsqu’il sera admis par tous ( à l’exception notable de ceux qui, comme les banquiers internationaux, amassent des fortunes considérables) qu’il faut une véritable autorité régulatrice si on ne veut pas revoir des crises à répétition comme celles que nous connaissons depuis trop longtemps, il ne fera plus aucun doute pour personne que le contrôle de la monnaie fait partie de cette régulation afin d’assurer à la fois la stabilité et l’équité du système économique. Alors, toutes ces actions inutiles basées sur une fausse loi n’intéresseront plus que les historiens. Malheureusement, le nombre de gens en recherche de d’emploi ne diminuera pas, malgré tous les artifices comptables utilisés.
Jean Goychman
(1) Le CICE (Crédit Impôts Compétitivité Emploi) est souvent présenté comme une « relance par l’offre. En gros, on diminue les charges des entreprises en leur remboursant des impôts, ce qui doit leur permettre d’augmenter leur productivité et, in fine, d’embaucher. Jusqu’à présent, ce n’est pas très concluant…
(2) Petit livre très facile à lire publié par les éditions Points (www.lecerclepoints.com)
(3) https://archives.gilbertcollard.fr/blog-2/jean-goychman-mais-vous-avez-tout-a-fait-raison-monsieur-le-premier-ministre/
Ah ! vous aussi vous avez remarqué que la crise devenait perpétuelle ! Elle a commencé à se faire remarquer dès 1973 (1 er choc pétrolier), mais, l’appauvrissement était déjà dans les cartons tout de suite après la deuxième guerre mondiale. Pourtant, depuis 42 ans…. on ne cesse de constater que le staff politicien… (en exercice) se beurre, se vautre à coup de postes, d’augmentation, d’affectation…. et pourtant la crise ! De défections en défections du tissu industriel, du transfert technologique….le chômage, la précarité, les incertitudes, le surendettement, les enfants désœuvrés et j’en passe ! A priori, l’RPS ne semble pas s’émouvoir…. l’immigration ne cesse pas ! l’insécurité se généralise…. mais, il ne faut pas faire d’amalgame… il ne faut pas stigmatiser….. A 72 ans, PN… je crois que je vais vivre ma vieillesse dans les mêmes conditions que j’ai vécu mon enfance !
Bonsoir vous avez raison quelle nullité crasse en économie ce n est pas la peine
D avoir fait l ENA et HEC pour diriger si mal le bateau avec des répétitions toujours les
Mêmes. Il est vrai que lorsque l on aime ni la France ni les français et que l on aime que
Soi même. Que l on est pas capable de prendre des risques même dans sa vie privee
Toutes ces ritournelles sans jamais avoir un langage clair un plan d action,une stratégie
Je suis étonnée que l on ait l audace le toupet de vouloir diriger un peuple??!! Quelle
Prétention ont tous ces gens. J ai fait sc. po paris avec procédure d entrée 25 pour
Cent admis 3/4 donc refusés. Et j ai l impression. De savoir beaucoup plus d économie
Que ces gens. Claude Reichman a bien compris le système. Et a décrypté. Avec la sécu et
Le RSI le moyen de faire d une part des économies net qui plus est de libérer les tpme
Les agriculteurs les artisans commerçants et même les salariés qui actuellement quittent
La sécu et de ce fait le pouvoir d achat se libere??!! Ils n ont pas compris ou tout simplement qu on en pâtisse et qu on en creve c est pas grave ils sont a l abri comme
Tous les politiques et les élus ils sont assurés a des caisse s qui les favorisent ils cotisent
Retraites par capitalisations ce qui n était pas possible pour le commun des mortels et
Qui plus est le mensonge d état continuant ceci depuis 1994 ils se sont bien gardés
De l indiquer aux populations. Il vaut mieux que six cents agriculteurs se suicident chaque année ainsi que des petits patrons??!! Et que l économie française s effondre??!!
Ce n est pas grave le chômage augmente. Les jeunes ont le désir et quittent leur patrie??!! Plus de 120 médecins viennent de partir pour s installer en suisse. Je ne
Sais combien au canada. L immobilier est cher en suisse c est vrai mais comme ils
Gagnent moitié plus qu en France qu un salarié. Paie en suisse 13 pour cent d impôt et
Quelques taxes cela n atteint pas 15 pour cent,, une assurance maladie européenne coûte pour la maladie. Dix fois moins cher??!! Et mieux remboursé au premier euro??!!
Ils ont totalement raison de s en aller mais c est grave que l on nous reproche de ne pas vouloir de migrants et que l on soit obligé de voir partir les siens ??!!
Ils vous ont pas appris à écrire à science po ?