Jean Goychman – Primaires de droite : votez pour moi et ne changeons rien…
Second round des primaires de droite annoncé à grand renfort médiatique. Loin de l’empoignade qu’on aurait pu imaginer, nous avons eu droit à des semblants d’attaques en mots codés. Nicolas Sarkozy donnait l’impression d’être une sorte d’intrus, genre redoublant égaré parmi des gens qui essayaient de se faire passer pour des « bizuths » gouvernementaux. Jean Philippe Poisson détonait un peu, comme la première fois, mais à part lui, tous ayant été (ou presque) des ministres de Sarkozy, semblaient vouloir le rendre seul responsable de ce qui a été un échec collectif. L’ancien président, sans se démonter, rappelait à chacun de ses interlocuteurs qu’il les avait fait roi de par sa seule volonté.
Franchement, on n’a pas grand’chose à faire de tout ça. Une heure et demie d’attaques et des reproches, même à fleurets mouchetés, ne font guère avancer le « schmilblic » même si Alain Juppé, voulant sans doute s’élever en tournoyant autour de la mêlée, semblait s’obliger à un courtois devoir de réserve. On attendait du concret, du lourd, genre de ce qui peut nous faire dresser l’oreille et arrêter les bâillements, mais rien n’est venu.
Pourtant, l’actualité du monde aurait bien mérité que chacun nous dresse un état des lieux et surtout comment ils allaient nous proposer de redonner à notre pays un peu de l’éclat qu’il avait perdu tout au long des trente ou quarante dernières années durant lesquelles ils avaient quand même eu une certaine proximité avec l’exercice du pouvoir. Mais là, que dalle ! Pas un mot, pas le commencement d’une idée. Muets sur l’Europe, alors qu’à l’évidence elle est entrée dans une sorte de coma qui risque d’être rapidement dépassé. Rien sur l’euro, dont de plus en plus de gens mettent en doute son efficacité en tant que monnaie unique et commune.
François Fillon, pourtant adversaire résolu du Traité de Maastricht, annonce fièrement qu’il ne votera pas pour Marine Le Pen car son programme, totalement souverainiste,mènerait le pays à la catastrophe. Et il à l’aplomb de se prétendre gaulliste. Or, tombé moi-même dans la potion gaulliste, (mon père était Compagnon de la Libération) la lecture des livres de de Gaulle montre à quel point il était viscéralement attaché à la souveraineté nationale. Il faudrait que François Fillon nous explique ce paradoxe plus difficile à comprendre que la théorie de la relativité généralisée…
Alain Juppé, en l’écoutant, me faisait penser à cette réplique de de Gaulle, qui, faisant une de ses promenades coutumières dans la Champagne, accompagné d’un visiteurs de la Boisserie à qui il faisait remarquer, à propos du paysage : « – Ce n’est pas gai » et devant l’air surpris de son interlocuteur, cru bon de préciser : « – je parle du paysage, ce n’est pas gai, on n’a pas envie de rigoler, ici !- »
Il faut dire que, lorsque Juppé était Premier Ministre, on n’a pas rigolé non plus tous les jours… Vous me direz, on a récupéré Lionel Jospin après la dissolution ratée de 1997*, et c’était pas vraiment un grand comique non plus. Malgré tout, Juppé est une belle mécanique intellectuelle, brillante et cultivée, qui écrit bien et c’est dommage que lui aussi ait opté pour l’euro-mondialisme.
Alors, pourquoi ne parlent-ils pas de ce qu’ils vont réellement faire ? C’est vrai, ils nous parlent des dépenses publiques, de la dette, des frontières, de l’emploi même, mais pour nous en dire quoi ? Toujours la même chose depuis des décennies. Il faut dépenser moins, il faut travailler plus, il faut accepter les sacrifices sans rechigner pour un avenir meilleur.. Ca fait plus de trente ans qu’on nous raconte la même histoire et il ne se passe rien Ou plutôt, si, il se passe quelque chose, mais qui va toujours dans le mauvais sens. Depuis 1992, la dette publique n’a cessé d’augmenter, passant le cap des 2000 milliards d’euros, depuis 2002, le nombre des chômeurs n’a cessé d’augmenter et depuis 2008 la croissance est en rade. Et on imagine facilement que ceux de la fournée d’après viendront nous tenir le même et sempiternel discours. Et jusqu’à quand ?
La raison pour laquelle ils ne nous parlent pas vraiment de leur programme, c’est qu’ils ont tous le même et il peut se résumer à : garder l’euro, rester dans l’Europe, continuer à emprunter sur les marchés financiers pour boucler nos fins de mois. D’un commun accord, ils ont tous approuvés tous les traités européens, tout en se dispensant de les appliquer, et cela ne les gène pas. Tous, ou presque, ont ce même tropisme atlantiste qui en fait des serviteurs zélés de cette oligarchie financière qui, après avoir oté sa convertibilité or au dollar en lui gardant son statue de monnaie de réserve internationale, a permis au Deutschemark de se transformer en euro. Personne ne les interroge la dessus, mais comment se fait-il qu’une monnaie réputée unique ne puisse être empruntée qu’à des taux différents d’un pays à l’autre ? Autre paradoxe également inexpliqué…
En un sens, ils sont véritablement les enfants de Jean Monnet, dont de Gaulle disait qu’il était un « banquier américain » et qui avait, aidé par des gens comme Milton Friedman ou Robert Marjolin **, mis en application une idée à la fois géniale (pour eux) et redoutable (pour nous) et qui peut se résumer à la destruction de l’Etat par l’Etat. Mais de cela, nos prétendants ne peuvent évidemment pas parler. Pourtant, vouloir réduire la dépense de l’Etat ne signifie-t-il pas diminuer l’Etat ? Diminuer le nombre de fonctionnaires ne va-t-il pas dans le même sens ?
Alors, ils nous expliquent qu’ils vont uniquement s’attaquer aux dépenses inutiles et aux emplois du même gabarit. Ne les croyez pas. Ce qui sera retiré à l’Etat sera donné à des entreprises privées au nom d’un libéralisme devenu dogmatique. Les dépenses ne diminueront pas et les économies réalisées sur les salaires viendront simplement augmenter les marges des entreprises attributaires des marchés ainsi créés.
Jean Monnet était un fédéraliste mondialiste, et ses disciples furent Giscard d’Estaing, qui grava en quelque sorte la Charte des centristes, dignes héritiers des MRP, dont de Gaulle se plaisait à dire qu’ils lui faisaient penser « à des enfants de chœur qui auraient bu le vin des burettes » Certes, Nicolas Sarkozy n’est pas centriste, du moins s’applique-t-il à le faire savoir.
Est-il sincère ? Peut-être. S’en fiche-t-il ? Probablement. Son problème n’est pas là. C’est un pragmatique qui veut gagner. Coûte que coûte. Les sondages ne le donne pas gagnant, il fera sans. Quitte à aller jusqu’à contester la « régularité » des élections primaires si cela l’arrangeait. On le pressent en écoutant sa garde impériale qui rappelle à chaque occasion que ce sont des primaires ouvertes, certes, mais uniquement aux gens de la droite et du centre. Histoire de dire que les gens de gauche, qui pourraient avoir l’intention de voter pour Alain Juppé, n’en ont pas le droit. Comment vérifier cela ? Impossible. La charte que chacun s’engage à signer avant de voter a-t-elle le moindre caractère coercitif ? Quelles sont les sanctions prévues en cas de manquements ? Bref, vous l’avez compris, le résultat de l’élection permettra de l’interpréter comme on veut, y compris peut-être en refusant de s’y soumettre…
Mais en fait, pour nous, le problème est un peu secondaire. Quel que soit le résultat, celui qui gagnera fera la même politique que tous les autres. Et qui sera identique à celles des prédécesseurs, quels qu’ils soient. Le pays a vraiment besoin d’une rupture, Entre un Giscard d’Estaing qui voyait dans le fédéralisme européen le moyen de devenir l’égal du président des Etats-Unis, un Mitterrand à qui la fonction élyséenne donnait une sorte de liberté absolue, un Chirac qui considérait le pouvoir comme une fin en soi, le tout étant de le conquérir et , si possible, de le garder, Philippe Seguin, qui le connaissait par cœur, le définissait comme « un serreur de louches.. »
Ensuite, nous avons eu Sarkozy qui surjouait le rôle, pensant que tout lui était permis. Visiblement, il avait une « feuille de route » rédigée par l’oligarchie euro-atlantique Comme il a du tomber de haut lorsque ceux qui l’avaient fait roi l’ont laissé tomber, après qu’il eut pourtant réalisé sa part du contrat ?. Pensait-il que son tour de passe-passe sur le référendum de 2005 passerait inaperçu ?
Et puis bien-sûr, l’actuel président qui se voulait normal et qui, pourtant, à porté à sa fonction des coups dont elle aura du mal à se remettre…
Et le pire, c’est que tout ce beau monde feint l’étonnement de découvrir que notre classe politique suscite plus la méfiance que la confiance. Ce cynisme absolu qui est pourtant devenu leur dénominateur commun me fait penser à l’ « après nous le déluge » de Louis XV qui manifestait ainsi son impuissance à préserver l’avenir.
Alors, peut-être est-il temps de reprendre notre destin national en main en portant au pouvoir des femmes et des hommes qui ont fait le choix de se consacrer à ..la France ?
NDR :
* (ils avaient mal du lire leur de Gaulle, qui, en 1967, avait dissous l’Assemblée pour remettre Pompidou en selle, mais avec lui, cela avait marché…)
** Milton Friedman est considéré comme le père du néolibéralisme et Robert Marjolin fut le 1er vice-président de la Commission Européenne.
Jean Goychman
Oui,j’ai changé,vous allez voir ce que vous allez voir
bonjour, Maître,je pense que le français à pas encore compris que si il ne reste pas vigilent,il font se faire encore berné,sur la clique en se moment,pour moi la primaire est faite pour semais le trouble à tout va..?? et comme d’habitude il ne parle pas du front-national,enfin comme tout le temps….cordialement Maître….
tres bonne analyse qui conforte ce que chacun de nous pense : les primaires c’est de la com et celui qui emportera le « pompon « continuera a faire cette politique neo-americaine avec l’aval de l’europe ! rien donc ne changera!!