Jean Goychman – Vivre ensemble pour mourir ensemble ?

Il faut se méfier des mots qui sonnent creux. Ils contiennent souvent, sous une apparence anodine, des idées qui, à terme, peuvent se révéler néfastes. Association improbable d’un verbe à l’infinitif et d’un adjectif, l’expression « vivre ensemble » fait partie de ceux-là.
Quoi de plus normal que deux personnes décident de s’unir pour vivre ensemble durant une période plus ou moins longue ? C’est le résultat d’un choix, souvent mûrement réfléchi, qui exprime un projet d’avenir dans lequel chacun des deux pense pouvoir trouver une forme d’équilibre qui lui permettra de réaliser les choses auxquelles il aspire.
De toute évidence, ce n’était pas la pensée de François Hollande lorsqu’il a prononcé ce qui allait devenir une « phrase-choc », destinée avant tout à être reprise par tous les médias, sorte de temps fort d’une allocution qui, par ailleurs, ne présentait d’autre intérêt que de dire aux troupes divisées du Parti Socialiste que, les échéances électorales étant ce qu’elles sont, il allait être nécessaire de faire taire toutes les différences d’opinion.
Nos amis socialistes sont des adeptes des « courants de pensée » et François Hollande à bâti sa carrière politique sur des « synthèses » (autre mot creux et fourre-tout) essentiellement destinées à sauver l’apparence d’un mouvement divisé pour le faire passer aux yeux de l’opinion (et surtout des électeurs) comme une sorte de bloc monolithique. Ce n’est d’ailleurs pas l’apanage du Parti Socialiste. Les militants du RPR dans les années 90 étaient profondément divisés, à l’approche du référendum de Maastricht, sur la conception même de l’Europe. Ils avaient reçu comme consigne, de la part des dirigeants, de faire taire leurs convictions, en raison de « l’intérêt supérieur du Rassemblement ».
En fait, « l’intérêt supérieur » résidait entièrement dans les élections, législatives en 1993, puis présidentielles en 1995. En 2016, on ne peut dissocier l’intérêt du PS de l’éventuelle réélection de François Hollande en 2017. Ce « vivre-ensemble » est donc le contraire d’un divorce par consentement mutuel. On ne s’aime plus, mais on a des intérêts communs…
La question est : jusqu’où, jusqu’à quand ?
Mais ce « vivre-ensemble » se décline dans d’autres domaines. En gros, il s’agit de faire passer l’idée qu’il faut accepter les autres tels qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts et surtout leurs différences dans les modes de vie et les croyances. Jusque-là, cela pourrait encore être acceptable. Mais il existe cependant une limite, même si certains ont décidé de ne pas la voir. Cette limite est atteinte lorsque c’est la cohésion même de notre société qui est menacée. Lorsque l’emprise de la culture ancestrale ou celle de la religion empiètent de plus en plus sur l’ensemble des règles de droit, allant parfois jusqu’à les contredire, c’est l’ensemble de la société qui risque d’être déstabilisée.
Peut-on envisager que ce qu’il est convenu d’appeler « le peuple français » se subdivise en différentes communautés, chacune obéissant à ses propres règles de droit ?
Assurément non, et nos institutions n’y survivraient pas. Et c’est là tout le danger. Ce qui allait devenir notre pays a connu, durant la longue agonie de l’empire romain, une situation dans laquelle le droit romain ne s’appliquait qu’à une fraction de la population car, en raison de ce qui était appelé « les invasions barbares » les nouveaux arrivants avaient laissé les « indigènes » continuer à l’utiliser.
Hors, le propre d’un Etat, et en particulier d’un « Etat de droit », c’est de faire en sorte que le même droit s’applique à tous les ressortissants qui se trouvent sur son sol. On nous parle beaucoup des « règles de la République ». peut-on admettre que certaines catégories de la population soient dispensées de leur application au nom d’un « vivre ensemble » ?
De ce débat était né la notion de « laïcité », mais bien avant certains esprits avaient pris conscience de ce danger. La phrase que l’on prête volontiers à Jésus et transcrites dans les Ecritures : « rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » fait la part des choses. C’est d’ailleurs elle qui est à la base du libéralisme. L’individu est libre de penser ce qu’il pense ou de croire ce qu’il veut, mais il doit respecter « les règles de César ». Exonérer aujourd’hui une partie de la population du respect de ces règles en raison d’autres règles imposées par la pratique d’une religion ou d’un mode de vie ancestral qui y serait contraire revient à introduire les ferments de la destruction de notre Etat et donc de notre nation.
Car il n’y a que peu d’alternatives. Au fil du temps, les peuples ont, pour la plupart, su organiser leur vie autour d’un Etat né d’une constitution (écrite ou non) qui en décrit les bases et le fonctionnement. Que cet Etat disparaisse et nous nous retrouverons plus ou moins rapidement dans un système « tribal ». Et cela peut aller assez vite. Un Etat qui s’amenuise, et ce sont les institutions qui en pâtissent. Voyez déjà ce qui se passe au niveau de la justice et de l’armée. On parle souvent des missions « régaliennes » La royauté à disparu depuis plus de deux siècles, mais les nécessités de ces missions demeurent. Un Etat qui disparaît entraine avec lui l’organisation des pouvoirs publics. Voyez ce qui s’est passé en Irak, en Lybie et peut-être bientôt en Syrie.
C’est pourquoi il importe de mettre des limites précises au « vivre-ensemble » afin d’assurer la pérennité de notre Etat. Les adeptes de l’ultralibéralisme voient en lui un obstacle à la libre circulation totale et généralisée et rêvent de le voir s’atrophier puis disparaître. Nous avons la chance d’avoir un Etat, et qui plus est d’être un peuple qui a su fonder une nation. Ne les laissons pas abîmer au nom d’une tolérance généralisée qui a toutes les chances de se révéler mortifère.
Nous devons certes accepter les différences, mais nous devons aussi préserver la cohérence de notre société. Faisons en sorte que le « vivre-ensemble » ne devienne pas le « mourir ensemble »
Jean Goychman
Me COLLARD est de ceux dont la lecture et l’écoute nous rendent plus intelligents. Dommage que les journalistes qui le reçoivent n’en tirent aucun bénéfice. Je pense au sieur Bourdin. Merci à Me COLLARD de l’avoir remis à sa place.
Ces mots qui sonnent creux vont être les vecteurs de notre disparition ! Tout compte fait…. est-ce un mal pour notre support « la terre » ?
Il est bien entendu, que le pouvoir actuel se moque de faire régresser notre démocratie laîque , à l’état tribal en entretenant le doute et la polémique ? au nom de ses sacro saints » vivre ensemble », et pensons « correct » !!!
Entretenir la polémique , semble la méthode le plus souvent utilisée par ces trois derniers gouvernements élus sur des fausses promesses , et des programmes entretenant le quiproquo …… Et il en résulte un manque de crédibilité , utilisée par tous ceux qui s’en sont aperçus, et l’utilisent au dépends des français !
Tous les mensonges de ces protagonistes réunis : que ce soit nos politiques: qui se moquent bien de notre devenir en nous maintenant sur une route obscure pour garder « Pouvoir en mains » , que nos ennemis qui veulent nous détruire par fanatisme déguisé souvent en « croyance modérée », se retrouvent? comme au sommet d’une pyramide , avec le même but (avoué ou ignoré , détruire notre institution , LA REPUBLIQUE , NOS VIES, en commençant par NOS LIBERTES .
Quant au » vivre ensemble « , il est aussi vide qu’il commence à sonner creux ; et si la force électorale ne se réveille pas, cela risque fort de sonner comme un vrai génocide que nous sommes entrain de subir, de la part des fondamentalistes musulmans !
Ces peurs du fascisme brandies par ceux qui veulent garder leurs pouvoirs et avantages pour eux seuls , me feraient presque penser à celles arquées par la Royauté avant la Révolution Française , quand il disait vous êtes mes sujets par droit Divin , et si vous ne le restez pas, vous connaîtrez la malédiction satanique …etc… et les Serfs , sont restés asservis jusqu’ en 1789 …… HELAS !
Michel Audiard en son temps aurait pu dire ou écrire : Quand des cons votent pour des cons, faut pas s’étonner après d’être dirigé par des cons.