Les banques centrales indépendantes : le summum de l’arnaque
Parmi les différents attributs de la souveraineté d’une nation, l’un des plus importants est le droit de « battre monnaie ».
Les pères de la Constitution Américaine de 1787 l’avaient d’ailleurs inscrit dès l’article 1er de ce texte fondateur. Or, les Anglais avaient confié ce pouvoir à la Banque d’Angleterre dès 1694, sous le règne de Guillaume d’Orange. Jefferson disait que l’une des causes profondes de la révolution des colons était la décision de la Banque d’Angleterre d’interdire l’emploi de la monnaie locale (local script)
Il a ensuite déclaré que :
« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis. »
Cette lutte pour le contrôle de la monnaie et du crédit est en filigrane de toute l’histoire des Etats-Unis. La première tentative de prise de contrôle de la monnaie par la Banque des Etats-Unis en 1791 n’ayant pas convaincu le peuple américain qui avait flairé le piège (la banque des Etats-Unis étant une banque privée créée de toutes pièces par les banques anglo-saxonnes) celle-ci a néanmoins exercé ce privilège durant 20 ans.
Il s’en suivit une période d’escarmouches entre l’exécutif américain et le cartel des banques anglo-saxonnes et leurs filiales américaines.
Ce n’est qu’en 1913, lors de la création de la Réserve Fédérale adoptée par le Congrès, que les banques privées ont définitivement dépossédé les Américains de ce pouvoir. Très inspiré par celui de la Banque d’Angleterre, le fonctionnement de la FED est comparable au sien.
Ces organismes sont indépendants des pouvoirs exécutifs. En clair, cela signifie qu’ils font ce qu’ils veulent quand ils le veulent. Eux et seuls décident de la quantité de monnaie en circulation (monnaie fiduciaire) et des taux directeurs de leurs crédits (argent scriptural)
Toute l’arnaque consiste à faire croire aux peuples que ces banques centrales agissent au nom du peuple et pour le peuple via ses représentants élus alors que la réalité est très différente. Et le pire est que les peuples le croient encore. Ces banques sont des banques privées et sont contrôlées par le conseil des gouverneurs des banques auxquelles elles appartiennent. La vision prophétique de Jefferson prend alors tout son sens. Ceci explique également en partie pourquoi l’Angleterre n’a jamais fait partie de la zone euro.
La BCE est exactement sur le même modèle. Sous couvert d’avoir comme seul objectif le contrôle de l’inflation, la BCE exerce le contrôle de l’euro dans l’intérêt de ses actionnaires (cela ne surprendra personne d’apprendre que la Banque d’Angleterre est parmi eux).
Cette règle de fonctionnement ne lui permet pas de financer les dépenses publiques des états de la zone euro ni d’ajuster la valeur de la monnaie à un niveau qui permettrait aux plus endettés de « monétiser » leur dette. L’argent que la BCE prête aux banques à des taux ridiculement bas ne se retrouve pas ou peu dans l’économie mais sert essentiellement à alimenter la spéculation des marchés boursiers sans participer au financement des entreprises. Cette spéculation permet aux banques de s’enrichir encore davantage. Il suffit de regarder les résultats trimestriels des banques pour s’en convaincre. Certes, les marchés boursiers sont en hausse, comme Wall Street l’était au début de l’automne 1929, jusqu’au moment ou la FED a décidé de fermer le robinet du crédit. Les petits épargnants ont été ruinés par la chute des cours mais, rassurez-vous, les banques ont tout racheté au plus bas en faisant des bénéfices colossaux. Décidemment, Jefferson avait raison…
G. Collard et J. Goychman
Cher Maître,
Même si je partage votre analyse sur vos conclusions économiques, j’ai tout de même quelques réserves d’ordres techniques quant à battre monnaie pour effacer notre dette nationale.
Malheureusement, les veilles recettes économiques ne sont plus adaptées à la nouvelle donne du marché mondialisé.
L’Europe n’y est pas non plus pour grand chose étant donné que c’est toujours notre dette qui plombe nos marges de manœuvres.
Il ne nous reste guère de choix que d’établir une monnaie unique mondialisée. C’est d’ailleurs ce à quoi nous serons condamné si nous voulons définitivement affaiblir les marchés spéculatifs qui à la barbe de tous les états, font circuler l’argent par des circuits électroniques en jouant avec les cours des monnaies.
Je ne suis pas certain que de refermer nos pays et se replier sur nous même serait une solution durable.
Dans tous les cas, l’Europe nous a permis avec l’Euro de voir nos faiblesses et mis en évidence toutes nos erreurs économiques depuis trente années.
Respectueusement votre,
Marc COMBET
Compagnon du Devoir.
@ M M Combet
Cher Monsieur
Si vous le permettez, je vais vous répondre.
Le droit de battre monnaie est un attribut essentiel de la souveraineté d’un état. Il n’est pas question de « monétiser » notre dette mais déja de ne plus l’augmenter. C’est un résultat interessant car les sommes que nous consacrons au paiement des seuls intérêts et l’un des tout premiers poste des dépenses de l’état.
De plus, comme cela s’est fait lors du passage du franc à l’euro, la dette sera reconvertie automatiquement dans la nouvelle monnaie (francs ou tout autre monnaie que les français décideront d’adopter)
Pour des raisons de compétitivité, il faudra probablement dévaluer cette nouvelle monnaie par rapport à l’euro, dont la valeur est trop élevée par rapport à notre économie. Cette action diminuera d’autant le poids de notre dette.
Si nous ne faisons pas cela, nous devrons faire comme la Grèce ou l’Espagne et accepter une perte de ressources (salaires, retraites ou prestations sociales) du même ordre que la dévaluation, soit 15 à 20%
Sait-on que la Banque Nationale Suisse absorbe près de la moitié de la « dette » (scripturale, en M3) de l’Union Européenne? La BNS a conservé son devoir/pouvoir régalien de création de la monnaie ex-nihilo sous forme de rachats d’obligations souveraines (mais sans doute pourries) afin de maintenir le taux de change de 1,20 CHF pour 1 euro. Sous le terme valise « argent », il y a la masse monétaire M-1 (numéraire), la masse M-2 (dépôts privés et fonds propres) et la masse M-3 (crédits, ou monnaie scripturale). L’imposture fondamentale consiste à appliquer à M3 les règles valables pour M1 et M2 : remboursement (d’une simple écriture comptable!) plus versement d’un intérêt aboutissant à faire payer 2 ou 3 fois en fonds proprese de simples ouvertures de crédit ! Détails sur http://dbloud.free.fr/limposturemonetaire.htm et sur http://dbloud.free.fr/monnaie.htm
Merci de votre attention. D. Bloud (1941)