LA RENTRÉE OU LA SORTIE
Les frondeurs, c’est pour du beurre ; ils ont des dents, eux, mais ne mordront pas. Ils n’ont pas confiance en François Hollande et en Manuel Valls ; ils ont sifflé, hué, chahuté ce dernier. Ils ont même trouvé l’audace, vous imaginez, une audace dantoniste, d’accueillir dans l’amphithéâtre de la fac de lettres, pouponnière naturelle des socialistes, une Taubira plus excitée qu’une bouteille d’Orangina Molotov. Elle a nargué le Premier ministre, acceptant par avance, courageusement, les risques qu’elle sait ne pas courir. Devant les micros et les caméras le verbe s’est enflammé, crachant le feu d’accents révolutionnaires consumés depuis longtemps dans les cendriers nocturnes de la gauche caviar. Tout le monde était content, les frondeurs qui ont frondés et fondus, Taubira, la Louise Michel de la Rochelle, Montebourg, Basile détective, Valls, le conspué comblé.
Allez, ne rêvons pas hélas ! ils voteront, vous verrez, ils voteront la confiance à l’homme sans confiance, en toute bonne conscience républicaine. La trouille des urnes est plus forte que la brouille des hommes, que les insultes, que les haines, que l’idéal exotique d’une gauche à gauche, c’est-à-dire dans le vide sempiternel de ses objurgations, que ce Président « choisi par le hasard », mou, moribond, édenté maintenant, qui a besoin, selon son Premier ministre doulce tisane, « d’affection » ! Allo maman, bobo… Sparadrap premier a mal aux dents le pauvre !
Pendant ce temps, les Français ne rigolent plus ; ils préparent la rentrée avec au cœur un sentiment d’abandon et d’exténuation. Ils n’ont plus confiance dans la classe politique préoccupée de sa survie, de ses petits arrangements et de ses meurtres entre amis.
La société civile, tiers états d’aujourd’hui, qui n’a pas la garantie de l’emploi, qui ne peut être malade, qui ne connaît pas les trente- cinq heures, qui n’a pas de syndicats, qui souffrent des faillites et ses salariés avec elle, est à bout de souffle ; elle expire sous les feuilles d’impôts, les taxes, les contrôles, les tracasseries, les normes, la concurrence déloyale, la méfiance, voire l’insulte. Elle peine et bosse sans s’exprimer, trop obligée, au jour le jour, de tenir le coup.
Dans cette Assemblée nationale gorgée de fonctionnaires qui ne fonctionnent plus depuis des mandats, d’apparatchiks, « d’associatistes », de profs de morale à sens obtus, qui mesure la force de cette révolte dormante ? Qu’elle nous rejoigne dans un collectif de la société civile pour se faire entendre, pour la survie économique du pays, pour le courage des idées nouvelles. Rien ne changera, s’il manque la bravoure d’affronter la bourrasque des vérités violentes, de modifier les structures, de reconnaître les erreurs, de donner la parole au Peuple, de perdre les prébendes, de créer des contre-pouvoirs. La façade craque : désordre financier, impôts, jactance, bureaucratie, innovations lunaires, réforme des rythmes scolaires, loi Duflot, flop ! contrainte pénale, mariage pour tous, mensonges, chômage, infantilisme d’une certaine presse perroquet, guerre bancaire, menace intérieure, tout y est. La France coule à pic. Les allées du pouvoir deviennent les alcôves de Feydeau. On se vautre dans l’exhibition médiatique rentable. Attention le temps des vengeurs en onde pointe. La répudiée de la République lance le cri assassin du coucou dans un livre inacceptable, même si elle dit des vérités. Elle habille d’un peignoir le Président de la République, on ne peut pas s’en féliciter. Où est l’honneur ? Où est le respect de la France que pour notre honte François Hollande incarne ? Jusqu’à quand abusera-t-on de notre patience ?
Gilbert Collard
Député du Gard, Secrétaire Général du Rassemblement Bleu Marine