1944-2014 : quand l’histoire économique bégaie sur fond d’hégémonie US

Peu de médias se sont fait l’écho des conséquences concrètes de ce qu’il est convenu d’appeler le « mécanisme de supervision unique » (MRU ou SSM en anglais) qui centralisera à Francfort, dans le même immeuble que la Banque Centrale Européenne (BCE) la supervision des banques prévue dans le projet d’Union Bancaire européenne, supervision actuellement assurée – si l’on peut dire – par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution et ses diverses homologues.
Loin de nous, bien sûr, l’idée de penser que les banques n’ont pas besoin d’être surveillées, voire contrôlées : mais de là à mettre le loup dans la bergerie, ou le renard dans le poulailler, il y a plus qu’une nuance, surtout lorsque l’on connaît l’origine de ceux qui sont censés contrôler ces banques pour le compte de l’Union Européenne.
C’est ainsi que sur les quatre Directeurs adjoints qui seront chargés de la lourde responsabilité de superviser – c’est-à-dire de contrôler effectivement ce que les banques peuvent faire, ou non – seuls deux sont européens, l’un finlandais, et l’autre espagnol. Les deux autres sont germano-américains, et ont été formés aux Etats Unis, en y faisant l’essentiel de leur carrière, l’un à la Réserve Fédérale, l’autre dans une société de conseil.
La France, voire l’Europe, vassalisée ?
Nous n’y aurions pas nécessairement vu malice si ne nous étions souvenus d’un épisode de la dernière guerre qui avait particulièrement illustré la volonté hégémonique des Etats Unis – nos alliés de toujours – et la difficulté de s’y opposer. Il avait fallu toute la pugnacité du chef de la France Libre, un certain de Gaulle, pour s’opposer à ce que le dollar, à peine francisé, ne devienne la monnaie nationale française, 60 ans avant l’Euro.
Nous savions déjà que la BCE et plus généralement ceux que, à la suite des grecs, il est coutume d’appeler la troïka (BCE, Bruxelles, FMI ou encore Francfort, Bruxelles, Washington) a décidé de tout mettre en œuvre pour que les diverses souverainetés nationales disparaissent devant la construction d’une certaine Europe, en dessaisissant les pays membres de cette Europe de leur pouvoir monétaire, et maintenant bancaire.
Dans cette fédéralisation à marches forcées, fort peu démocratique, les candides pouvaient encore croire que l’objectif était de rendre cette future Europe plus forte, et donc plus indépendante dans une économie que certains pensent encore pouvoir être multipolaire.
Mais le masque est en train de tomber : les tentations hégémoniques des Etats Unis vis-à-vis de l’Europe n’ont jamais été aussi grandes, alors même que, du côté du Pacifique et de l’Asie, un nouveau géant, la Chine, montre plus que le bout de son nez, et que certains peuvent penser que la Russie pourrait faire un contre poids à ces deux géants.
Le rôle ambigu de l’AMGOT :
La nomination annoncée de plusieurs spécialistes américains du système bancaire – après la nomination d’un ancien de Goldman Sachs à la tête de la Banque Centrale Européenne – ne peut que nous faire craindre, 70 ans après, le retour de l’AMGOT (Allied Military Governement Of Occupied Territories)
Si cela se confirmait, Mario Draghi, à la tête de cette BCE, se serait révélé plus fort, ou plus malin, que Roosevelt : il est vrai que François Hollande n’est pas Charles de Gaulle, et que si ce dernier s’était opposé, avec succès, aux desiderata de Roosevelt et du commandant suprême en Europe des forces alliées, le général Eisenhower, cela ne semble pas être le cas de notre président actuel.
Rappelons les faits, que l’on peut retrouver sur Internet, (cf. http://http-normandie-1944.
Les Alliés, sous l’égide des Etats Unis, avaient décidé, en 1944, d’instaurer « l’AMGOT ( L’Allied Military Governement Of Occupied Territories), afin d’administrer les territoires fraîchement libérés, tous les pays étaient concernés [… afin] d’assurer le fonctionnement de l’administration dans l’attente de l’établissement d’un gouvernement légitime … » Seuls deux pays « libérables » s’y étaient opposés, le Danemark et … la France.
Pour gérer ainsi les pays libérés, des officiers, bi-nationaux, – sans doute pour ne pas effaroucher les pays libérés du nazisme mais en vue d’être mis sous tutelle américaine, un peu comme l’Allemagne allait l’être pendant des décennies – avaient été choisis et formés spécifiquement dans des universités américaines, « afin d’assurer tous les aspects de l’administration civile, des transports, de la justice en passant par la monnaie … ». L’astuce des stratèges américains était même allée, pour faire passer la pilule de la tutelle, jusqu’à choisir des officiers dont le patronyme pouvait faire croire qu’ils étaient français.
Dans le cadre de cet ‘AMGOT’, une monnaie spécifique avait été émise, pour chaque pays en instance de libération, par la Réserve Fédérale US , un dollar ‘tricolore’ dans le cas de la France – appelé parfois dollar ou billet ‘drapeau’ : en Algérie, département français libéré avant la métropole, il y avait même eu émission d’un ‘franc algérien’ émis au nom de la « Région économique de l’Algérie » et non de l’Algérie elle-même comme si, déjà, le sous-sol de l’Algérie intéressait davantage nos alliés que son régime politique proprement dit.
Pour revenir au « dollar français », ou au dollar marqué d’un drapeau tricolore, l’existence même de cette monnaie, emmenée dans les bagages des troupes débarquant en Normandie, et utilisée pendant quelques mois, avait été catégoriquement refusée par de Gaulle, qui en parle d’ailleurs dans ses ‘Mémoires de guerre’, et dénoncée par lui-même en tant que ‘fausse monnaie’ : »Les Troupes et les services qui s’apprêtent à débarquer sont munis d’une monnaie soi-disant française, fabriquée à l’étranger que le Gouvernement de la République ne reconnait absolument pas. »
Ce refus, historique, avait d’ailleurs été concrétisé dès le 8 juin 1944 par une sévère mise en garde adressée par le Gouvernement provisoire de la République française (GRPF) au gouvernement américain et britannique « le GRPF ne reconnait aucune valeur légale aux vignettes qui ont été mises en circulation sans son accord« .
Autres temps, autres mœurs : l’empire réattaque.
On ne peut bien sûr que louer la volonté d’indépendance et de souveraineté nationale affichées par les représentants de la France libre, au printemps 1944, et ce refus d’alignement. Il semble cependant que ce que nous préparent la BCE et la commission Européenne aillent bien plus loin que qui avait été imaginé par le président des Etats Unis et ses principaux conseillers.
De fait, ce qui avait été refusé par le gouvernement de la France, à un allié tout puissant, en période de guerre contre le nazisme – et qui sera concrétisé, en 1968-69, par le refus du même de Gaulle d’accepter la toute-puissance du dollar, en période de guerre froide – est en train d’être accepté, presque avec enthousiasme, par les tenants d’une Europe fédérale et supra-nationale, au nom d’une guerre pour le libre-échange et contre toute forme de protectionnisme.
Non seulement les pays de la zone Euro ne sont déjà plus maîtres de leur monnaie, ne disposent plus librement de leurs options budgétaires et fiscales, mais on va même leur imposer la supervision de leurs banques, et cette supervision va se faire par l’intermédiaire de spécialistes dont les attaches avec les Etats-Unis sont extrêmement fortes.
De fait, pour achever la comparaison avec les années 1944, voilà qu’on nous apprend que c’est un bi- national, germano-américain, Stefan Walter, qui a fait l’essentiel de sa carrière à la Réserve Fédérale de New-York, ‘inventeur’ par ailleurs de ‘Bâle III’ , qui s’occupera tout particulièrement de la supervision des grandes banques françaises …
Oui, vraiment, l’empire de la haute finance est bien de retour, accompagné d’une volonté hégémonique américaine qui, tel le phénix, renaît de ses cendres, en dépit des rodomontades passées d’un ex candidat devenu président.
par les professeurs Bruno Lemaire et Jean-Richard Sulzer, conseillers économiques de Marine Le Pen.
Ce n´est pas le capitalisme qui est devenu fou ou sauvage mais le socialisme. Aujourd´ hui, en France, l´état accapare 57% des richesses que nous produisons contre 40% en 1974. Et pour quel résultat? chomage de masse, misère, dette, fuites des cerveaux et une partie de la jeunesse sacrifié. Nous vivons dans un système ultrasocialiste ou tous le monde veut vivre au dépend de tout le monde. Le pire c´est que le citoyen ordinaire, abruti par une propagande (étatique) incessante en rafole et va élire à la mairie de Paris un représentent de la nouvelle noblesse, Anne Hidalgo retraité et rentière de 52 ans.