Il faut changer le peuple !
« Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut le dissoudre pour en élire un autre » écrivait Berthold Brecht dans son poème « La solution ».
Nos gouvernants semblent ne pas vouloir prendre, depuis près d’une décennie, la mesure de ce qui est en train de se passer dans ce que notre élite autoproclamée désigne, avec une certaine condescendance, les « couches populaires ».
Du haut de leur « olympe », le peuple est souvent assimilé à « la populace », sorte de magma informe toujours prêt à se révolter. Probablement en proie à ce qu’on pourrait désigner sous le nom de « syndrome de Jourdan de Launay »*, ils ne veulent pas entendre la clameur qui monte. Murés dans la certitude que ce peuple, qui ne comprend rien à rien, doit être dirigé par la contrainte et qu’il se rendra compte ensuite seulement de la chance qu’il a eu de voir s’intéresser à son sort des gens qui, préférant renoncer aux carrières miraculeuses auxquelles leur intelligence et leur parcours les prédestinaient, ont sacrifié cet avenir radieux aux dures conditions de la vie sous les lambris dorés de nos ministères.
Il s’est progressivement instauré dans les esprits des équipes gouvernementales, quel que soit leur bord, une sorte de fatalité suivant laquelle le fait de gouverner rendait impopulaire. Son élection obtenue, le président de la République nomme son gouvernement et ne se sent plus comptable des promesses faites durant sa campagne. Une lecture formelle de notre constitution l’y autorise. Cela peut aller jusqu’à une modification de ladite constitution sans en référer à son gardien suprême qui est le peuple. Nous l’avons vécu lorsque Nicolas Sarkozy a réuni le Congrès afin que la ratification des traités européens ne soit plus soumise à un référendum.
Comme disait le sapeur Camembert, « passées les bornes, il n’y a plus de limites ».
Or, dans l’esprit même de notre constitution, du moins telle que l’interprétait le général de Gaulle, le pouvoir du président de la République, élu au suffrage universel depuis 1965, lui est donné directement par le Peuple Français. Cela implique, si on ne veut pas tomber dans la dictature, que sur certains sujets, notamment ceux qui engagent l’avenir de la Nation et de la Société, le peuple soit consulté directement. Faute de quoi pendant la durée de son mandat le président pourrait régner en despote, ce qui n’est conforme à ni à la rédaction de notre constitution –le peuple est seul souverain- (art 3) ni à son esprit.
S’affranchir de ces contingences peut mener au chaos. Magistrat à la Cour des Comptes et avocat, François Hollande ne peut ignorer ni le verbe, ni l’esprit de notre texte fondateur. On pouvait s’attendre à ce qu’il corrige les excès de son prédécesseur. Que nenni ! Le président « normal » a, au contraire, utilisé le précédent pour faire ratifier par le Parlement le traité budgétaire de 2012. Ce traité, outre une perte évidente de souveraineté (que seul le peuple français peut exercer) engage manifestement l’avenir de notre pays. D’autant plus que le candidat Hollande n’avait pas ménagé ses critiques à l’encontre de ce texte, critiquant notamment le manque de prise en compte de la croissance dans ses objectifs.
On ne peut feindre d’ignorer indéfiniment la réalité de la situation dans laquelle se trouve notre pays. Notre peuple a perdu à la fois la confiance qu’il avait dans ses dirigeants et l’espoir de voir les choses s’améliorer.
Nous sommes, sur le plan économique, à la croisée des chemins. Un récent sondage, publié dans Marianne, montre que la classe des ouvriers et employés, touchée de plein fouet par les transferts d’activité qu’entraîne la « mondialisation » est de plus en plus opposée à cette conception néo-libérale de l’économie. L’euro cristallisant en quelque sorte cette soumission à la finance internationale qui caractérise la « bien-pensance » économique, il n’est pas anormal de constater qu’une majorité de personnes parmi ces catégories désirent que notre pays quitte la zone euro.
Plutôt que de répondre d’une façon péremptoire et non-convaincante en décrétant catastrophiques les conséquences d’une telle décision, considérée comme une « folie », nos gouvernants devraient plutôt s’inspirer de la position britannique.
Le gouvernement de David Cameron, sentant l’ « euroscepticisme » croissant du peuple anglais, envisage d’effectuer un référendum sur le sujet.
Pourtant personne ne semble mettre en doute les facultés mentales du 1er ministre britannique.
Faire diversion aux vrais problèmes auxquels se trouvent confrontés les français en évoquant des problèmes « sociétaux » comme le mariage « gay », l’avortement ou l’égalité entre sexes ne peut qu’augmenter ce sentiment que nous ressentons d’être gouvernés par des doctrinaires et non des gens pragmatiques. Ne pas vouloir se soumettre à la décision du peuple lorsque le simple bon-sens l’impose peut être lourd de conséquences. Ce problème du maintien de notre pays à l’intérieur d’une zone monétaire qui lui ôte le moyen important d’adaptation à l’environnement économique qu’est le contrôle de la monnaie est pourtant capital. Nier son existence ne le résoudra pas. Penser que l’irréversibilité de cette situation viendra avec la lassitude et le temps est voué à l’échec. Pourquoi proposer un référendum sur l’entrée de la Turquie dans l’union européenne et ne pas vouloir le faire sur le maintien dans la zone euro ?
« Il n’est pire déformation de l’esprit que de voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient » (Ch de Gaulle)
*Bernard René Jourdain de Launay était gouverneur de la Bastille le 14 juillet 1789. Les émeutiers parisiens ont vu en lui l’incarnation du pouvoir royal et l’ont lynché. Sa tête a été ensuite mise sur une pique en tant que trophée.
Gilbert Collard et Jean Goychman
la sortie de l’euro ne risquerait elle pas » d’affoler » nos investisseurs qui prêtent à la France l’argent qui lui manque ?
Marine le Pen prône un protectionnisme intelligent , et là, je suis de son avis . L’industrie française s’est réduite comme une peau de chagrin , et des pans entiers ont disparus totalement, alors , oui à une préférence nationale pour l’attribution des marchés publics.
Un retour négocié aux 39 heures , et une modification des seuils comme par exemple celui qui impose la création d’ un C.E quand une entreprise passe le seuil des 50 salariés, dynamiserait l’embauche de salariés, et rendraient nos entreprise plus compétitives .
Mais bien sur il faut avoir le courage politique pour proposer de telles réformes ………..