Il n’existe pas de problème que l’absence de solution n’ait fini par résoudre…
Cette jolie formule nous vient de l’inoxydable homme politique que fut Henri Queuille. Il alterna les fonctions de parlementaire et de membre du gouvernement sous la 3ème République. Elu de la circonscription d’Ussel, dans la Corrèze, il laissa le souvenir (à tort ou à raison) d’être un orfèvre de l’ « immobilisme » c’est-à-dire de donner l’impression d’avancer en faisant, tel le mime Marceau, du sur-place. Cette phrase est dans la lignée de celle d’André Tardieu qui reprochait à Aristide Briand sa politique du « chien crevé au fil de l’eau » qui peut encore se décliner en « agitation de la girouette ».
De quoi s’agit-il dans les faits ?
Lorsqu’un dirigeant politique, prenons au hasard M Hollande, président de la République, voit sa popularité baisser auprès de ses électeurs, il se demande quel type d’action il pourrait entreprendre pour se rendre plus populaire. Homme d’expérience, rompu au jeu du « théâtre politique », il sait qu’il n’a plus le pouvoir nécessaire pour peser sur le cours des choses. Le transfert progressif de la capacité qu’avait de Gaulle à décider et orienter la politique française vers cette entité au contour mal défini car en constante évolution qu’est devenue l’Union Européenne ne lui laisse plus (ou presque) de marge de manœuvre. Cette situation, loin de le gêner, semble plutôt l’arranger en lui évitant d’avoir à décider. Il appartient de toute évidence, à cette catégorie de gens qui n’aiment pas s’engager dans une direction plutôt que dans une autre. Pour lui, le choix s’apparente à un renoncement.
Seulement voilà, il faut qu’il joue sa partition. C’est lui la vedette. Du haut de l’Olympe, Zeus doit tonner. Même si cela l’ennuie, il est prisonnier de sa fonction. De plus, des échéances électorales approchent. Les « gens du peuple », qui croient encore, « aux valeurs absolues des choses et des hommes » vont aller voter. Bien que non concerné directement par ce rite démocratique, il en craint les effets secondaires. Ainsi poussé par les évènements, il doit donc énoncer et annoncer un programme d’actions auxquelles il ne croit probablement pas lui-même. Et cela se sent. Feignant de croire à un hypothétique redressement économique de notre pays qui se traduirait par une réelle croissance, il ressort à peine dépoussiérées des propositions qui, telles les potions miracles, devraient à elles-seules faire ressurgir une croissance perdue depuis près de dix ans. Or, ces remèdes, même s’ils sont évoqués comme moyen de négociation par les représentants des chefs d’entreprises, n’ont jamais eu d’effet notable sur l’emploi. Pourtant la lutte contre le chômage est présentée comme primordiale dans son discours. Cela ne mange pas de pain et fait plaisir à ceux qui croient encore notre Président socialiste. Il est évident que tout entrepreneur cherchera le moyen d’augmenter sa marge de bénéfice. Cette marge est une différence directe entre les charges (ce que doit payer ou prévoir de payer l’entreprise) et les recettes (ce qu’encaisse l’entreprise). De telles mesures, qui vont diminuer la contribution des entreprises au système de protection sociale, impliqueront une augmentation des autres prélèvements existants, voire la création d’autres sources. Mais, hormis cet aspect –passé sous silence- on ne voit pas en quoi leur application conduirait mécaniquement les entreprises à embaucher.
La plupart d’entre-elles sont en sureffectif, comme cela est généralement le cas dans une période de difficultés économiques. Les patrons, du moins les vrais, pas les gestionnaires rapportés qui ont l’œil rivé sur le résultat financier ou le cours du titre, savent combien il est difficile de reconstituer une équipe de production compétente et homogène lorsqu’on doit se séparer d’un certain nombre d’éléments. Une augmentation de la charge de travail ne fera que réajuster le potentiel dans la plupart des cas.
Tout cela, François Hollande le sait bien. Mais pour lui, le problème n’est pas tant de baisser le taux du chômage, mais de faire croire qu’il peut le baisser. Ces « grand’ messes » baptisées « conférences de presse » ne servent d’ailleurs qu’à cela. Il nous a parlé l’an passé « d’inversion de courbe du chômage » ce qui ne veut rien dire, mais sonne mieux que « l’inversion du signe de la dérivée de la courbe ». De toutes façons, aucune importance puisque, quelle que soit la formulation, le chômage a continué d’augmenter.
En fait, l’essentiel dans tout cela, c’est de donner l’impression au « bon peuple » que, grâce aux actions qu’on va entreprendre, les choses vont s’améliorer. Il donne le sentiment qu’il s’en remet plutôt à la « Providence » pour sortir du marasme, pensant, comme Henri Queuille, « Qu’il n’existe pas de problème que l’absence de solution n’ait fini par résoudre… »
Pourtant, il y aurait bien des choses à faire, des décisions à prendre. Mais celles-ci supposeraient qu’on les aborde sans tabou d’aucune sorte. L’analyse des causes a été faite mais s’heurtée au mur de la « bien-pensance ».
On peut conclure que, pour ceux qui nous gouvernent depuis quarante ans, aller vers la mondialisation à « marche forcée » est un objectif autrement plus important que le sort du peuple.
Gilbert Collard et Jean Goychman
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Merci et bonne continuation , Messieurs.
Cette phrase résume tout:
» Lorsqu’un dirigeant politique, prenons au hasard M Hollande, président de la République, voit sa popularité baisser auprès de ses électeurs, il se demande quel type d’action il pourrait entreprendre pour se rendre plus populaire « .
La visite au Vatican? Tandis que le feuilleton Valérie devient de plus en plus public. Populaire? D’une déclinaison de populisme qui insulte notre patriotisme. De médias qui citant Marine doivent trembler de leur niche fiscale et autres priviléges nauséabonds de connaître les secrets d’alcôves!
D’ici Dimanche quel événements?
Bonne fin de semaine à tous … Bientôt les urnes … Des élus de proximités 2014. Mais surtout celles » Suprafranco – européenne »!
Correction, pardon, quel événement.