Jean Goychman – Le grand foutoir européen
J’avoue humblement ne pas comprendre grand’chose à ce qui se passe en Europe. Au rythme quasi-hebdomadaire d’un « sommet pour la dernière chance » qui se termine systématiquement par des communiqués de victoire tonitruants, où en sommes-nous exactement ?
Commençons par ce qu’ils appellent le « Brexit ». D’abord, pourquoi Brexit ? D’où vient ce vocable inconnu ? Il parait que c’est par analogie avec le Grexit, très en vogue l’été dernier et qui était la contraction de « Greece exit ». Très bien, on peut comprendre, le temps des fonctionnaires européens est tellement précieux que, pour l’économiser, ils doivent contracter les mots. Passons sur la forme et examinons le fond de l’affaire. Le Premier Ministre anglais, David Cameron, déclare il y a un an que son pays pourrait, avec regret naturellement, être conduit à envisager de quitter l’Union Européenne si celle-ci ne se montrait pas plus « compréhensive » à son égard. Voilà une chose qu’elle est intéressante, comme aurait dit Coluche. Après avoir fait des pieds et des mains pour tenter de rentrer dans le Marché Commun et s’être heurtés au refus poli mais définitif de de Gaulle, après avoir essayé de couler le dit-marché commun en créant leur propre zone de libre-échange en Europe du Nord, l’EFTA (1) fondée à Stockholm en 1959, ils s’y sont introduits en 1973.
Après plus de quatre décennies de relations plus ou moins tendues avec les institutions européennes, ayant déjà obtenu un statut très particulier sur lequel les dirigeants des pays européens ont choisis de fermer les yeux, avoir systématiquement refusé tout ce qui pouvait réduire leur souveraineté, ils ont exprimé, par la voix de leur Premier Ministre, un discours qui s’apparente plus à un chantage qu’à autre chose. Si l’Union Européenne était ce qu’elle prétend être, elle aurait dû se montrer beaucoup plus ferme et refuser d’entamer la moindre discussion. L’Angleterre aurait eu le choix entre se soumettre ou partir et les choses étaient claires.
Seulement, l’Union Européenne tient plutôt d’un rassemblement de « copains » qui se retrouvent autour d’une table (pour ne pas dire « à table ») à intervalles réguliers et qui, oubliant quelque peu les peuples qui les ont élus, décident entre eux de la prochaine réunion en laissant à « l’air du temps » le soin de fixer le prochain ordre du jour. Alors, on a eu l’Ukraine, puis la Grèce, puis l’Iran, la Syrie et ses réfugiés et maintenant l’Angleterre et ce petit farceur de David qui veut faire un référendum. Un référendum, mais quelle horreur !
Demander à la populace de donner un avis, il n’y avait que les Français, dont on sait qu’ils sont bizarres, ou les Suisses, qui sont indéchiffrables, pour faire un truc pareil. D’ailleurs, la Suisse n’est pas dans l’Union Européenne et les Français sont contournables par leurs dirigeants car ils trouvent toujours une astuce pour transformer une déroute en victoire. Quant aux Grecs, qui ont voulu s’’y aventurer, on leur a vite tordu le cou, histoire de montrer qui c’était qui commandait…
Mais les Anglais ? Voilà une nation qui fonctionne depuis des siècles avec une Constitution non écrite et dont les règles de Droit sont issues directement des coutumes, mais auxquelles personne ne pourrait envisager de déroger. Contourner un référendum pour s’opposer à la volonté du peuple Anglais est tout bonnement inimaginable.
D’un autre côté, le départ de l’Angleterre risque de faire des émules. Et puis, ils cotisent quand même au pot commun. Que voulez-vous, il faut bien que les artistes vivent. Alors, après tout, on peut bien examiner ses demandes, ça fera une occasion de faire « une bouffe » ensemble. On va même y passer une nuit, histoire que les médias montrent aux bons peuples à quel point nous ne comptons pas notre peine pour eux. Bref, après la dramatisation des enjeux et du « suspens » hitchcockien de l’issue, nous avons, comme d’habitude, droit à la séquence de « l’Europe est sauvée » chantée en chœur par les protagonistes.
Côté migrants, les choses n’apparaissent guère plus simples. Finie la belle fraternité des dirigeants qui faisaient assaut de générosité. C’était une sorte de compétition pour savoir qui en prendrait le plus. La Chancelière Merkel avait réussi à enlever le lot avec une enchère à un million qui n’a pas trouvé de mieux-disant. Ce combat de titans avait laissé à l’écart un certain nombre de pays dont le seul tort était de se trouver sur la route qui va de la Syrie et de l’Irak jusqu’à l’Allemagne. Ces pays-là, devant un tel afflux qu’ils ne pouvaient plus endiguer, et lassés de voir le téléphone de l’Europe sonner dans le vide, ont décidé d’agir par eux-mêmes.
L’adieu à Schengen, impensable il y a quelques semaines encore, n’a pris que quelques jours.
Là encore, le silence européen s’est fait assourdissant. Aux dernières nouvelles, vla t-y-pas que c’est la Belgique, pourtant considérée comme une championne du libre-passage, qui a rétablie ses postes-frontières et les contrôle afférents. Et devinez pourquoi ? A cause de ce qui risquait de se passer à Calais avec la fermeture judiciaire de ce camp de réfugiés surnommé « la jungle »
Et le plus drôle, c’est que cela ne décourage pas les apôtres du grand fédéralisme. Ils perçoivent dans la situation actuelle un « déficit d’Europe » Et ils essayent de nous en remettre une couche. De toutes façons, dès qu’un nouveau problème surgit, il faut plus d’Europe. Les migrants, plus d’Europe. Le chômage, plus d’Europe, les agriculteurs, plus d’Europe, les « évasions fiscales, plus d’Europe » Vous avez compris, c’est devenu une sorte de « leitmotiv »
Il convient quand même de leur rappeler que, si l’Europe est devenue ce « capharnaüm » que nous connaissons aujourd’hui, il aurait pu en être autrement. Une occasion probablement unique a été manquée au moment de la ratification par le Bundestag du fameux « Traité d’amitié » signé par de Gaulle et Adenauer le 20 janvier 1963. Pourquoi les députés allemands ont-ils, sous la pression de Kennedy, adopté un préambule qui littéralement, vidait ce traité de sa substance ? Mitterrand disait : « les vieux péchés ont de longues ombres »
Ils établissaient alors le signe manifeste de leur soumission à l’Amérique, qui cherchait uniquement à cantonner l’Europe dans une zone de libre-échange dont le périmètre serait défini au fil du temps en fonction de leurs intérêts, principalement liés à l’évolution de le « guerre froide ». L’instrument de contrôle dudit périmètre étant l’OTAN, il ne faut pas s’étonner de l’évolution de l’Union Européenne.
Rappelons simplement que ce traité ne mentionnait ni les Etats-Unis, ni l’OTAN, ni l’Angleterre. Il s’agissait simplement de commencer une « Europe des Nations » par une coopération internationale ente le France et l’Allemagne établie à différents niveaux en fonctions des domaines de compétences respectifs. C’est la raison pour laquelle le champ de ce traité était resté ouvert et que d’autres nations, au fil du temps, auraient pu y adhérer. Tel ne fut pas le cas.
La plupart des dirigeants européens, tous issus du moule libéral promu à dessein par les Etats-Unis par différents organismes relais, ont préféré s’engager dans la voie apparente d’un pseudo fédéralisme, en s’appuyant sur le succès des Etats-Unis, pris en tant que fédération d’Etats et non de nation. Mais dans sa réalité, cette démarche nous a mis sur la route d’un mondialisme qui, à défaut d’être heureux, conduit l’Europe à sa désintégration.
Nous sommes en train de passer d’un monde « mono polaire » dominé depuis 70 ans par la puissance économique et financière américaine à un monde « multi polaire » dans lequel l’Europe n’aura pas de place en tant que pôle. C’est apparemment, ce que les Anglais ont compris et ils préfèrent probablement rentrer dans la future zone euro atlantique seuls en tant qu’Etat indépendant plutôt qu’amarrés à une Europe en train de couler.
Jean Goychman
(1) EFTA (European Free Trade Association) regroupait en 1960 l’Angleterre avec les pays de la péninsule Scandinave (Danemark, Suède et Norvège) ainsi que la Suisse, l’Autriche et le Portugal. Elle fut rejointe en 1970 par l’Islande, en 1986 par la Finlande et en 1991 par le Liechtenstein. En 1973, l’Angleterre et le Danemark l’ont quitté, puis progressivement jusqu’en 1995, tous les autres pays de l’EFTA ont rejoint l’U E.
Voilà, décrit par le menu, l’exacte situation de l’Europe d’aujourd’hui ! J’ai lu l’éditorial de l’Est Républicain d’aujourd’hui où l’on y parle de schengen et de la mise en garde de Pierre JOXE à François MITTERRAND sur les dangers de cet espace (c’était il y a trente ans), lequel François MITTERRAND aurait envoyé « paître » monsieur JOXE en quelque sorte alors que ce dernier avait raison car on le voit maintenant ! Nous sommes sur le Titanic Europe en train de faire naufrage et un certain nombre de pays ont pris des dispositions en fermant leurs frontières (pas la France ou si peu curieusement) ! Cette Europe est un beau foutoir et est en passe de s’effondrer ! Bravo à tous ces euro-béats qui y croient encore car ils sont bien seuls ! Plus personne au sein des différents peuples des pays qui composent cette Europe moribonde n’y croit ! D’ailleurs, tous les pays qui composent cette Europe subissent de plein fouet les obligations qu’ils ont de s’aligner (vers le bas) et cela ne fait que nuire dans tous les domaines ! Monsieur MOSCOVICI, eurocrate convaincu (surtout parce qu’il tient à son poste et craint d’être éjecté si l’Europe implosait !) déclarait encore il y a peu que l’immigration était une chance pour l’Europe : c’est hallucinant d’entendre de telles inepties !