Jean Goychman – Mais qu’ont-ils fait de notre pays ?

J’ai commencé ma vie professionnelle en 1972. J’avais 24 ans. La France était belle. Nous vivions sur l’héritage gaullien. Ingénieur spécialisé dans l’aéronautique, j’étais mu par un bel enthousiasme et de grands espoirs que je partageais avec mes condisciples. Concorde volait depuis trois ans, l’Airbus venait d’accomplir son premier vol, les grandes firmes aéronautiques nous accueillaient à bras ouverts. Bref, tout allait bien. Nous étions fiers d’être français. Nous avions une réelle expertise dans le monde des transports, l’Aérotrain était sur son rail, le futur train à grande vitesse, pourtant véritable défi en matière de ferroviaire, commençait ses premiers essais.
Puis vint 1973. Année funeste à plusieurs titres. Cela commence, juste après le jour de l’An, mais c’était probablement voulu par ses promoteurs, par la promulgation d’une petite loi, insignifiante en apparence, mais dont les conséquences allaient devenir incalculables, au plein sens du terme. Il s’agissait ni plus ni moins que de dévier le fonctionnement du financement de notre Etat, jusque-là réalisé par la Banque de France qui encaissait les « bons du Trésor »
en émettant en contrepartie des beaux billets tout neufs, en confiant dorénavant à des banques privées le soin de financer la part des dépenses publiques que les recettes de l’Etat ne suffisaient pas à couvrir. Il faut toujours se méfier de ces petites lois, apparemment sans grande portée, mais dont les effets pernicieux n’apparaissent qu’avec le temps.
Certes, on nous a expliqué rétroactivement que cette loi n’était en fait que la régularisation d’un « état de fait » et que les hommes politiques sont par nature des « paniers percés » qui font marcher la « planche à billets à tire-larigot » pour donner libre-cours à leur démagogie galopante, et qu’il vaut mieux confier à des banquiers, gens sérieux et austères par excellence, le soin de s’occuper de nos finances publiques. Bien sûr, il fallait payer des intérêts, petite différence que nous allions payer au prix fort au fil du temps puisque le cumul des intérêts que nous avons versés, par le truchement de l’impôt, s’élève à peu de choses près, au montant de notre dette publique. (1) (Chaque année, l’ensemble des pays de la zone euro reverse environ 400 milliards d’euros d’intérêts aux banques)
Mais 1973 fut également l’année du « choc pétrolier ». Présenté au « petit peuple » comme une réaction des vilains émirs arabes à l’attitude hostile de l’Etat d’Israël envers les le peuple palestinien, nous avons riposté par des slogans « cocorico » du style : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Innocents que nous étions, aveuglés par une classe politique déjà prête à obéir aux injonctions d’une Amérique libérée du carcan de la parité dollar-or et qui avait compris que son avenir passait par une certaine docilité envers la première puissance mondiale.
Longtemps considérés à dessein comme indépendants, ces deux évènements sont pourtant intimement liés. L’abandon de la convertibilité en or du dollar a permis à la Réserve Fédérale(2) d’imprimer sans limite les billets américains, et c’était un préalable nécessaire à l’augmentation du cours du pétrole, qui se négociait uniquement en dollars (3). D’autant plus que les Etats-Unis avaient pris soin de négocier pour eux un tarif de faveur pour le pétrole qu’ils importaient en économisant ainsi leurs réserves. Pour notre pays, la « descente aux enfers » commençait. L’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, après le décès de Georges Pompidou, allait accélérer les choses. Bien que « grand argentier » de de Gaulle durant des années, il apparut vite qu’il n’en partageait pas les idées. Libéral et « européiste », fédéraliste convaincu, il rêvait probablement, comme l’écrit Philippe de Villiers « que, de l’émergence des Etats-Unis d’Europe, lui viendrait un second destin, celui d’un Georges Washington » (4)
Ayant voulu gouverner au « centre », éternelle chimère de ceux qui veulent cacher leurs ambitions réelles, Giscard a fait le lit des socialistes et François Mitterrand, l’ayant compris très rapidement, s’empressa d’utiliser cette « indétermination » et fut élu en 1981. N’ayant pas de programme économique réel, mais ayant atteint son seul objectif qui était d’exercer le pouvoir, il donna cependant quelques miettes à son électorat pour le remercier, mais fut rapidement rappelé à l’ordre par les réalités. Peut-être eut-il été encore temps de rompre avec le septennat précédent en « renationalisant » la Banque de France ? Le gouvernement ne fit que nationaliser les banques, comme pour donner le change à l’électorat communiste qui crut y voir l’ombre du « grand soir ». Hormis cette poudre aux yeux, la désindustrialisation se poursuivit et, jugé contraire à la morale socialiste, même le secteur de l’armement, dans lequel notre pays avait pourtant acquis une certaine notoriété, fut touché à son tour, pour le grand bénéfice de nos « amis » américains…
Sans refaire pas à pas toute l’histoire de ces quarante dernières années, il apparaît une double constante dans le comportement de nos dirigeants. Sortant pratiquement tous de la même fabrique, ils ont tous des fonctionnements similaires. Dans leur esprit, le pouvoir politique s’est progressivement effacé devant un pouvoir économique dont ils se sont laissé complaisamment déposséder au fil du temps. N’ayant pas d’autre conviction que celle qui consiste à se dire qu’exercer le pouvoir est mieux que de le subir, il ont fait de sa conquête une finalité. N’ayant ni vision ni imagination pour pouvoir discerner la possibilité de s’engager dans une voie réellement novatrice, résignés à continuer dans une direction qui ne peut qu’accentuer le déclin de notre pays, ils se contentent de nous persuader que c’est la seule possible.
Mais cette volonté de ne pas agir se double également d’une incapacité à le faire. L’accès au pouvoir étant très fortement conditionné par la « médiatisation » précédant l’élection, cette médiatisation n’est possible que si l’oligarchie financière qui s’est approprié l’ensemble des médias soutient, voire ordonne la démarche. Ainsi dépendant de ce pouvoir oligarchique, ils ont abdiqué par anticipation et n’en sont plus que les relais dans l’opinion publique. Ils sont ainsi tous libéraux, fédéralistes et mondialistes et vont jusqu’à oublier que la France existe encore.
Cependant, il serait injuste de penser que seuls les politiques sont à l’origine de ce qui s’avère être un désastre économique. Ils ont été fortement « aidés » par les dirigeants d’entreprise qu’eux-mêmes ont mis en place. Pour la plupart issus des grandes écoles de la République, membres de cabinets ministériels dans lesquels ils ont essentiellement acquis l’entregent nécessaire à la poursuite de leurs brillantes carrières, ils se retrouvent vers la quarantaine dans les fauteuils de PDG des entreprises qui sont devenus, au fil du temps, une forme de colonisation de la Nation par l’Etat. Ne connaissant dans le détail ni l’entreprise dans laquelle ils sont nommés –en apparence par le Conseil d’Administration- mais dans la réalité par le pouvoir politique, ni les produits qu’elle commercialise, ni même les processus nécessaires à leur élaboration, ils sont immédiatement « pris en charge » par le « niveau N-1» (5) qui leur raconte ce qui les arrange. En général, leurs contacts avec l’entreprise sont circonscrits à ce niveau. Dès que les comptes de l’entreprise penchent vers le rouge, ils appliquent toujours les mêmes recettes, les seules qu’ils connaissent, à savoir diminuer la masse salariale, souvent au détriment de l’activité. L’entreprise va ainsi perdre des parts d’un marché de plus en plus difficile à reconquérir, et, lorsque la situation devient désespérée, certains se lancent dans la « croissance externe » Ils demandent alors à l’Etat, redevenu, le temps d’éviter une faillite retentissante, de redevenir le « père nourricier » dont, en tant que purs libéraux, ils ont tant décriés l’action. Mais tout ceci à toujours un coût. Ce coût est financé par les emprunts et augmente encore nos dettes.
De toute évidence, nos dirigeants politiques qui se sont partagé les attributs du pouvoir, à défaut du pouvoir en tant que tel, n’ont comme unique ambition que de prolonger cette situation. Ils signent « pour la galerie » des traités européens qu’ils se dispenseront d’appliquer, mais leur seule préoccupation est d’empêcher le Front National d’arriver au pouvoir. Pour cela, ils sont prêts à peu près à tout, y compris à piétiner ce qui reste de démocratie dans ce pays. Ne se résignant pas à devoir céder leur place, ils tentent de répandre la terreur en décrivant la situation catastrophique que connaitrait le pays si le programme économique du FN était appliqué. Cela ne manque pas d’un certain humour, lorsqu’on voit l’état actuel de la France…
Ces grands démocrates ne reculent pas non plus devant l’éventualité de la fusion des listes régionales des partis dits « de gouvernement » entre le premier et le second tour, tout en déniant le terme UMPS avec lequel Marine Le Pen qualifie ce regroupement improbable.
Mais hormis cette critique permanente, cette peur agitée telle un épouvantail, que nous proposent exactement ces formations ? Plus d’Europe et plus d’austérité uniquement. C’est ainsi qu’on voit un premier ministre –déclaré socialiste- s’attaquer en priorité non pas à la création de nouveaux emplois, mais à une réforme du code du travail. Apparemment, on continue dans les mêmes errements. Le taux de chômage que connaît notre pays n’est pas dû, d’après eux, au manque de plan de charge ou à la maigreur du carnet de commandes de nos entreprises, mais au code du travail, qui ne permettrait pas de licencier aussi facilement que certains le voudraient. Il faudra quand même que quelqu’un se dévoue pour nous l’expliquer…
Enfin, courageux mais pas téméraires, ils n’ont cependant pas osé s’attaquer aux 35 heures, non par sollicitude, mais par calcul politique, alors que c’est probablement la chose la plus intelligente à faire, à condition de le faire bien.
Alors, je crois qu’il est grand temps de prendre en compte la réalité de notre situation avant qu’elle ne devienne réellement irréversible et de désigner nos futurs représentants non plus en raison des « aversions intéressées » de tel ou tel parti envers tel autre, mais en fonction des programmes et projets proposés. La démocratie se mérite, et, si elle donne beaucoup de droits, elle impose également des devoirs. Quarante et quelques années de promesses non tenues et de « chants des sirènes » ininterrompus, cela devient excessif.
(1) La dette publique française s’élève à environ 2.000 milliards d’euros et sa progression
ne dépend pas, jusqu’à présent, de la tendance politique de nos dirigeants.
(2) La Reserve fédérale, appelée FED, est la banque centrale américaine. Née en 1913, c’est un organisme privé indépendant de l’exécutif
(3) Les accords de Bretton Woods de 1945 ont consacré le dollar comme monnaie de réserve internationale. L’abandon de la parité-or aurait dû rendre caduques ces accords, mais ce ne fut pas le cas.
(4) Philippe de Villiers « le moment est venu de dire ce que j’ai vu » 2015 Ed Albin Michel
(5) Dans le jargon des grandes entreprises, le niveau « 1 » est celui du PDG, Le niveau des directeurs est « N-1 » et ainsi de suite pour désigner la pyramide hiérarchique
Jean Goychman
Merci pour cette excellente présentation de la situation de notre pays depuis un certain nombre de décennies ! Les dirigeants des partis au pouvoir depuis tant d’années (UMPS comme les appelle Marine Le Pen) n’ont qu’un seul objectif : garder leur fauteuil le plus longtemps possible quitte à proposer tout et surtout n’importe quoi ! Quand nous autres Français allons nous nous réveiller pour donner un grand coup dans la fourmilière ! Moi c’est fait !
Bonsoir oui je me souviens le désir profond de réaliser de grandes choses dans ce pays
Moi très fière de faire mon entrée dans le meilleur système de santé du monde des
Enseignants d une qualité exceptionnelles des cliniciens de classe d une culture non
Seulement medicale mais générale j ai appartenu a cette classe de carabins dont je suis
Fière et ne regretterai jamais tout le savoir appris de mes grands maîtres. Des cours
Magistraux d une qualité a nulle autre pareille et j étais fière d être française et de
Partager ce savoir avec mes amis et de pouvoir par la suite exercer une fonction de
Qualité faisant honneur a ceux qui m avaient formée et qui me permettraient de sauver
Des vies humaines. Les relations que nous avions avec nos maîtres le respect qu ils nous
Enseignaient au lit du malade et que l on ne peut oublier et la grande leçon de la vie
Que l on découvre a 18 ans lors des premiers visites a la morgue inoubliable qui marquent toute une vie. Puis quelle déception malgré la grande satisfaction des progrès
Techniques de cette dégradation du système des technocrates qui ont voulu nous
Imposer leur rigidité et leur obsessionnalite ou le malade devient le numéro 2 chambre3
et la j ai senti et vécu ce virage comme la grand perte de l humain je ne me suis pas trompée et les commémorations hypocrites les discours au Pantheon il y a quelques mois les cérémonies aux invalides pour nos soldats rapatriés et décorés du Mali ou
d ailleurs quelle triste image de ma France d aujourd hui ? Quel masque qui veut nous
Faire croire a l affectivité alors qu il s agit d une mascarade d un creux du vide ou une
compassion de rigueur et de circonstance voudrait nous émouvoir alors que c est la
pire situation de l irrespect devant la disparition des êtres humains qui dégagent une
Infinie tristesse et le silence et le recueillement seraient la plus noble des attitudes.
Ce que nous vivons aujourd hui dans la dégradation sur tous les plans de la situation de
la France et l invasion qui commence et laisse se profiler une situation tragique la disparition de notre identite de nos valeurs de notre culture de notre civilisation de nos
racines de nos églises avec leurs clochers qui tombent en ruine et que l on veut utiliser
comme des mosquées ou construire des mosquées et transformer le paysage de nos
campagnes tout cela fend le cœur. Les français vont ils se réveiller et prendre conscience
de tout cela.??!!
M. Goychman, nous avons à peu près le même âge et je pense la même chose que vous depuis une bonne quarantaine d’années et que l’espoir de voir de nouvelles têtes ont bien déçu les Français.. Seul point de désaccord car j’en ai un tout de même c’est que la situation me semble déjà irréversible sans changement radical de ce système politique « pourri » par le pouvoir et l’argent.. Il faut donc assainir la classe politique et lui redonner le pouvoir au nom de tous les Français et non pour quelques uns. Si le souverainisme monte c’est que le libéralisme a ravagé plus que la dernière guerre mondiale et il mourra sinon c’est le monde qui ne survivra plus..
BONNE PRESENTATION DES EVENEMENTS .
NOUS SOMMES EN EFFET, DEVENUS LES SUJETS SANS CONDITION, DES BANQUES, CE QUI AURAIT DÛ ÊTRE A TOUT PRIX EVITE!!! PARTANT DE LA , TOUS NOS MALHEURS ETAIENT PLAUSIBLES .
VIVEMENT QU’ON RETROUVE NOTRE BANQUE DE FRANCE GAULIENNE !!!