Jean Goychman – Ils nous prennent vraiment pour des quiches…
Comme chaque année suivant une tradition désormais bien établie, les dirigeants des banques centrales (1) se sont réunis à Jackson Hole. Cette charmante bourgade du Wyoming, au pied des montagnes rocheuses fournit en effet un cadre assez idyllique, semblable à celui de Davos en Suisse, et propice aux discussions que les « puissants des puissants » engagent, sous couvert de sauver le monde une fois de plus, afin de proposer avec une certaine collégialité, les mesures qui leur permettent d’affermir encore un peu plus la pression financière qu’ils exercent sur les peuples.
Cette année, le cru, sans être historique, retiendra quand même notre attention. Si l’on en croit les commentateurs présents, le sujet dominant est de savoir comment on va pouvoir arrêter l’emballement des machines à imprimer les billets.
Nous sommes dans un système financier mondial qui navigue aux confins de l’absurde. Malgré les propos dithyrambiques des courtisans appointés qui ne tarissaient pas d’éloges sur les actions menées par les gouverneurs des banques centrales jusqu’à un passé très récent, il apparaîtrait aujourd’hui que le bilan s’avérerait pour le moins mitigé.
Il faut dire, remarque de simple bon sens, que vouloir imposer ce qu’on appelle pudiquement « la rigueur budgétaire » (en gros serrage généralisé des vis des budgets ministériels) tout en imprimant des quantités astronomiques de billets dont la création nécessitait l’ouverture de nouvelles lignes de crédit qui ne pouvaient trouver de débouchés que dans l’augmentation des dettes souveraines à de quoi déconcerter. A l’origine, la crise de 2008, dite « crises des subprimes » Cette crise, entièrement due à la cupidité des dirigeants de certains établissement financiers qui avaient cru découvrir, avec la titrisation (2) de prêts douteux au départs, mais enveloppés d’un bel emballage, et le fait que ces prêts étaient assurables par-dessus le marché, une sorte de pierre philosophale qui permettait de changer en or ce qui n’avait que la valeur du papier.
Ce qui devait arriver arriva naturellement, et ce fut une panique indescriptible. D’autant plus qu’on était totalement incapable de mesurer l’étendue des dégâts. Dans la panique financière qui a suivi, et utilisant la bonne vieille recette du libéralisme économique lorsque les choses vont mal, ils se sont tournés vers « papa » en l’occurrence les contribuables de tous bords, pour payer l’addition.
Mécanisme au demeurant d’une simplicité biblique : les Etats empruntent, les banques centrales impriment les beaux billets tout neufs qui vont dans les banques pour qu’elles aient les fonds propres suffisants pour prêter aux Etats pour renflouer lesdites banques. Evidemment, comme aurait dit Michel Audiard « j’critique pas l’côté farce, mais côté fair-play, y aurait quand même à redire » Car au passage, c’est l’endettement des Etats qui en a pris un coup sur le carafon. Et l’endettement des Etats, il est garanti essentiellement par nos impôts. D’où la sollicitude de nos gouvernants pour nous montrer qu’ils se préoccupent de notre avenir Si, si, croyez-moi, même si un petit doute peut subsister.
Et voila donc se pointer la rigueur, car on ne peut pas vivre à crédit. Il faut diminuer la dette.
Donc, on sabre tout ce qu’on peut et au passage, juste pour faire bonne mesure, on en profite pour en mettre un petit (enfin, pas toujours) coup sur les impôts, toujours au nom de l’intérêt général, comme il se doit. Le problème de la rigueur, certains appellent cela l’austérité, c’est qu’elle entraîne des répercussions, notamment sur la sacro-sainte croissance. Car pour faire de la croissance, il faut produire davantage, donc vendre davantage et ce n’est pas très facile lorsque les gens gagnent de moins en moins.
Mais vous l’avez tous compris, on est plus à une contradiction près. Récapitulons l’affaire : les banquiers, pensant gagner des sommes gigantesques, s’engagent dans l’achat de trucs pourris, qui naturellement leur laisse une ardoise du même montant et pour éviter la révolution, les banques centrales obligent les politiques à décider de prêter de l’argent aux banques pour pas qu’elles boivent la tasse (et peut-être eux avec) Evidemment, la dette des Etats augmente et les intérêts de celle-ci également. Jusque-là, ça va. Mais les « pères fouettards » s’en mêlent et rappellent qu’on ne peut pas vivre éternellement à crédit. Les agences de notation, dont personne ne sait (ou ne veut savoir) pour qui elles roulent, commencent à pointer du doigt les mauvais élèves en leur donnant des mauvaises notes. Ces mauvaises notes se traduisent immédiatement non pas par une difficulté à emprunter mais par une augmentation des taux d’emprunts qui alourdit encore la charge de la dette, soi disant en raison des risques que prennent ceux qui leur prêtent…
Tous les éléments de la récession étant réunis, celle-ci ne manque pas de se produire et la croissance disparaît, en même temps que les investissements. Car l’argent des billets imprimés par les banques centrales ne va pas dans le système de production. Il s’arrête bien avant, notamment dans les marchés (ah, les sacro-saints marchés !) où il sert essentiellement à gonfler des bulles spéculatives qui, en éclatant un jour où l’autre, provoquent de nouvelles crises.
Comme personne dans l’industrie ne veut emprunter, les taux d’intérêts diminuent afin que l’argent des banques centrales n’y reste pas. Là où on confine au sublime, c’est qu’ils arrivent même à nous faire avaler le coup des intérêts négatifs. Je vous rassure, ce n’est pas demain que votre banque vous paiera pour que vous lui empruntiez. Mais c’est pour que les banques ne laissent pas leurs fonds sur les comptes des banques centrales. La Suisse, il y a quelques années, avait déjà fait ce coup-là, mais c’était dans un contexte de dévaluation des monnaies qui faisait que les clients avaient quand même intérêt à conserver des francs suisses plutôt que des dollars.
Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus d’inflation. Mais les banques n’ont plus aucun intérêt à prêter non plus. Mais retournons au symposium de Jackson Hole. Savez-vous ce les dirigeants des banques centrales sont en train de nous concocter ?
Tenez-vous bien, ça va tanguer : ni plus ni moins de demander aux dirigeants politiques de faire maintenant exactement l’inverse de ce qu’elles leur ont fait faire jusqu’à présent…
Finies la rigueur et l’austérité. Il faut dépenser le plus possible pour sauver le système. Bien évidemment, comme les entreprises rechignent à investir, c’est donc aux Etats de le faire en se souvenant de ce que préconisait un certain Keynes, voués aux Gémonies depuis longtemps et qui, pauvre fou, voulait relancer la machine par l’investissement public.
Certains ne vont pas manquer d’y voir l’expression d’une sorte de génie de la haute finance qui, en toute circonstance, trouve la réponse appropriée. En réalité, derrière cette vision courtisane, c’est surtout l’aveu d’un échec de ce système financier mondialisé sur la base d’une théorie du libre échange de moins en moins crédible. L’heure de la véritable remise en question serait-elle sur le point de sonner ?
Et peut-être faut-il commencer par la remise en question de ce système de banques centrales soi-disant indépendantes. On nous l’a imposé sous le fallacieux prétexte que les gouvernements des démocraties étaient dépensiers par nature et qu’il fallait leur confisquer la planche à billets pour empêcher des dérives dramatiques et ce sont les mêmes qui nous disent aujourd’hui que les gouvernements doivent faire « de la relance » c’est à dire laisser filer les déficits budgétaires. On nous prend vraiment pour des quiches.
(1) Une banque centrale est une sorte de « banque de banque ». Elle a en théorie un double rôle : Contrôler l’émission de la monnaie d’un pays ou d’une zone et surveiller les banques de la même zone. Le terme « indépendante » doit se comprendre uniquement par rapport au pouvoir politique car dans la réalité, ces banques centrales sont, la plupart du temps, détenues par des actionnaires privés, directement ou indirectement.
(2) Les emprunts douteux étaient, pour faciliter leur rachat par des organismes autres que ceux qui avaient concédés ces prêts, mis ensembles avec d’autres prêts réputés plus « sûrs » et on vendait le total sous le joli nom de « Collateral Debt Obligation » Les acheteurs étaient censés récupérer les intérêts, souvent élevés, pour leur propre compte. Encore fallait-il que les emprunteurs initiaux soient solvables…
Jean Goychman
Un texte intelligent…ça fait du bien. Manque une précision. L’investissement public , ce n’est pas développer du productif, mais soit développer des freins à la production et à la créativité géniale, soit du détournement légale de fonds publiques. Dans les 2 cas, haha, c’est le citoyen qui croit même avoir le pouvoir, qui se fait avoir.
Puisse que se sont les riches qui profitent de la dette, que les riches paient. Pour que les riches paient, il faut les déloger du pouvoir . Le pouvoir entre les mains du peuple on confisque tous les biens des riches et comme a fait De Gaulle en 45 avec Renault puis on rembourse la dette comme on a remboursé le plan Marshall puis on sort de l’Euro pour faire le nouveau Franc comme Pinet (c’est pas Gattaz)et Jacques Rueff et la roue tourne les riches devenant les nouveaux pauvres ……. Je rêve.
Je ne suis qu’un modeste retraité de la marine marchande, mais l’économie est devenue ma passion lorsque j’ai compris que dans notre monde rien n’est durable car tout est cycle. Cela fait des années que je fais des recherches, lis des livres spécialisés et orientés pour me construire une opinion autodidacte mais circonstanciée.
Ce qu’il ressort de mes analyses, c’est que le moteur de l’économie libérale de la libre circulation des biens et des personnes, c’est la croissance. Sans cette croissance, le modèle libéral s’écroule.
Or cette croissance de l’économie réelle, production échanges de richesses, s’écroule naturellement au bout d’un certain temps, celui qui est nécessaire pour que les marchés se saturent, deviennent matures ou rigides selon les vocabulaires fleuris qu’affectionnent les économistes patentés.
Alors régulièrement il se produit des crises majeures. On parle de crises financières à tord. Ce sont des crises de croissance liées à la production de masse.
La crise des subprimes de 2008 doit être comprise comme le fruit amer qui résulte d’une croissance économique entretenue artificiellement par des crédits à risques accordés à des personnes non solvables en créant artificiellement de nouveaux marchés. La titrisation de ces crédit à risque a été une tentative pour prolonger artificiellement une croissance elle-même artificielle. Bien-sûr, des maîtres de la spéculation se sont enrichis incroyablement au passage. Mais il faut comprendre ce levier finacier a surtout servi d’appât à destination des investisseurs gogos qui se sont ruinés. Parmi ces investisseurs on trouve des personnes privées mais aussi des institutions publiques, des banques.
Ce qui est dégueulasse c’est qu’on a fait payer les contirbuables.
Le système pour relancer l’économie est toujours le même depuis que le monde est monde: il s’agit mettre en circulation de la monnaie fraîche. en espérant que cette mise en circulation de la monnaie soit génératrice de nouvelle richesses. C’est ce qu’il se passe quand ces crédits servent à la création d’entreprises innovantes créant de nouvelles demandes.
Sauf qu’après la période des « trente glorieuses » qui a suivi la deuxième guerre mondiale, du fait de la production de masse, l’économie mondiale s’est retrouvée en peine pour développer de nouveaux marchés générateurs d’emplois pérennes.
Et dans ce cas comme toujours, quand l’économie ne marche plus, les humains se fontt la guerre.
Les guerres des USA au Vietnam, en Corée et ailleurs avaient pour objet de maintenir artificiellement l’économie en faisant tourner les industries d’armement. De la même manière qu’Hitler a réussi l’extraordinaire essor de l’économie allemande en se constituant un stock de guerre.
On comprend donc l’importance que joue la dépense publique dans la croissance économique. sauf que cette dépense ne permet pas de générer des richesses à long terme lorsqu’il est question d’armement.
La FED a donc financé les guerres US en mettant sur le marché des sommes énormes de dollars. Si énormes qu’elles ne pouvaient plus être garanties par un étalon or. D’où la décision de Richard Nixon en 1971.
Alors que les accords de Bretton Woods on été une tentative de régulation de l’emballement de la mise en circulation des devises nationales comme cela a été le cas juste avant la deuxième guerre mondiale, de façon à garantir les devises sur un étalon or international, ces accords n’ont pas résisté à cette inflation énorme de la mise en circulation des devises. du dollar entre autre.
Le dollar est devenue une monnaie virtuelle, un assigant moderne.
Il devient clair que si une croissance économique doit renaître, elle le devra une fois plus à la dépense publique, grâce à une politique de grands travaux. Mais quels grands travaux? de quel ordre?
Aujourd’hui, l’économie des USA est soutenue par les dépenses militaires US de l’OTAN qui construit en masse des silos de missiles de protection contre l’ennemi déclaré russe. Mais cela peut durer combien de temps?
Exactement de la même manière qu’Hitler a finalement été contraint de déclarer la guerre pour défendre l’économie allemande comme il le prévoyait dans son livre « Mein Kampf », les USA seront-ils contraints à déclarer la guerre à la Russie pour relancer son économie en sachant que le théâtre de cette guerre sera éloigné de son territoire?
Il faut le craindre.
cette analyse fait peur mais surtout indique que les politiques restent a la merci des banques centrales et autres et que les speculateurs sont a l’affut…………ce n’est pas la creation de papier monnaie qui declanchera la croissance mais sans doute l’inverse et les riches resteront plus riches et les pauvres continueront de s’appauvrir en esperant qu’un Hitler ou autre fou ne se revele dans les mois ou annees a venir
oui Maitre,il faut que sa bouge on conte sur le FN.ok mercie