Jean Goychman – Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Cela couvait depuis un certain temps. Quelques signes précurseurs laissaient entr’apercevoir un printemps difficile. D’abord, il y eut l’affaire de la déchéance de nationalité. Après les attentats de novembre dernier, il y eut comme un semblant d’unité dans le pays. Ce fut le signe tant attendu par la Présidence pour pousser les feux d’une révision constitutionnelle.
Une révision constitutionnelle, ça fait sérieux. Ça veut dire qu’on est capable de rassembler plus des 3/5èmes des parlementaires et leur faire voter un truc auquel le « vulgum pecus » ne comprend pas grand’chose, mais c’est sans importance.
Dans notre mode de gouvernement, l’image prime sur le fond. Le propos n’engage plus. IL fallait poser le président candidat en rassembleur. Une sorte de consensus semblait se dégager sur la déchéance de nationalité, va pour ce sujet. Après tout, il en vaut bien un autre. C’est le genre de « piège-râteau », celui qui vous revient en pleine figure et dans lequel il aurait mieux valu ne pas s’engager. La suite on connaît : ferraillage sur la crête des orateurs brandissant les sacro-saints principes républicains (dont on aimerait avoir une définition exhaustive) et en final retrait à apparence stratégique pour tenter de masquer l’impréparation d’un texte dont le seul but était de polir une image.
Il n’empêche que l’objectif n’était pas atteint. Il fallait trouver autre chose car pour l’heure, c’était plutôt raté question image, même si notre Président avait voulu apparaître comme « celui qui est à l’écoute » en préférant retirer le texte contesté.
Qu’y avait-il en magasin qui pouvait à la fois redorer le blason médiatique tout en se conciliant les libéraux au contour indécis sans pour autant pousser vers la contestation un électorat de gauche qui cherchait ses repères traditionnels, histoire de se conforter dans l’idée qu’ils allaient, faute de mieux, devoir revoter comme en 2012.
Equation difficile à résoudre. Une petite lumière s’est allumée cependant. La CFDT, en la personne de son secrétaire général Laurent Berger* semble fournir une sorte de passerelle entre un patronat adversaire supposé naturel des « travailleurs industriels » et le monde des « travailleurs intellectuels » qui constitue l’essentiel des sympathisants de la CFDT. Certes, l’opposition « cols blancs-cols bleus » n’a pas disparu mais la fonte naturelle des emplois industriels et la part grandissante des emplois tertiaires ont plutôt favorisés numériquement les premiers. Il y a dans l’air une loi un peu « fourre-tout » inspirée par l’idée d’une « nécessaire
refondation du Code du Travail » Même si on en parle depuis des décennies, cette sorte de « bouteille à l’encre » n’inquiétait personne.
Qui pouvait croire que quelqu’un allait se risquer dans une telle aventure à un an de l’élection présidentielle ? Probablement personne, d’autant plus qu’un Président à 15% de popularité et un Premier Ministre à peine mieux loti n’étaient guère de bonne augure. L’Histoire dira peut-être un jour les dessous cachés d’une telle décision…
En attendant, voici la fameuse « loi travail » posée sur l’établi. Tout le monde pensait alors que les abstentions probables des députés frondeurs côté socialiste seraient largement compensées par les votes favorables d’un certain nombre de députés de l’opposition dite « républicaine » Il faut s’y faire, on emploie ce terme à toutes les sauces, comme si un grave danger latent pesait sur la République. Ces rappels incessants censés écarter la tentation du vote FN-RBM deviennent par ailleurs contre-productifs car ils rappellent également que les heures sombres de
Vichy étaient surtout le résultat d’un vote d’une Chambre de Députés majoritairement socialistes issus du Front Populaire et donnant les pleins-pouvoirs à Pétain.
Mais revenons sur la fameuse loi dite « travail » En réalité, très peu de gens l’ont lu. Hormis les assistants parlementaires les conseillers ministériels et ceux qui sont directement concernés, peu de gens lisent les projets de loi. Et là, en l’occurrence, il n’y avait rien de réellement extraordinaire. Un petit truc, cependant, la primauté des accords d’entreprise sur les conventions collectives. Vieux serpent de mer, mais qui pouvait devenir très venimeux entre des mains expertes.
Et puis surtout, « l’Air du temps » le non-dit, les luttes souterraines, les liens occultes, bref, tout ce qu’on nous cache mais qui est essentiel pour les protagonistes. En prenant ouvertement parti pour le gouvernement et le syndicat patronal, eux-mêmes regroupés sous la bannière néo-libérale des clubs « mondialistes », la direction de la CFDT a poussé la CGT à sortir du bois. Vous me direz que ce n’était pas le plus dur, car la centrale syndicale cherchait depuis plusieurs mois un angle d’attaque. Avec un Parti Communiste en pleine « Béchamel électorale », elle risquait de pâtir encore d’avantage des prochaines échéances. Disposant encore d’un certain « pouvoir de nuisance » qu’il fallait cependant utiliser « à bon escient » c’est-à-dire si possible avec le soutien de l’opinion publique, les conditions se sont trouvées réunies pour passer à l’action. Sachant qu’ils allaient jouer un peu « à quitte ou double » les responsables CGT ont conçu un plan d’intervention graduel et le Gouvernement et l’Elysée ont eu la réaction escomptée. Ayant choisi de se baser sur la participation aux défilés pour déterminer leur attitude future, ils n’ont pas dû voir le piège dans lequel ils se précipitaient.
Persuadés que tous ces mouvements sporadiques allaient s’éteindre d’eux-mêmes, nos dirigeants, à commencer par François Hollande ont choisi l’étalage de la fermeté. Cette réplique du « no pasaran » a évidemment eu pour effet de radicaliser les choses. Le plan de blocage du pays s’est alors déroulé, en ciblant méthodiquement les moyens de transport.
D’abord ce fut la psychose du manque de carburant par les blocus des dépôts qui amena les gens à se précipiter dans les stations-services, malgré les dénégations de la pénurie et ensuite l’arrêt de production des raffineries, obligeant la prise de mesures d’importation de carburant en urgence. Ensuite, la fermeture des pipe-lines, qui vient renforcer les actions précédentes.
Nous risquons maintenant d’assister à une paralysie progressive du pays comme ce fut le cas en mai 1968. Car les marges de manœuvre du gouvernement apparaissent limitées. Ne pouvant plus retirer le texte de loi sans perte totale de crédibilité, ce qui le mettrait dans une situation d’incapacité totale. Un affrontement généralisé passant par des réquisitions de type militaire semble exclu, du moins avec un tel déficit de popularité dans le pays. L’Elysée et Matignon ne peuvent donc que rechercher une sortie « à moindre coût » qui sera, de toute façon, désastreuse en termes d’image.
Que tirer de tout ceci ? Une chose devient évidente : nos institutions qui tiennent plus du régime présidentiel que d’un régime parlementaire, ne peuvent plus fonctionner dès lors que l’impopularité du Président de la République se trouve trop criante. Le Premier Ministre, qui est en quelque sorte un « plastron » du président n’arrive même plus à jouer ce rôle. Dans l’esprit de ses pères fondateurs, la Cinquième république était basée sur « la rencontre d’un homme et d’un peuple » Il fallait, dans cette logique, provoquer à intervalles réguliers, des consultations populaires sous forme de référendum, dans lesquelles pouvait s’exprimer, outre l’avis sur une question précise, l’adhésion du peuple à la ligne de conduite générale des affaires de l’Etat. La contrepartie, appliqué par de Gaulle en 1969, était naturellement qu’en cas de désaveu, le Président cesse d’exercer ses fonctions.
Pour avoir pensé pouvoir détourner à leur profit cette règle qui leur paraissait dangereuse, les chefs de l’Etat successifs ont fait le choix « d’oublier », depuis des décennies, cette règle non-écrite mais pourtant essentielle au fonctionnement de notre Constitution.
De Gaulle disait :
« Pour faire de grandes choses, il faut de grands hommes, et ceux-ci ne le sont que parce qu’ils ont choisi de l’être »
Jean Goychman
* http://www.atlantico.fr/decryptage/ambition-secrete-laurent-berger-homme-qui-essaie-sauver-loi-el-khomri-jean-marc-sylvestre-2625268.html
Excellente analyse de la situation comme à votre habitude, tout est scrupuleusement décrit en ces lignes
Bonjour je pense tout simplement que ceux qui veulent diriger les autres sont de
Sacres malades mentaux qu ils. S interrogent et qu ils fassent un,travail sur eux mêmes
Ça leur éviterait. De se projeter dans ces sphères du pourvoir pour commander diriger
Imposer cf ce matin. Le premier ministre chez jjbourdiń´qui ne cédera pas surtout il ne
Démissionnera pas et tout un chacun d entre nous voulait être depute sénateur ministre
Après tout nous sommes sur notre territoire. On aurait le droit nd occuper un,tel poste
Des millions de francaiś ont fait des études et même ceux qui n en ont pas fait comprennent. Les diverse situations. De notre pays les difficultés les injustices alors
Pourquoi toujours les mêmes notre pays nous appartient a nous tous pourquoi le pouvoirs
A quelques uns c est fini tout ça mêmes les institutions devront changer. Un exemple. En quoi Mme touraine est plus qualifiée pour le ministere de la santé que des médecins des chirurgiens qui exercent depuis des décennies en quoi certains ministres s occupent
Des constructions. Nombre d architectes sont aussî compétents que ces gens etc etc
En. Quoi certains agrégés de lettres ou de maths seraient moins compétents que njvb
Qui n a jamais enseigne et tout a l avenant. Et le premier ministre quelle compétence
Et quelle notoriété pour nous imposer ceci oucela la ministre du travaiĺ quelle compétence par rapport au chef. D entreprise qui dirige ses équipes. De salariés??!!
C est pourquoi c est nuĺ et le peuple intelligent ne supportera. Pas longtemps qu on lui impose des politiques qui n ont rien de plus que lui mais qui en revanche veulentns imposer. Pour le commander nous sommes a un grand tournant,de l histoire de ce pays
Et´memevle fn doit se méfier. De lui même. Pretendant tout savoir a notre place.
parfaite analyse ! tres pertinente et tres explicite