Jean Goychman – Union Européenne : demain on rase gratis…
Le peuple anglais a voté et décidé de sortir de l’Union Européenne. On a parlé de choc, de séisme, de folie et que sais-je d’autre.
Les Anglais ont toujours été un grand peuple et, contrairement à d’autres, ils ne se bercent pas d’illusions. Lorsque, eu juin 1940, Churchill leur avait promis « du sang et des larmes », ils savaient que c’était vrai et ils les ont eu. C’est peut-être une des différences essentielles avec nous, qui nous étions contenté de formule « à la guimauve » comme « nous vaincrons car nous sommes les plus forts », ce qui était partiellement exact car nous avions les moyens, mais il nous manquait les chefs.
Donner aujourd’hui l’impression que les anglais ont voté sans savoir à quoi ils s’exposaient participe du processus de désinformation dans lequel nous nous trouvons immergé depuis le début de ce qu’il est convenu « la construction européenne »
Un petit retour en arrière s’impose. L’Angleterre avait souhaité entrer dans le « marché commun » dans les années 60, mais de Gaulle s’y était fermement opposé, car il pensait, non sans raison, que celle-ci voulait en fait « torpiller » ce marché commun en imposant ses propres règles et surtout son « Commonwealth » ce qui n’avait aucun sens. Alors les Anglais avaient créé une zone de libre-échange avec certains pays du Nord de l’Europe. Cette zone a disparu progressivement après l’entrée de l’Angleterre dans l’Union Européenne.
Ce sont les perspectives de l’évolution de l’Union européenne vers une sorte d’Etat fédéral, dont ils ne veulent à aucun prix, qui les ont conduit vers la sortie de l’Union. Et cela, tous les dirigeants européens adeptes du fédéralisme le savent parfaitement. Sale temps pour eux car l’Angleterre est loin d’être la seule dans ce cas. Alors, ils nous disent que nous avons tout à perdre à quitter le navire, que nous sommes voués à une mort certaine, un repli sur nous-mêmes, et pourquoi pas finir dans des grottes vêtus de peaux de bêtes ? En réalité, ce sont surtout eux qui ont tout à perdre. Finis les émoluments grassouillets nets d’impôts, les avantages de toute sorte et surtout aucun compte à rendre à qui que ce soit. Même pas une campagne électorale qui les oblige à justifier leurs décisions et affronter une foule hostile…
Certains, pressentant le danger, envisagent même de changer de nationalité. Ils se sentiraient (soi-disant) plus européens qu’Anglais
Alors, pour éviter la contagion qu’ils redoutent tant, ils nous promettent la Lune. Il faut réformer l’Europe, redonner la parole aux peuples, refonder les traités, enfin, bref, faire maintenant ce qu’ils refusent de faire depuis toujours. Mais, ma parole, ils nous prennent pour encore plus demeurés que nous le sommes ! Voila –t-y- pas que Monsieur Hollande (surnommé Monsieur 14%) va se précipiter dès aujourd’hui pour refaire le monde avec sa pelle et son petit seau. Trop tard, « too late » comme disent les référendés de l’autre rive de la Manche. On n’y croit plus.
On ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Ils devraient s’en rendre compte. Leur échec commun est patent. Ils ont signé des traités inutiles, qu’ils se sont empressés d’oublier. L’euro, qu’ils nous ont vendu comme le remède universel aux difficultés économiques, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le fiasco. Les pays qui voyaient en lui une bouée salvatrice subissent sa servitude dictatoriale et, réaction salutaire de nations qui ne veulent pas mourir, jetées dans casserole « comme les marrons dans la purée » pour reprendre l’expression imagée du général de Gaulle, commencent à se dire qu’après tout, le sentiment patriotique n’est peut-être pas si ringard que ça.
Notre nouvelle noblesse européiste et mondialiste, qui s’est substituée à celle de l’ancien régime désigne ceux qui exaltent cet amour de la Patrie par le nom de « populistes ». Comment peut-on s’intéresser aux gens du peuple ? Ils manquent d’éducation, sont mal habillés, souvent incultes et ne s’intéressent qu’au foot qu’ils regardent en buvant de la bière. Et on voudrait que le peuple soit souverain, c’est-à-dire décider en dernier ressort de ce qu’il pense être bien pour lui et pour la Patrie. Quelle ineptie ! On va lui dire qu’on va établir de nouvelles règles pour l’Europe, on va lui faire croire qu’on va lui donner la parole et hop, le tour sera joué. D’ici quelques semaines, deux ou trois matches de foot, les vacances aidant, ils n’y penseront même plus. La voie se dégagera pour un petit saut fédéraliste, ni vu, ni connu.
Ensuite, une petite parenthèse cause élection présidentielle afin d’écarter Marine Le Pen et ses idées de référendum (quelle horreur) et tout reviendra comme avant, du moins le pensent-ils…
Quelle erreur ! Comment ne pas voir cette ligne de fracture qui s’affirme un peu plus chaque jour ?
Car la vérité de la construction européenne, après être restée soigneusement dissimulée durant des décennies, est en train d’éclater au grand jour. Celle-ci n’a pas été inspirée par des gens porteurs de cette belle idée de paix et de fraternité qui devait assurer à la fois la sécurité et la prospérité. Elle est l’œuvre d’une oligarchie financière qui a réussi à imposer sa vision du monde, considérée comme inéluctable et dont l’idéologie s’appelle le néolibéralisme économique. Malgré le matraquage continu des médias, nous débitant à longueur de journée que le mondialisme est incontournable et que les vertus du libre-échange universel sont incomparables, de plus en plus de gens commencent à en douter.
Une des premières constatations, c’est que les écarts entre les « riches » et les « pauvres » n’ont cessé de se creuser depuis des décennies. Philippe Seguin avait parlé de la « panne de l’ascenseur social » Le développement industriel, qui avait permis à nos démocraties une incontestable augmentation du niveau de vie, en engendrant une « classe moyenne » facteur essentiel du progrès social, s’est progressivement arrêté. Le capitalisme industriel, base même de cette activité, a fait place au capitalisme purement financier. Le profit immédiat est devenu l’unique objectif, et ne se soucie guère des considérations sociales.
Ajoutons à cela un contexte géopolitique qui pousse vers nos rivages une population migrante à laquelle on a fait miroiter les bienfaits de la vie « à l’occidentale » et qui pense pouvoir trouver ainsi les moyens d’une existence devenue de plus en plus précaire dans les pays d’origine. Même si on nous répète à satiété que cette immigration est une chance pour les nations européennes, beaucoup de gens ne partagent pas cet avis. Ils subissent déjà la difficulté de la condition quotidienne et se doutent bien que la part du (petit) gâteau qui leur est donnée ne va pas augmenter en le partageant davantage.
Cette perte de crédibilité dans l’avenir et le virage technocratique prononcé pris par les institutions européennes dont l’expression des peuples par référendum semble devenu « la bête noire » ont définitivement oté à nos dirigeants politiques le peu de confiance dont ils bénéficiaient encore. Toutes les conditions sont réunies pour que ces peuples européens dégrisés reprennent en main leur destin. Toutes les promesses de « changement d’Europe » faites dans l’urgence d’une situation devenue hors de contrôle risquent de rester sans effet.
La politique du « demain, on rase gratis » ne suffit plus pour éteindre la révolte contre ces soi-disant élites dont le seul mérite à été d’appliquer consciencieusement une loi économique à laquelle ils croyaient peut-être mais qui n’était qu’une idéologie, sorte de religion destinée à promouvoir un mondialisme devenu ainsi « de droit divin »
Jean Goychman
Excellente analyse dans laquelle, j’en suis intimement convaincu, beaucoup se reconnaîtront ! F.Hollande a précisé que le referendum (dont il ne veut pas) sera, en 2017, l’élection Présidentielle ! Eh bien Chiche ! Renvoyons ce monsieur du pouvoir et toutes celles et ceux qui ont cette vision européenne mortifère pour tous les habitants qui composent cette entité de corneculs !
je partage cette excellente analyse ! la finance craint pour ses profits potentiels et donc nous fait miroiter cette fameuse catastrophe economique si la France sortait de l’UE !