Jean Goychman – Zone euro : pour qui sonne le glas ?
Je lisais ce matin un article du journal « La Tribune » intitulé : « La BCE est-elle devenue trop puissante ? » (1) Une des conseillères financières allemandes, Isabel Schnabel, dénonçait le pouvoir grandissant de la BCE qui échappait quasi-totalement au pouvoir politique des Etas de la zone euro, Allemagne en tête. J’avoue ma surprise en lisant ces propos. Le système monétaire « occidental » n’est-il pas justement basé sur l’indépendance des banques centrales ? Remarquez-bien, quand on dit indépendance, c’est un peu un abus de langage car elles sont indépendantes que par rapport aux pouvoirs politiques et tant que lesdits pouvoirs ne sont pas remis entre les mains de personnes elles-mêmes directement impliquées dans les affaires monétaires.
Il y a quelques jours, un article de « Réinformation.tv » annonçait que l’Etat du Texas envisageait d’établir sa propre réserve d’or afin de créer sa propre monnaie, dont le cours serait basé sur l’or. Même si le Texas est connu pour être un Etat « pré-sécessionniste », une telle remise en cause de la FED (Réserve Fédérale) ne peut pas passer inaperçue. On découvre même en poursuivant la lecture qu’il pourrait s’agir d’une véritable fronde anti FED, et même dirigée contre l’oligarchie financière qui détient le capital de la FED. D’autres Etats comme l’Oklahoma, l’Utah ou bien la Louisiane auraient l’intention de suivre la voie ouverte par le Texas. Il y a seulement quelques jours, c’est le Tennessee qui, à son tour, a décidé d’imiter le Texas en créant sa propre réserve d’or.
Si cela était suivi d’effet, c’est l’ensemble du système dit « des réserves fédérales » qui risquerait de perdre un monopole qui lui a valu une prospérité extraordinaire et qui est celui de la création monétaire « ex nihilo » Car lorsqu’on parle de la FED, on vise la Réserve fédérale de New York, mais en fait , il n’y a pas moins de douze réserves fédérales réparties sur le territoire américain. C’est tout le système monétaire mondial, hérité des accords de Bretton Woods en 1944, qui pourrait ainsi s’effondrer. Et ses adversaires ne manquent pas.
D’autant plus que la suprématie du dollar en tant que monnaie de réserve internationale parait de moins en moins légitime. Les négociateurs américains avaient réussi à imposer cette monnaie car c’était une des seules à être encore convertible en or à l’époque, ce qui garantissait sa stabilité dans le temps. Mais les besoins en financement de l’Etat fédéral américain dépassaient de loin la création monétaire que pouvait émettre la FED en respectant la convertibilité en or du dollar. En effet, le stock d’or de la FED n’augmentait pas et même diminuait probablement mais la FED s’est toujours abritée derrière son indépendance pour ne pas en communiquer le montant, qui reste un secret bien gardé.
Après avoir utilisé un certain nombre d’artifices, tels que les DTS (Droits de Tirage Spéciaux) qui étaient une sorte de substituts de l’or physique, la situation en 1971 était devenue intenable. Il faut dire que de Gaulle n’avait pas aidé la FED en envoyant plusieurs navires de la Marine Nationale avec les cales pleines de billets américains et ayant mission de ramener en France les lingots d’or correspondants en valeur. C’est donc le 15 aout 1971 que le Président américain Richard Nixon a suspendu, sur injonction de la FED, la convertibilité-or du dollar.
Cela aurait dû entraîner ipso-facto une remise en question des accords de Bretton Woods, mais la puissance américaine était telle que personne, parmi les dirigeants des grandes puissances, n’a osé moufter. Il s’en est suivi une période absolument faste pour « l’oligarchie financière
anglo-américaine » qui, comme l’appelait de Gaulle, a pu imposer ses dollars alors même qu’ils n’avaient plus de valeur de référence. L’ensemble des monnaies utilisées de par le monde se sont mises à flotter les unes par rapport aux autres. Comme toujours dans ce genre de situation caractérisée par une absence de contrôle, la situation a rapidement dérivé et nous sommes entrés dans un cycle de crises financières récurrentes. Ce qu’on appelle le « choc pétrolier de 1973 » était directement lié au dollar « flottant » et a inauguré une succession de crises financières plus ou moins profondes, jusqu’à celle de 2008 dont nous ne sommes pas vraiment sortis. Et ceci en dépit des actions quasi-désespérées de la FED et de la BCE.
Afin d’éviter des faillites en cascade de banques qui avaient délibérément enfreints toutes les règles de prudence, les banques centrales ont créé de la monnaie. Et pas qu’un peu. Pour faire passer la pilule, elles ont appelé cela « assouplissement monétaire » ou « quantitative easing » qui signifie la même chose. En clair, il s’agissait de donner le plus vite possible de l’argent aux banques en état de faillite virtuelle. Seulement voilà, les banques centrales ont besoin de justifier l’emploi de la planche à billets avec une contrepartie. Comme la BCE ne peut pas, au travers de ses statuts, financer les déficits budgétaires, il a fallu trouver autre chose.
En théorie, le seul rôle des banques centrales est de contenir l’inflation à une valeur légèrement inférieure à 2%. Depuis 2008, nous sommes rentrés dans une période de récession économique, dont on préfère taire le nom afin de conserver la confiance des investisseurs, ce qui est assez puéril. Cette récession a eu pour effet une stagnation des prix, voire une déflation, alors que tout notre système est bâti sur une hypothèse de croissance. Tout en restant dans son rôle, la BCE a pu augmenter ses émissions monétaires et diminuer encore ses taux d’intérêt jusqu’à les rendre négatifs. Seulement, il faut trouver les fameuses contreparties. Sans trop rentrer dans les détails techniques, la BCE a donc fait racheter par les banques centrales « régionales » (propres à chaque pays de la zone euro) une partie des dettes publiques de leur pays respectif. Ces dettes étaient jusqu’alors détenues par des banques privées qui s’en sont débarrassé sans trop de chagrin.
Mais cela n’a pas suffi. La BCE a été plus loin en rachetant des emprunts obligataires émis par les entreprises de la zone euro afin d’émettre encore davantage de monnaie. Et là, la ligne rouge a été franchie, du moins telle que la voient les allemands. En rachetant des emprunts obligataires, la BCE a créé une distorsion de concurrence avec les marchés financiers auxquels ce rôle est traditionnellement dévolu. Or, ces marchés financiers sont alimentés par l’épargne des rentiers, et en particulier des rentiers allemands. Elle constitue même pour beaucoup d’entre-eux une part importante de leur retraite, car leur système n’est pas basé sur la répartition mais sur un système de capitalisation. D’où la colère grandissante du peuple allemand dirigée contre la BCE et Mario Draghi en particulier.
Nous constatons le désarroi simultané de la Réserve Fédérale et de la BCE, chacune justifiant sa politique monétaire en disant qu’elle « fait comme l’autre ». Le véritable problème qui se pose aujourd’hui est qu’elles sont apparemment incapables de faire autre chose. Elles se sont progressivement enfermées dans une politique de création monétaire assortie de taux d’intèrêts allant jusqu’à devenir négatifs. Toute la finance mondiale était persuadée que la FED allait rehausser ses taux d’intérêts, et il n’en a rien été. C’est un peu le problème du malade sous assistance. Si vous débranchez la machine, il meurt. Tant que la machine l’assiste, il vit. Personne aujourd’hui ne veut se résoudre à débrancher.
Pourtant, il va bien falloir qu’il se passe quelque chose. L’opinion publique allemande est en train de prendre conscience que l’indépendance de la BCE peut avoir un double tranchant. Des
voix s’élèvent déjà pour dire que, si les Allemands avaient connu les intentions de la BCE, ils ne seraient pas rentrés dans l’Union Monétaire et certains commencent même à dire qu’il faut reprendre le contrôle de la BCE avant qu’il ne soit trop tard.
Seulement, si les Allemands reprennent le contrôle, ils feront une politique monétaire conforme aux intérêts allemands. Celle-ci ne conviendra pas aux autres pays. En réalité, il faudrait faire une politique monétaire différente pour chaque pays de la zone, ce qui apparaît totalement impossible avec une monnaie unique.
Alors, bien sûr, certains brandissent l’étendard du fédéralisme comme étant la solution universelle à tous les problèmes de la zone euro. Cette idéologie du fédéralisme à tout prix à fait long feu, car les peuples n’en veulent pas. Seule une petite élite qui se verrait déjà à la tête du futur Etat fédéral pense pouvoir l’imposer. La montée inexorable des partis populaires qu’ils baptisent dédaigneusement de « populistes » devrait pourtant les ramener à la raison.
Pour avoir voulu aller trop vite dans une direction que les peuples n’étaient pas prêts à suivre et plutôt que de tenir compte des réalités, les dirigeants européens, probablement poussés par l’oligarchie financière internationale, ont pris le risque de voir anéantir l’ensemble du projet alors que d’autres voies, plus respectueuses de la souveraineté populaire, étaient possibles.
Jean Goychman
(1) http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-est-elle-devenue-trop-puissante-571493.html#xtor=EPR-2-[l-actu-du-jour]-20160516
(2) http://reinformation.tv/etat-texas-reserve-revolution-monetaire-mille-54823-2/
Alors d’après vous les 500 tonnes d’or que Sarkozy aurait cédé à la BCE c’est pour racheter les emprunts obligataires des grandes entreprises du CAC 40 ??? ( est-ce-que quelques kilos ne sont pas passé à la trappe quelques parts ? ), voilà donc pourquoi la finance internationale sollicite Juncker Merkel Drahi Macron etc…pour que les migrations apportent leurs lots de corvéables payés à 4 euros de l’heure pour booster les exportations allemandes au détriment des pays de l’UE dont MERKEL, se fout elle et ses financiers et assurer la retraite des allemands par capitalisation alors que nos français sans dents… après avoir voté pour une large partie goupil Macron, voient avec la stratégie de celui-ci leur retraite amputée de 1,7 points de plus pour ceux qui ont bossé 48 années souvent au péril de leur vie, au feux de forêts ou de tour infernale, dans les rues contre des sauvageons, dans le froid la chaleur les mines de fer et de charbon siliconés amputés, auprès des malades atteints de tous les maux tropicaux, qui nous arrivent de plus en plus depuis l’ouverture totale des frontières par les commissaires priseurs des hôtels des ventes, Pourquoi croyez vous que les dirigeants font tout pour garder leurs prérogatives ? Vous allez avoir vous les retraités modestes la disparition de nos retraites chèrement acquises par répartition au profits d’une retraite par capitalisation que nos jeunes ne pourront pourvoir puisque 1 euro cotisé égale 1 euro de retraite ( la capitalisation ) MAIS MAIS ne vous faites aucun souci les riches rentiers ou retraités d’élites futurs auront largement cotisés dans des Préfon pour les fonctionnaires, ou assurances privés copains des copains, dont vous petits retraités verrez passer le souffle et la rafle de vos économies… il est vrai que moi si j’avais des millions d’euros j’investirais dans les îles de Caraïbes ou des endroits où, un euro = un dollar, 50 cents…
modération modération oui ! à distiller mais avec modération… il est heureux que des personnes comme Monsieur Goychman nous ouvre les yeux Mais les petits sans internet ? ils font quoi ? Cordialement.