L'EU-ROBLOT
On est sonné par l’amoncellement des chiffres. Il faudra faire six à huit milliards d’euros d’économie. Or, l’État, à lui seul, dépensera en deux mille douze 5 milliards d’euros de plus qu’en deux mille onze, dont 3,4 milliards d’euros viennent de l’augmentation de la charge de la dette… Il va falloir trouver six à huit milliards d’euros, selon le chef de l’État en chef des dettes françaises. La croissance pour l’année prochaine sera ramenée de 1, 75% à 1%… L’agence Moody ‘s place sous surveillance la note de l’État français. On est dans une situation dramatique. La Chine pourrait prêter aux mendiants européens 70 milliards d’euros. La grande philanthrope, honnie hier, pour ses violations répétées des droits de l’homme, qui fait payer à la famille la balle du condamné, possède aujourd’hui toutes les qualités. On oublie tout! On ne s’indigne plus. Un indigent peut-il s’indigner? On abdique notre souveraineté devant le souverain qui paye. Pourquoi faudrait-il refuser, argumente le marchand de tapis de l’Élysée? Il pourrait traduire «on prend le fric où on le trouve» L’argent n’a pas d’honneur, même s’il a une odeur. L’Allemagne dicte sa loi financière en ne voyant que ses intérêts. Merkel est présentée comme la bonne marraine de l’Europe par M Langguth. Une marraine qui mange le petit poucet paresseux. Elle n’a cédé sur rien. Paris a renoncé à toutes ses prétentions. Le FESF ne sera pas une banque. Les établissements financiers ont dû accepter une décote de 50% de la dette grecque. On gagne du temps parce que le temps, ici, c’est l’argent des autres, les contribuables, dont le nom commence par un aveu de vérité. On crie victoire! L’euro est sauvé, même s’il prend l’eau comme un rafiot monétaire.Les candidats se disputent la dépouille d’un pays qu’ils ont tous dépecé par leur aveuglement, leur lâcheté et leur démagogie, à droite comme à gauche. Quelle confiance accorder à des responsables qui ne voient rien venir, qui dorment sur l’oreiller douillet de leurs avantages, qui livrent le pays aux menottes monétaires de la Chine et de l’Allemagne? Les gens ne comprennent plus rien. On les enfume dans des débats où la pseudo science économique des uns le dispute à la pseudo science des autres, où la crise, entité insaisissable, expliquerait tout, où ce n’est la faute à personne. Mais à quoi cela sert –il de gouverner? À quoi cela sert-il de siéger au parlement, au sénat? À quoi cela sert-il d’avoir une voix? L’erreur de diagnostic sur la dette date de 2007! Il y a bien une cause à ce merdier qui nous ruine, nous sacrifie, nous humilie, nous endette pour des décennies, nous vassalise, comme des valets de la finance internationale, nous dépossède de toute souveraineté? Cette cause c’est l’euro dont on ne voulait pas, mais qu’on nous a imposé avec mépris et dont les eurôlatres ne veulent pas reconnaître l’inéluctable faillite parce qu’elle stigmatise leur incompétence, leur volonté à ne pas voir la réalité. Et personne n’a la volonté de voir, à l’exception de Marine Le Pen, qui prêche dans le tohu – bohu médiatique des chiffres typiquement énarquien, derrière lesquels se cache la souffrance réelle, mais occultée, des peuples. Quand on dénonce la folie des grandeurs des dirigeants ( l’euro est surévalué d’au moins 30%), qui ont vu grand en faisant payer aux petits le prix du pain, du café, du loyer, de la nourriture, de l’assistanat, à un prix jamais atteint dans l’histoire économique, on est traité de ringard bon pour la caverne par une Pecresse pincée comme une pince à billets, ou bien on est accusé de se réfugier dans la maison par un Vals qui barytonne son argument tellement préparé qu’il sent l’huile de coude des camarades communicants. D’abord, la maison, c’est une bonne chose. Ensuite, rompre ce n’est pas fuir, c’est éviter la décimation, qui frappe les soldats, ici, les contribuables, mais qui épargne toujours les généraux à l’abri dans leur palais de palabres. Essayer prudemment, dans une démarche calculée, étudiée, chiffrée, concertée de sortir du guet-apens monétaire, ce n’est pas du repliement, du nostalgisme, c’est du modernisme pragmatique. Ce type d’argument ressassé par l’UMP et Le PS, toujours en harmonie pour ringardiser l’autre, est aussi absurde que de dire à un médecin qui arrête l’hémorragie «vous retournez à la médecine de l’apothicaire»! Ces gens-là, ces mous, ont peur du combat. Ils subissent. Ils ne croient plus en la France qui se relève. C’est le pire! La preuve, c’est que l’idée de revenir au Franc les rend malades, comme si on les privait d’une béquille ruineuse. Et l’on entend toujours la même rengaine, «on ne peut pas sortir de l’euro, la France subirait une attaque financière, ce serait le repliement, on ne pourrait pas financer.» On a quand même vécu avec le franc; les anglais n’ont pas l’euro et ils vivent; quand on voit ce que coute la monnaie unique en son genre, on peut se dire que s’en débarrasser couterait moins cher que de l’avoir sur le dos, et nous rendrait notre liberté de manœuvre, peut être aussi notre liberté tout simplement de vivre comme on veut, sans le carcan des directives technocratiques, sans la Chine au bon cœur, sans l’Allemagne exemplaire, sans la Grèce exsangue, sans les concurrences déloyales, sans les délocalisations, sans les portes ouvertes au grand vent de la mondialisation.