La directive de 96/71 : mission « enfumage » à Bruxelles !
On nous prend vraiment pour des quiches…
La fameuse directive 96/71 CE refait parler d’elle. A l’origine, il s’agissait d’autoriser des entreprises étrangères mais européennes à détacher des salariés pour fournir une prestation de services. Par exemple, une entreprise bulgare qui remporterait un marché français à l’issue d’un appel d’offres pourrait détacher des salariés polonais pour travailler sur un site français. C’est ainsi que l’opinion publique française a découvert que des travailleurs lettons et roumains avaient été embauchés pour construire des bateaux en Normandie pour le compte d’une entreprise française.
Certes, leur salaire versé correspond au SMIC en France, mais les charges sociales afférentes à ces salaires seront payées dans les pays d’origine de ces travailleurs détachés.
Il s’en suit une véritable « distorsion » qui fait que les entreprises utilisent cette directive pour faire baisser le coût de leur main d’œuvre. On estime qu’il y a entre 200 000 et 300 000 de ces travailleurs utilisés sur notre sol national par des entreprises françaises.
Découvrant fin novembre que la grogne allait monter en puissance, le gouvernement français a donc demandé d’urgence que se tiennent à Bruxelles une réunion du Conseil des ministres du Travail.
Les français s’y sont rendus bien décidés à « renverser la table » mais, dans la réalité qu’ont-ils obtenu ?
La réponse est « rien » ou si peu que cela sent l’aumône faite au gouvernement français en difficulté face à son opinion.
Bien sûr, une fois retravaillé par les équipes de communication, c’est une victoire éclatante, obtenue quasi en rase-campagne, de la délégation française. En fait, la seule chose obtenue, au bout d’une nuit de négociation, est que le règlement va s’appliquer et que s’il y a des gens qui commettent des infractions, ils seront poursuivis.
S’ils nous l’avaient demandé, on leur aurait dit la même chose tout de suite, pas besoin d’aller passer une nuit à Bruxelles pour cela.
Mais sur le fond de la question : rien du tout, que dalle, pas la moindre avancée pour protéger nos propres emplois. Nous sommes, comme aurait dit de Gaulle : « Couillonnés une fois de plus ! »
Alors, on peut bien nous expliquer que cela s’est toujours fait, que c’est admis dans les mœurs et qu’il y a des tas de français eux-mêmes détachés dans d’autres pays, tout cela est bien joli mais ne nous donne pas de travail. Il faut au minimum exiger et obtenir que les charges sociales soient collectées dans les pays ou s’exerce l’activité et le plus simple pour cela serait de supprimer cette directive.
Gilbert Collard et Jean Goychman