LA " SUINTE" INQUISITION
D’un certain point de vue, j’adhère à l’opinion exprimée par Paul Léautaud, qui considérait qu’on pouvait dire tout le mal qu’on voulait de lui, dans la mesure où c’était un gagne-pain, et qu’en tant qu’homme public il était à l’étalage et qu’on pouvait se servir gratuitement! Mais, faut-il, pour autant, laisser dire n’importe quoi? Je ne le crois pas. Aussi, chaque fois, je répondrai. Un article du Point, signé par Émilie Lanez, me consacre quelques lignes, d’une partisannerie assez drôle. D’abord, la journaliste ne m’a pas contacté pour connaître mon point de vue, ce qui est une manière bien unilatérale d’avoir raison sans être dérangé par l’opinion du principal intéressé. C’est, sans doute, la nouvelle objectivité d’un certain strabisme journalistique qui ne voit que d’un côté, le sien! Dans son petit article de poche, Émilie, avec son gros nez de journaliste renifleur, hume avec délectation les odeurs nauséabondes de mon appartenance, paraît-il, au Front nouveau de Marine Le Pen… J’ai accepté une invitation… criminelle. Où suis-je allé? Dans un banquet de la maffia, à un dîner avec Bousquet, à une soirée sous la tente de Kadhafi, en vacances en Égypte, en Tunisie, du temps des tyrans? J’ai accepté d’aller parler du procès de Socrate devant des cadres du front national! «On ignorait, écrit la douanière des déplacements intérieurs, que le parti accueillait des auditeurs libres…» Oui, libre, est le mot! A-t-on encore le droit dans cette république des bons sentiments d’être libre d’aller où l’on veut sans demander un visa au consulat des censeurs consciencieux? Que signifie ce terrorisme politico-intellectueldont l’aveu s’exprime dans cette petite phrase où les mots employés valent leur pesant de prétention morale: «Il ne craint pas d’affirmer», dit-elle, qu’à « partir du moment où elle condamne [Marine Le Pen] l’antisémitisme, son parti est le même que les autres». Certes, je l’ai dit, et je le maintiens. Mais je ne l’ai pas dit comme cela. J’ai dit: «À partir du moment où elle ( Marine) condamne le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, son parti est comme les autres partis». Au demeurant, 60% des Français pensent comme moi! Alors, mademoiselle de « bienfilatre», qu’ai-je à craindre? De prendre acte d’une affirmation dont vous devriez vous réjouir, si ce n’était que, peut –être, elle dérange vos rhumatismes intellectuels, votre conformisme logique, votre assise de chaisière de la paroisse des poncifs! Ne pas craindre? De qui, de quoi, dois- je avoir peur? Sans doute des titulaires autoproclamés du brevet d’examinateurs en morale politique… La machine à discréditer est en marche. Évidemment, comme il faut être ridicule, elle me reproche d’avoir «frôlé le ridicule «en brandissant sur TF1 une enveloppe censée contenir les noms des profanateurs du cimetière juif de Carpentras: «des fils de la bourgeoisie locale, insinuait-il alors. On sut, plus tard, que les coupables étaient des skinheads néonazis.» Ridicule? Je le suis si souvent! Mais là, l’ineptie n’est pas de mon côté. En effet, je n’ai jamais brandi cette enveloppe vieille de 21 ans sur le plateau de TF1, jamais! Elle a été exhibée par monsieur Germond, le cousin de la victime profanée, lors d’une conférence de presse à Carpentras. Ce qu’on ne lui a, au demeurant, jamais reproché! J’étais à côté de mon client et j’ai, à un moment, tenu avec lui, l’enveloppe inoubliable. Il y a plus de vingt ans et un an … On ne peut désempailler les vieux ou vieilles de l’info réchauffée qui confondent, en remarquables professionnels, les guignols de l’info avec la réalité. J’assumecette solidarité postale avec mon client! Comme, aussi, il faut être un peu méchant pour exister, vu qu’il n’est pas de chien de papier qui ne morde un peu, sœur Theresa de l’oubli d’elle-même, me reproche:«La cause que me Collard défend le mieux est la sienne et, le front national manque de figures de proue.» Voilà, l’analyse narcissique dit tout sur tout,et surtout sur celui ou celle qui l’a fait. Mesurer l’engagement supposé des autres à la circonférence de son nombril est un cercle vicieux dans lequel l’analystefait l’aveu de sa référence omphaloscopique.
Pourquoi tant de haine? Me voilà, malgré moi, frère d’opprobre quoique je dise, quoi que je fasse, ainsi en a décidé une certaine sainte inquisition journalistique. Combien de temps la chiourme, infligée par les donneurs de leçon, va-t-elle durer? Les mêmes qui trouvent l’électorat du front national très fréquentable quand il passe par la lessiveuse de l’UMP! À croire qu’il existe une volonté de protéger un système politique exclusif et répétitif et, peut-être, de se tricoter en permanence une posture morale peu coûteuse sur le dos de la vérité et de la réalité quotidienne. On sait, depuis les travaux d’Alfredo Pareto, ce que le «vertuisme» cache d’hypocrisie… Tartufe, ta gueule!
Que dire?
Comme je suis forcément un sale con de réactionnaire à turbine, tournant dans ses Charentaises, le béret basque enfoncé, la flûte de pain sous le bras, ressassant l’aigreur des vieilles idées démodées et détestables, je n’aurai qu’un mot que je «cherche comme on cherche une épée, sous l’accablement du nombre, de la force et de la matière», « une parole de dédain titanique.» Vous l’avez compris, ce texte grandiose de Victor Hugo fait référence au mot que Cambronne jeta de fort saint Jean…