Le règne du mensonge
A peine rangées les urnes des élections municipales, le « bourrage de crâne », outil essentiel de la politique néo-libérale prônée depuis des décennies par nos dirigeants (préalablement adoubés par le cartel financier international), se remet en route.
Notre nouveau gouvernement, à peine formé, va se mettre au travail.
Il va aller à Bruxelles pour expliquer (on ne sait pas très bien à qui, mais nous sommes capables de le deviner) que notre pays a fourni beaucoup d’efforts « dans la voie du redressement » et que, comme tout bon élève, il a bien mérité une petite gratification. Cette récompense pourrait prendre la forme d’un nouveau délai, qui nous serait accordé pour poursuivre dans la bonne voie et obtenir les bons résultats tant espérés. Cela me fait penser aux « bourgeois de Calais » venant remettre en chemise et pieds nus, en signe de soumission, la clé de leur ville.
Franchement, j’aimerais bien voir la Commission Européenne lui répondre un « non » retentissant. Cela ne se fera pas, hélas, car si on regarde les choses d’un plus près, il devient évident que toute cette mascarade n’a qu’un seul but : faire croire au bon peuple que nous devons « marcher droit » car sinon, la Commission nous fera « pan-pan cul-cul». Mais heureusement, notre gouvernement va remporter une victoire d’autant plus décisive qu’elle est d’ores et déjà acquise !
Et pour cause ! Comment les commissaires européens pourraient-ils, à moins de six semaines d’un scrutin ou leur avenir même risque d’être remis en question, fournir à leurs adversaires un tel cadeau ? D’autant plus qu’ils ne disposent d’aucune arme efficace pour nous contraindre à faire maintenant ce que nous repoussons depuis plus de trente ans. Est-il de leur intérêt d’accentuer, par des troubles sociaux déjà en gestation, un sentiment anti-européen dont la progression dans les esprits se fait à vitesse exponentielle ?
Ainsi donc, nous aurons notre représentation habituelle du théâtre bruxellois, échanges de noms d’oiseaux et claquements de portes compris, qui se terminera par la grande scène du « sauvetage de l’Europe » ou chacun des participants s’auto-congratulera, au moyen d’un témoignage d’estime et d’admiration mutuelle.
L’honneur sera sauf, les commissaires auront fait mine de résister et notre nouveau gouvernement aura démontré sa capacité manœuvrière. On ira peut-être pas jusqu’au défilé victorieux sous l’arc de triomphe, mais le cœur y sera. La plus grosse difficulté pour livrer cette fausse bataille est de choisir le bon moment pour jouer la pièce.
Tout ceci pourrait prêter à rire, ou du moins à sourire, si cette pantalonnade s’arrêtait là. Mais il y a plus grave. Toutes ces gesticulations ne font faites que pour nous empêcher de discerner le véritable objectif. Quels sont les grands gagnants de cette politique suivie par les gouvernements européens depuis près de quarante ans ?
Il suffit de regarder l’évolution des dettes publiques sur la même période. Un tel prodige ne tient pas du mystère. La courbe d’augmentation de ces dettes, restées durant des années à des niveaux très faibles, démarre pratiquement en 1973 et on ne constate aucune diminution du taux d’endettement. Plus grave encore, on constate que cette dette se nourrit du versement des intérêts qu’elle génère. Incontestablement, ce qu’on appelle « les marchés financiers » sont les bénéficiaires de cette manne céleste. Et ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que ces mêmes « marchés » n’hésitent pas à implorer l’aide des Etats qu’ils sont en train de ruiner lorsqu’ils sont victimes de leur propre cupidité. Cette aide se traduit par un endettement supplémentaire (voir la progression de notre endettement entre 2008 et 2011) dont ils sont les premiers à profiter.
Pourtant, on pourrait croire que les programmes successifs de « diminution des dépenses publiques » engagés depuis des lustres par tous nos gouvernements auraient dû rencontrer quelques succès. Eh bien non. Plus on semble « serrer les boulons » et plus l’endettement augmente. Bizarre, non ? Alors, peut-être qu’on ne serre pas « les bons boulons » ? Peut-être aussi que toutes ces velléités ne sont que « poudre aux yeux » destinée à faire croire qu’on agit tout en faisant semblant. On nous parle de « réduire le train de vie de l’Etat » Très bien. Quand vont-ils rouler en Zoé ? De diminuer le nombre de fonctionnaires ; encore mieux ! A propos, qu’est-ce qu’on fait de ceux qui sont virés ?
Mais cela fait des années qu’on pratique ce genre de choses. Toutes les administrations sont déjà en sous-effectif. Notre système de santé n’est-il pas contraint d’importer chaque année médecins et infirmières d’autres pays ?
Une chose est certaine, c’est que certains pays, et non des moindres, ne semblent absolument pas se soucier du niveau de leur dette publique. Pourquoi ? La question, souvent posée, ne reçoit pas une réponse claire. Les Etats-Unis peuvent faire marcher indéfiniment la planche à billets de la Réserve Fédérale, les Britanniques celle de la Banque d’Angleterre et leurs dettes publiques, pourtant astronomiques, ne semblent guère les émouvoir. On nous répond que leur cas, comme celui de beaucoup d’autres pays, est fondamentalement différent du nôtre. Nous, on veut bien, mais qu’on nous l’explique…
D’accord, nous sommes des « bornasses de classe supérieure » mais quand même… Le problème est d’importance et mérite autre chose que le dédain manifesté par nos élites condescendantes.
En quoi est-il inconcevable de revenir à un système tout bête ou la banque centrale d’un pays finance les dépenses publiques dudit pays en achetant la dette émise par son propre trésor public sans percevoir le moindre intérêt ? Pourquoi, après l’avoir exercé pendant des décennies, voire des siècles, nous sommes nous laissé déposséder du droit de battre monnaie, pourtant considéré comme un attribut essentiel de la souveraineté ? Comment les marchés financiers ont-ils pu réussir à nous priver de ce droit à leur profit ?
Quels moyens perfides ont-ils utilisés pour arriver à leurs fins ? De Gaulle, personnage pragmatique et de bon sens, l’eut-il accepté ? On peut en douter.
Bien sûr, certains s’empresseront de rappeler le référendum portant sur le traité de Maastricht et l’acceptation du peuple français en 1992. Certes, mais, au-delà des traités, quels qu’ils soient, il y a les aspirations des peuples. Un traité ne saurait condamner un peuple à la perpétuité, de même qu’un accord, aussi bon soit-il, ne peut perdurer qu’à la condition que les signataires aient envie de le faire vivre. D’autant plus que le résultat du référendum de 2005 était sans équivoque sur le refus des français d’ aller vers une plus grande intégration. On peut donc se poser légitimement la question de savoir si toute cette construction européenne basée uniquement sur le libre-échange n’a pas servi de paravent à une démarche dont la finalité aurait été de se servir de l’inexorable augmentation des dépenses publiques (dont la plupart sont des dépenses sociales) pour les convertir en dettes publiques génératrices d’intérêts quasi-illimités ?
Notre système social se trouve donc pris sous les feux croisés d’une dette publique en expansion permanente et d’une concurrence industrielle et commerciale qui nous oblige à baisser nos prix de vente. Cela implique nécessairement de baisser nos prix de production, dont les salaires constituent une composante importante.
Or, notre protection sociale est elle-même financée par les charges sur les salaires. Les coûts sociaux ne peuvent aller qu’en augmentant car l’espérance de vie-et on peut s’en réjouir- augmente. Les conséquences sont dans la durée des retraites qui s’allongent et les coûts de santé qui augmentent. Alors on nous dit qu’il faut augmenter la durée du temps de travail. Très bien, mais pour faire quoi ? Il faudrait pour cela avoir de la charge de travail. Or, nous n’en avons plus assez car nous nous heurtons à une concurrence de main d’œuvre dont les coûts sont très inférieurs aux nôtres, y compris sur notre sol national. Comment pouvons-nous croire à tous ces mensonges ? Il serait beaucoup plus simple de nous dire la vérité, que notre dette publique va continuer à augmenter et que la seule façon d’en sortir (momentanément) va être de faire appel au patrimoine des français.
On dit des dictateurs qu’ils disent tout ce qu’ils vont faire et faire tout ce qu’ils ont dit. Les mensonges qui sont devenus un élément courant de l’expression politique permettent à nos dirigeants de faire ce qu’ils ne nous disent pas en ne faisant pas ce qu’ils nous ont dit.
Dans un cas comme dans l’autre, c’est la démocratie qui est bafouée.
Gilbert Collard et Jean-Goychman
Vous pourriez compléter par ce qui m’apparaît comme le plus gros scandale, les primes de risques perçues. Quand un état émets des bons ou certificats ou plus largement quand un état emprunte auprès d’investisseurs privés, ceux-ci encaissent des intérêts proportionnels aux risques, bref dans le cas de la Grèce par exemple des intérêts qui ont parfois dépassés les 10% au lieu de 1,75 / 2,25 %
Ces primes de risque sont bel et bien la contrepartie d’un risque.
Or quand la Grèce a été en difficulté, la BCE, et les états sont venus au secours et ont rachetés ces papiers à risque. Bref, quand il y a gains, les investisseurs empochent et quand le risque se déclare, ils n’assument pas le risque pour lequel ils ont été grassement payé, ils le transfert sur les états bref, NOUS.
C’EST UNE ARNAQUE A GRANDE ECHELLE
Il y a bel et bien privatisation des gains et mutualisation des pertes.