L’Europe : c’est quand qu’on va où ?
Les français ont voté. Au-delà des propos de circonstances tenus par les représentants d’un système politique obsolescent, nous avons assisté à une « redistribution des cartes ».
Il est une coutume propre aux gens qui se réclament du « politiquement correct » (en gros le fameux système qui ne veut pas se reconnaître comme tel) qui est de transformer ses propres déroutes non pas en victoires, ce qui ferait rire toute le monde, en les « pyrrussisant » (pardonnez-moi ce barbarisme dérivant du nom de Pyrrhus 1er, neveu d’Alexandre le grand ). De cette façon, ils minimisent sans toutefois la contester, la portée de la victoire de leurs adversaires. Ils disent :
« Vous avez gagné mais c’est nous qui sommes les plus forts. Votre victoire ne vous mènera nulle part car vous pensez bien que nous avons tout verrouillé… » En gros, nous, les souverainistes et autres patriotes, unis dans l’amour de notre pays, nous ne sommes que de vains agitateurs.
Tous les résultats sont ainsi tournés en dérision. Le score impressionnant de 25% des suffrages qui se sont portés sur les candidats du FN-RBM se transforme ainsi en un français sur dix. Remarquez-bien, on pourrait dire un européen sur cent vingt, et un habitant de la planète sur mille sept cent, en attendant mieux…Ces arguments, proprement suicidaires, n’arrivent pas à dissimuler le désarroi absolu de ceux qui les utilisent. Ce déni d’une réalité pourtant éclatante ne peut plus convaincre personne. Bien sûr, il eut été illusoire de s’attendre à un acte de contrition de ces gens qui ont imposé, à marche forcée, un projet européen qu’eux-mêmes ne semblent pas (ou ne veulent pas) comprendre. Cependant, on pouvait espérer une sorte de prise en compte « a minima » de la succession d’erreurs, d’égarements et de mensonges qui ont marqués depuis plus de soixante ans ce qu’il est convenu d’appeler « la construction européenne ».
Que nenni ! Si vous n’avez pas encore compris, c’est que vous êtes trop bêtes ! Nous, nous ne changerons rien. C’est à vous de devenir intelligents et de comprendre que le seul avenir de notre pays se situe dans l’Union Européenne et qu’on ne peut pas quitter l’euro parce que ce n’est pas prévu. On croit rêver. Comment ces gens dont on peut penser, au regard de leurs cursus scolaires, qu’ils ont une certaine intelligence, peuvent débiter de telles idioties ? Qui peut prédire aujourd’hui l’avenir de qui ou de quoi que ce soit ?
Notre démocratie a pour socle la souveraineté populaire. Du moins, personne n’a encore osé s’attaquer à ce qui constitue ce préambule toujours réaffirmé de notre loi fondamentale. Seulement attention, il y a peuple et peuple. Il y a le « bon peuple », celui qui ne dit jamais rien, et qu’on peut consulter si on est sûr de sa réponse, et il y a l’autre. Et l’autre, c’est « la populace » les bons à rien qui ne comprendrons jamais rien à rien, et auquel il faut imposer les choix que son immense bêtise collective lui interdit de faire. Mieux encore, il faut empêcher toute possibilité de retour. Il faut donc nous protéger de nous-mêmes !
Alexandre de Marenches avait commenté la disparition de l’empire soviétique en faisant un parallèle entre communisme et religion. Il pensait que l’erreur du communisme était, contrairement aux religions, d’avoir promis le bonheur sur terre. Et disait-il, « cela ne pardonne pas. La première génération y croit, leurs enfants un peu moins, et leurs petits-enfants plus du tout ». En gros, il faut trois générations pour se détourner de ce genre de projet dont on ne perçoit pas les contours exacts. La mise en place du projet européen remonte à l’immédiat après-guerre. Cela fait presque soixante-dix ans. L’union soviétique a tenu soixante-quatorze ans de 1917 à 1991. Que nous a concrètement apporté l’Union Européenne depuis le début ?
Question pour le moins embarrassante lorsqu’elle est posée aux inconditionnels de l’Europe, qui nous considèrent comme des hérétiques. Analysons leurs réponses dans l’ordre où elles nous parviennent :
Tout d’abord la paix. C’est incontestable, nous ne nous sommes pas combattus entre nous. Mais est-ce dû à l’Europe. De toute évidence, non, car sortant d’un conflit qui a causé la mort de dizaines de millions d’êtres humains, personne n’a envie d’y retourner. Puisse cet état d’esprit perdurer. Le fait d’être dans un regroupement d’états n’assure pas en lui-même la paix. La guerre de sécession américaine peut nous le rappeler. Le plus grand facteur de paix a toujours été le rapport des forces entre états ou entre nations. « Si vis pacem, para bellum …»
Il y a aussi un autre moyen de ne pas rentrer en guerre, c’est lorsqu’on ne peut pas la financer.
Ce type de raisonnement ne vaut que s’il est global…
Après, on nous parle des grands programmes européens, Airbus en tête. Encore une affirmation contestable. Airbus est l’exemple même d’une coopération entre états-nation. Le point de départ a été en 1960le Transall, avion de transport militaire franco-allemand. L’Airbus est issu du programme « Galion » développé par Dassault et Sud Aviation dès 1965. A l’époque, ce programme était franco-français. Pratiquement abandonné par les politiques français, plus intéressés par le Concorde, ce projet a été porté à bout de bras par Felix Kracht, ingénieur allemand du Transall, qui a su convaincre son gouvernement de l’intérêt du programme Airbus. Les français ont accepté, un peu à contrecœur, de poursuivre ce programme en 1970, et son développement ne fut acquis qu’en 1979, après la commande d’Eastern d’une trentaine de machines. Alors, Airbus, fruit de l’Europe unie, bof…
Je remarque également que l’Europe continentale n’a pas su profiter du succès d’Airbus pour développer le moindre moteur d’avion, laissant le champ libre aux Anglais et aux Américains.
On évoque souvent le cas du moteur CFM 56, qui est construit à plus de 1500 exemplaires par an, mais le « cœur » du moteur (les spécialistes appellent cela les parties chaudes) est fabriqué uniquement par General Electrics et Safran (ex SNECMA) ne fait que le « flux froid »
Ensuite, on nous vante les bienfaits de la monnaie unique, et notamment le fait que nous n’ayons plus à faire la queue devant les guichets de change. De qui se moque-t-on ? J’ai parcouru le monde depuis plus de 40 ans avec dans ma poche une carte en plastique qui m’a permis de payer tous mes frais dans la monnaie du pays et de me procurer de l’argent local.
L’euro n’a rien apporté de ce point de vue. Je continue a payer avec ma carte de crédit les restaurants et les hotels de Bruxelles, Singapour ou Barcelone. On ne calcule plus les taux de change en Europe, mais c’est assez dérisoire comme argument.
Voilà, on a fait à peu près le tour des points positifs qui ne le sont pas vraiment. En négatif, l’addition est un peu plus salée. Il y a une dette exponentielle, dont on nous dit qu’elle est de notre faute, nous autres français, car nous dépensons trop. Nous vivons trop bien, nos trois (ou cinq, on ne sait plus) millions de chômeurs vivent trop bien, nos retraités vivent trop bien, nos malades sont trop bien soignés, notre SMIC est trop élevé et tout ça doit cesser. Bref, nous sommes les seuls coupables. On n’est pas sur terre pour rigoler…
Cela dit, les Grecs, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais, les Italiens, sont logés à même enseigne. Nous sommes tous des joyeux lurons qui ne pensent qu’à leur bien-être. Il nous faut donc une cure d’austérité, histoire de nous faire comprendre ce qu’est la vraie vie. Et comme nous ne sommes pas raisonnables et qu’on ne peut pas nous faire confiance, on va nous surveiller de près.
Quelle est la finalité de tout ça ? Ou nous mène ce projet que personne ne semble capable d’appréhender dans toute sa dimension ? On nous dit : « il faut une Europe sociale ! » Tout à fait entre nous, si elle ne l’est toujours pas depuis presque soixante-dix ans, c’est pour quand ?
D’autres encore nous disent : « il faut plus d’Europe ! » Très bien, mais pour quoi faire ? Pour agrandir encore ce périmètre incertain qui pourrait ainsi englober la planète ? Pour déposséder encore davantage les nations des quelques bribes de souveraineté qu’on a bien voulu leur laisser, juste pour servir d’alibi et montrer qu’on n’allait pas vers le fédéralisme ?
En l’absence de réponses à de telles questions pourtant évidentes, faut-il vraiment s’étonner de voir grandir le nombre de ceux qu’on appelle « eurosceptiques » ?
Ou bien alors toute cette Europe n’est-elle qu’une illusion d’optique, un montage destiné à faire croire que le sort des peuples est réellement pris en compte alors qu’il ne s’agit en fait que du marchepied d’un projet mondialiste visant à faire de la planète entière une zone globale de libre-échange dirigée par une oligarchie financière ayant le pouvoir d’exercer sans partage le contrôle d’une monnaie mondiale unique ?
Jean Goychman
Bonjour,
Un plaisir de vous lire.
Françoise
On se connaît un peu je suis une ancienne d air inter et je faisais vos congés …
Bonne continuation