Ramdam pour Ramadan
Je n’ai aucune sympathie pour l’apôtre du « moratoire » sur la lapidation des femmes, on s’en doute, mais fallait-il décréter une quarantaine des signatures contre le débat sur l’identité, parce que le petit fils des frères musulmans l’avait signé ? Que je sache, le Nouvel Observateur, instituteur moral du Quartier Latin, avait accepté son paraphe sans y voir l’intrusion d’une contagion morale; pourquoi ? Parce qu’il le considère, de fait, comme fréquentable dans une pétition démocratique. Or, il n’est pas fréquentable, puisque Martine et Laurent à la vitesse où l’on se signe on désigner. C’est la grande désertion des signatures ! La trouille française du qu’en-dira-t-on, la peur panique d’être un pétitionnaire pendu aux crochets de la bien-pensance. Le piège se referme sur ceux-là mêmes qui l’ont fabriqué pour instaurer une espèce de terreur éthique qui empêche toute expression, toute discussion, toute opposition, jugulée par la junte des censeurs qui se retrouvent dans ce front républicain sur lequel poussent les cornes des cocus du système. Seront-ils éternellement cocus et contents ? Pas sûr ! En France, aujourd’hui, il faut complaire au système ou se taire. Sinon on la vérole des idées, la pellagre de la parole, le cancer du contact; on est pestiférés. Quel drôle de pays où l’on se délivre à soi-même des brevets de béatification idéologique en gommant sa signature ; où l’on ostracise l’autre parce qu’il pourrait dire ce que l’on ne veut pas entendre. Deux mondes s’affrontent en France, le monde du silence qui n’en peut plus du bâillon et le monde des prêches politiques qui tuent le débat public. Plus que jamais le fameux, « silence on tourne », n’a été de rigueur, sauf que le spectacle commence à emmerder sérieusement le veau votant qui, comme le cave, se rebiffe en n’allant plus voter !