ZEMMOUR, PETAIN, ET L’ANTISÉMITISME.

Je réponds à tous ceux qui, nombreux, m’ont demandé mon opinion sur l’analyse d’Éric Zemmour concernant le maréchal Pétain qui aurait sauvé des juifs en France en sacrifiant « les juifs étrangers ». Je n’ai aucune envie de me dérober, bien au contraire, sur un sujet qui divise encore les Français. Ce pamphlet est un coup de tonnerre qui a fait choir de leur édredon tous les biens-ronflants de la bien-pensance. Oui, Zemmour a raison sur tous les points, n’en déplaise aux intellos qui bricolent le mécano médiatique, sauf sur deux : le titre du livre et la question juive.

Le titre? La France ne se suicide pas, on l’assassine, c’est différent ! Zemmour est sorti de la tranchée, et il a balancé à la face perdue de tous les planqués de la vérité, un brûlot qui aurait brûlé les cervelles, s’il y en avait encore. Non, il n’y a pas suicide, la France n’est pas une baleine qui s’échoue sur le rivage. On la tue depuis des années à petit feu, à coup de mesures, de lois, de pratiques, d’événements, de soumission, de communautarisme, de multiculturalisme, d’européisme dogmatique, commis en connaissance de cause par des technocrates mondains ivres d’idéologie soixante-huitarde, toujours à la recherche, comme les vieilles putes, d’une vertu vérolée.

Sur Vichy et son Maréchal qui donna son prénom au fils du général, je ne suis pas d’accord, non pas au nom d’un gaullisme religieux, comme certains, mais au nom de la réalité historique. La thèse de Zemmour n’est pas nouvelle ; elle a sa part de vérité, mais, comme le dit l’historien André Kaspi, elle est incomplète, donc fausse ! Les lois anti juives ont été adoptées en 1940 et 1941 par le gouvernement de Vichy et ont réduit les juifs tricolores au rang de citoyens de seconde zone. Le document original de l’État français établissant un statut des juifs d’octobre 40, a été annoté de la main du maréchal, celle-là même de Montoire, celle-là même qui attribua la francisque à François Mitterrand, celle-là même qui nomma Bousquet et Papon, pour en durcir le caractère antisémite… Dès lors, comment oser dire que Pétain a sauvé des juifs !
Reste une question, pourquoi la gauche utilise-t-elle toujours ce débat vieux de soixante-dix ans pour se donner bonne, prude conscience ? Parce qu’elle est rongée par la mauvaise conscience historique et un sentiment de culpabilité. Et, oui ! Qui a donné le pouvoir, donc le moyen des lois antisémites, au Maréchal ? L’Assemblée du Front populaire : « Elle a bien tordu le cou à la constitution de 1875 et au parlementarisme. » (Pétain, Marc Ferro page132.)

Lors du vote sur le projet de révision, trois voix contre à l’assemblée, une voix contre au sénat… Pendant les débats, Léon Blum, qui vota contre, ne prend pas la parole… Voilà comment la colique parlementaire donna mission au vainqueur de Verdun de faire une constitution qui devait garantir : «le travail, la famille et la patrie. », par 569 voix contre 80 et 17 abstentions ! Et encore, parmi les quatre-vingt, beaucoup d’hommes de droite et d’extrême droite ! Deux ministres, issus du Front populaire, Albert Rivière et André Février, vont siéger avec l’accord de Léon Blum dans le gouvernement Pétain, avant la débâcle, l’un comme ministres des colonies, l’autre comme ministre de la Santé publique.
Voilà pourquoi ce passé ne passe pas !

Aujourd’hui, les « fasciseurs » d’autrui s’en donnent à cœur joie dans la chirurgie esthétique de l’histoire. Que je sache? l’acte d’accusation concernant Pétain ne dit mot sur l’antisémitisme d’Etat, même s’il y est fait allusion dans le débat. Cet acte d’accusation est le fruit des interrogatoires du juge Bouchardon qui avait prêté serment de fidélité à Pétain en 1941 et déclaré à « Je suis partout » en 1942 sa haine des juifs… Il vise « l’attentat contre la sûreté intérieure de l’État et l’intelligence avec l’ennemi. » Aucune mention n’y est faite des persécutions ignobles que durent subir les juifs !
Voilà pourquoi ce passé ne passe pas.

Comment pourrait-il passer, puisqu’il est encore présent dans de nombreux textes de Vichy toujours en vigueur : la retraite par répartition, œuvre de René Bellin, ancien dirigeant de la CGT, secrétaire d’État au travail, l’Ordre des médecins, l’Inspection du travail, le salaire minimum, les comités d’entreprise, le fond national du chômage, les tickets restaurants, la carte d’identité, l’heure d’été, la non-assistance à personne en danger, le sport au bac, la police nationale, les appellations d’origine contrôlées, le menu au restaurant proposant le plat du jour à prix fixe, la visite médicale à l’école… J’en passe et des meilleurs
Voilà pourquoi ce passé ne passe pas. La maison de la mauvaise conscience est hantée.

Gilbert Collard

Député du Gard

Secrétaire Général du Rassemblement Bleu Marine