Jean Goychman – Le Salut…

C’est ce titre que le général de Gaulle avait choisi pour le troisième tome de ses « Mémoires de guerre » Au-delà de la lecture de cet ouvrage, par ailleurs remarquable tant par le style de l’écriture que sur la richesse des évènements décrits, c’est toute l’histoire de la France qui nous est rappelée. Comment ne pas faire un parallèle avec notre actualité ? Même si d’aucuns voient dans de Gaulle un chef providentiel, ce qu’il fût incontestablement, tout ce qui a été accompli a été l’œuvre du peuple français. Ce qui frappe, dans notre histoire, c’est l’absence constante de volonté des « corps intermédiaires » de sauver ce pays lorsqu’il est en danger.
Car le même scénario s’est déroulé plusieurs fois au cours des siècles, et il est en train de se reproduire sous nos yeux. Il y a toujours eu un fossé qui a séparé notre peuple de ses « élites » et l’avènement de la République n’y a rien changé. Ce clivage entre la « France d’en haut » et celle d’en bas nous a maintes fois entraîné vers l’abîme. Et chaque fois, pour obtenir le salut, il a fallu que cette France d’en bas, rompant avec un ordre établi, suive celui ou celle à qui elle faisait confiance. Aujourd’hui, vouloir susciter cet élan populaire est désigné sous le nom de « populisme » ce qui en dit long sur la mentalité de ceux qui prétendent nous diriger.
Conscient des causes du désastre de 1940, de Gaulle à consacré, après la Libération, l’ensemble de son action politique à faire en sorte qu’il ne se reproduise pas. La nouvelle caste dirigeante, pourtant issu du suffrage populaire, avait institué un système de partis politiques qui, se neutralisant les uns les autres, s’était caractérisé par une impuissance congénitale à résoudre les difficultés qui se présentaient. L’essentiel était de toujours avoir une bonne raison pour ne rien faire. L’élection du Président au suffrage universel mettait une sorte de point d’orgue à la constitution de 1958. L’effet le plus manifeste était de supprimer les intermédiaires entre le candidat futur élu et le peuple qui allait l’élire.
Nos « petits marquis » bien à l’abri dans leurs fromages, maîtres d’un système qui ne pouvait que les maintenir au pouvoir par des investitures qu’il ne tenait qu’à eux de s’octroyer, ne pouvaient accepter cette situation qui donnait à la « populace » qu’ils exécraient une souveraineté insupportable. Tout en se réclamant de de Gaulle, longtemps après sa disparition, ils ont réussi à nous en déposséder en revenant au mode de fonctionnement dont notre pays a tant souffert. Alors que la planète évoluait vers un destin incertain, généralisant sous l’appellation flatteuse du « libre-échange » une organisation mondialisée dans laquelle les travailleurs des pays les plus pauvres, nouveaux esclaves des temps modernes, allaient fabriquer ou réaliser à moindre coût les objets et les services qui seraient fournis aux populations des pays industrialisés, et en particuliers à leurs classes moyennes.
Une analyse rapide montrait alors que lesdites classes moyennes, fruits du capitalisme industriel redistributif par nature, n’allaient pas survivre longtemps. Et c’est ce qui est en train de se passer. Et de cela, les peuples ne veulent plus, et commencent à manifester une opposition grandissante à leurs élites qui bénéficient outrageusement et sans partage des avantages d’un capitalisme devenu uniquement financier, donc spéculatif et concentrateur. En France en particulier, l’ENA, née d’un louable désir d’ouvrir un accès au mérite pour entrer dans la haute fonction publique, est devenue une véritable école du pouvoir. Certes, nombre d’élèves ont réussi un concours difficile dans le noble but de servir la Nation, mais d’autres, mus par des intérêts moins « altruistes » se sont glissés dans les rangs pour y faire carrière, alimentant ainsi une nouvelle caste nobiliaire qui entend aujourd’hui défendre ses privilèges.
Or, il se trouve que , pour défendre ces privilèges, ils doivent rechercher hors de nos frontières les appuis nécessaires. La construction de l’Union Européenne, telle qu’elle s’est faite depuis 1973, qui a vu, avec l’entrée de l’Angleterre dans le « Marché Commun » le triomphe du « libéralisme libre-échangiste » s’est infléchie vers un système supranational et fédéraliste qui allait consacrer la victoire des fonctionnaires sur les peuples. Songeons simplement que, depuis plus de 40 années, seuls 2 référendums ont été soumis à la volonté populaire*.
Le Traité de Rome est rentré en vigueur sans consultation des peuples. Véritable éden pour nos corps constitués, l’Europe leur offrait donc la perspective d’une carrière où les avantages acquis ne puissent jamais être remis en question par le suffrage populaire.
Les sirènes du libéralisme mondialisé et la perspective de carrières s’apparentant à des charges de l’ancien régime ont permis d’emporter le choix qui se posait entre la Nation et l’Europe.
Progressivement, nu nouveau clivage s’est dessiné. Le choix se porte désormais entre le souverainisme populaire, apanage de la démocratie des Etat-Nation et le « totalitarisme » d’un gouvernement européen complété par une banque centrale indépendante et privée.
L’élection du 7 mai revêt une importance fondamentale car elle résultera de ce choix déterminant que fera le peuple français. Derrière ce choix, nous trouvons d’abord les forces obscures de la finance internationale, d’autant plus motivées qu’une défaite à cette date préfigurerait pour elles d’autres désastres prochains qui ruineraient probablement le travail souterrain des 50 dernières années. Face à elles, nous avons un peuple de plus en plus conscient du danger qui le guette et n’entend pas se résigner à le subir. De grandes voix ont d’ores et déjà décidé de lui venir en aide au côté de notre candidate Marine Le Pen.
Et ce ne sont pas n’importe lesquelles. Marie France Garaud, à qui Jacques Chirac doit, avec Pierre Juillet, l’ensemble de sa carrière politique, fut une éminence grise de Georges Pompidou lorsqu’il était encore le Premier Ministre de de Gaulle. Visiblement écartée des plateaux de télévision depuis quelques années, elle a toujours dénoncé le mensonge et l’imposture des élites gouvernantes qui voulaient faire croire à notre peuple qu’il était encore souverain, tout en organisant eux-même le transfert de cette souveraineté vers l’Europe.
Nicolas Dupont Aignan, pressenti pour être le futur Premier Ministre est également une figure du mouvement populaire inspiré par de Gaulle. Il a préféré rester fidèles à ses convictions et s’est longtemps battu, malgré un certain isolement, pour les propager.
Qu’ils en soient remerciés. Ces prises de positions sont courageuses et le peuple français ne peut qu’y être sensible. Quel exemple pour notre jeunesse que de voir ces figures tutélaires nous rejoindre dans le combat que mène notre peuple de France pour retrouver la souveraineté, pourtant garantie par notre Constitution et qui lui a été progressivement dérobée. Sa première victoire a été de réussir à écarter du pouvoir les deux partis siamois qui se le partageaient depuis des décennies, et qui prétendaient le détenir de droit
La seconde sera celle du dimanche 7 mai, lorsqu’il se débarrassera définitivement des dernières scories de ce système mafieux moribond qui croit encore continuer à dicter ses volontés au travers d’un pouvoir médiatique qu’il contrôle grâce à la spéculation monétaire qui lui a permis « un enrichissement sans cause ».
Comme avait dit de Gaulle durant les heures sombres de juin 1940, « la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et elle ne s’éteindra pas ! »
Jean Goychman
* Il s’agit deu référendum de Maastricht en 1992 et celui du Traité Constitutionnel de 2005 dont on connaît le sort funeste.
(1) Cqfd : L’ENA se refuse à donner le choix des postes en fonction du classement, arguant que « le palmarès des ministères évolue d’une année sur l’autre beaucoup plus qu’on ne le pense », (personnellement je n’en pense absolument rien M’sieur le Directeur). Pourtant les premiers rangs sont particulièrement friands de la filière qui leur permettra d’atteindre le nirvana du Pouvoir en devenant « Inspecteur des Finances » avec une facile reconversion dans le civil chez les habituels de Rothschild ou Goldman Sax. Nos premiers de classe y seront là bien à l’abri du populisme et dans le véritable camp adverse du peuple, celui qui n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Celui qui ne présentera jamais sa candidature, qui ne sera donc jamais élu et pourtant il gouverne. Et comme disait l’autre, cet adversaire, c’est le monde de la finance » qui de Pompidou à Monsieur Macron en passant par Hollande, a su discrètement mettre en valeur ses émissaires.
Hollande et Sarkozy placent leurs candidats aux législatives (Touraine, LeFoll, Baroin etc.) pour pouvoir tirer les ficelles en coulisses. D’anciens ministres dont on a pu mesurer l’inefficacité. Elire ces gens-là maintiendra le système ne l’état, et sans doute pire, car dans les coulisses se trament des revanches sournoises. La France n’a pas besoin de ces fantômes et autres revenants, elle a déjà bien du mal à sombrer et les Français n’ont que trop de mal à s’en sortir.