Le premier qui dit la vérité…

Parce qu’il a dit la vérité, le général Bertrand Soubelet, numéro trois de la gendarmerie est sanctionné par une mutation à la direction de la gendarmerie d’outre-mer. Autrefois, on appelait cela un limogeage, même si l’outre-mer ce n’est pas Limoges ; c’est une punition déguisée, une manière de se débarrasser d’un gêneur qui témoigne tout haut de ce que la gendarme…rie pense et rumine tout bas :
« Les auteurs d’atteinte aux biens bénéficient d’un traitement pénal qui leur permet de continuer à exercer leurs atteintes. », « La délinquance et l’insécurité frappent au cœur nos territoires. », « Les gendarmes sont inquiets, car on prend plus soin des auteurs que des victimes. »
La vérité, rien que la vérité, le quotidien des jours et nuits de violence, proférée devant une commission parlementaire, censée s’instruire, où la parole devrait être libre, exempte de censure, de répression politique, puisqu’il s’agit d’informer les représentants de la Nation. Avis, désormais aux amateurs de sincérité, de courage civique, d’honnêteté intellectuelle : qui que l’on soit, gendarme, juge, policier, il faut adopter la voix de ses maîtres, dire comme Valls et Taubira, qui tolèrent la liberté d’expression dans la soumission, sinon punition, expédition. La terreur hiérarchique ! Du balai ou le balai brosse !
Quel député, dans ces conditions, pourra siéger dans une commission sans avoir le sentiment qu’on lui raconte des bobards ? On attend la révolte parlementaire face à ce mépris. Cette mutation, même ensoleillée, est une insulte faite à l’authenticité du travail des commissions, une prime d’avancement à tous les Tartufes. Il faut mettre son képi, fut-il étoilé, sur la vérité et prendre pour des légumes auditifs les députés.
Ce pouvoir est minable, mesquin, punitif, il ne reconnaît que les serviles qui cirent ses pompes politiques. Il ne supporte pas le courage de la vérité. Ce général fait honneur à la gendarmerie. Il méritait mieux qu’un peloton d’exécution à deux fusils, deux petits fusils à tampon administratif, aux armes chargées de mutation, le plombiste Valls et la pétoire Taubira. Que cela est minable !
À quelque chose, malheur est bon, pour l’outre-mer ! La liberté d’expression y gagne un soldat blessé au champ d’honneur, dans l’indifférence des belles consciences républicaines, démocratiques, j’en passe et des plus sonores, syndicales, associatives, médiatiques, professorales ; on les entendra encore et encore se gargariser des grands principes pour mieux les avaler.
Gilbert Collard, Député du Gard
« Germinal » est un peu l’idéal social de nos gens de pouvoirs. Pour eux, une société saine est une démonstration de conflits violents; ça peut paraître anachronique, et ça prouve qu’ils n’y vont pas souvent, dans la rue!